Rwanda : Jean Baptiste Mugimba Déclare être Victime de Torture à la Prison de Nyarugenge

Jean Baptiste Mugimba

Le 17 septembre 2024, la Cour d’appel de Kigali a ordonné au ministère public de mener une enquête sur les allégations de torture formulées par Jean Baptiste Mugimba, un détenu incarcéré à la prison centrale de Nyarugenge, située à Mageragere, en périphérie de Kigali. Mugimba, extradé des Pays-Bas pour répondre aux accusations de génocide portées contre lui par l’État rwandais, a affirmé que les autorités carcérales bafouaient ses droits humains en le soumettant à des traitements inhumains et dégradants.

Mugimba a refusé de comparaître devant la cour ce mardi, justifiant son absence par le fait que les sévices subis en détention l’empêchaient de préparer convenablement sa défense. Selon ses avocats, la prison de Nyarugenge n’a pas respecté les décisions antérieures du tribunal, violant ainsi ses droits fondamentaux.

Cette affaire soulève des questions cruciales sur les conditions de détention au Rwanda, et notamment sur la manière dont les prisonniers, y compris ceux accusés de crimes graves tels que le génocide, sont traités dans les établissements pénitentiaires du pays. Le système judiciaire rwandais continue de faire l’objet de critiques, notamment en ce qui concerne le respect des droits des détenus.

Jean Baptiste Mugimba, qui a vécu aux Pays-Bas pendant plusieurs années avant d’être extradé vers le Rwanda, est accusé d’avoir participé au génocide de 1994. Cependant, les conditions de son procès et de son emprisonnement posent des interrogations quant à la transparence et à l’impartialité du processus judiciaire au Rwanda. L’opposition politique et les militants des droits de l’homme ont longtemps dénoncé la répression des dissidents et des accusés politiques, faisant écho aux plaintes de Mugimba concernant les abus qu’il subit en prison.

Le gouvernement rwandais, dirigé par le président Paul Kagame et son parti, le Front patriotique rwandais (FPR), a souvent été critiqué pour son approche autoritaire du pouvoir et sa gestion des droits de l’homme. Alors que Kagame a consolidé son autorité, les accusations d’intimidation et de torture à l’encontre des prisonniers, particulièrement ceux accusés de crimes politiques ou liés au génocide, continuent d’entacher la réputation du pays sur la scène internationale.

Il reste à voir si l’enquête ordonnée par la Cour d’appel aboutira à des réformes dans le système carcéral rwandais ou si, comme tant d’autres allégations, elle sera étouffée. Dans ce contexte, l’affaire de Jean Baptiste Mugimba met en lumière la fragilité de l’équilibre entre justice et réconciliation dans un pays encore marqué par les traumatismes du passé.