RWANDA: Les dérives meurtrières de la police de Kagame!

Par RUGEMINTWAZA Erasme

Ce n’est pas la première fois d’entendre que la police de Kagame a tué délibérément un citoyen ordinaire. Et l’on peut affirmer avec zéro hésitation que ce n’est pas la dernière fois que  cette dérive meurtrière de la police rwandaise se produise. Elle est devenue une pratique courante. Le meurtre d’IRAKUNDUKA Elysée, un jeune homme de 19 ans, ressuscite l’indignation de la population entière qui en a marre des exactions de la police dans cette Secteur de Nzige, District de Rwamagana,  à l’Est du pays. Comment peut-on comprendre qu’un simple refus d’obtempérer aux injonctions sur les mesures de prévention du Covid-19 peut se transformer en scène d’exécution? Une simple analyse de quelques cas de meurtres commis par la police rwandaise démontre que, derrières les apparences trompeuses, il y a une ligne directrice que la police suit.  Qu’en est-il?

Les circonstances de l’exécution

C’est lundi, le 09 août 2021, dans la soirée. La  population, comme d’habitude s’empresse de rentre  à la maison pour respecter le couvre-feu, une des mesures du gouvernement rwandais instaurée pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Le couvre-feu était à ce jour du meurtre, toujours fixé de 18 heures à 5 heures du matin.  18 heures dans le pays des Milles collines, dans la campagne on rentre à peine des champs et d’autres petites activités journalières ; mais il faut se hâter pour respecter les  mesures du Gouvernement, et surtout pour ne pas rencontre toute une panoplie d’organes de sécurités paramilitaires dont le terrible est composé de « volontaires ». C’est dans cette cohue, que le jeune Elysée IRADUKUNDA alias NDIMBATI fut stoppé avec son  camarade et d’autres par les « volontaires ». Selon les témoignages, le couvre-feu était déjà en vigueur, car c’était vers 19heures. Permettez-moi ici, de dire un mot sur cette jeunesse qu’on appelle « les volontaires », qui se sont montrés très actifs dans la campagne des élections présidentielles de 2017. A l’instar des milices des partis politique des années 1990, c’est une jeunesse sans emploi, embrigadée à la cause de Kagame. Les adultes qui connaissent ces milices, ont la chaire de poule quand ils voient les comportements des volontaires, qui agissent comme des robots car surtout ils attendent quelques faveurs, exactement comme ces milices! On s’attend, un jour, à leur dérive. Et je me souviens des paroles, un peu sage, d’un certain militaire haut gradé des Forces Rwandaises de Défenses (RDF) qui disait un jour dans le congrès de la jeunesse qu’ « une jeunesse désœuvrée, sans bonne éducation, est comme une bombe sans fusion; il suffit d’allumer la fusion pour enflammer le pays ».  On pourra faire une  analyse dans un article spécial sur cette brigade paramilitaire de Kagame. Alors qu’Elysée IRADUKUNDA discutait avec un  volontaire, les policiers font irruption et son camarade réussit à se glisser à côté pour assister, à une scène macabre où son ami va être frappé, puis exécuté  par balle à bout portant par le commandant de la police! C’est lui qui va transmettre le message nécrologique aux parents et amis de son compagnon. Ce jour il lui avait  prêté le vélo pour faire le transport  et gagner un peu d’argent pour subvenir aux petits besoins primaires.  Le transport à vélo est un travail pénible réservé à la classe la plus basse de la société, il constitue le moyen de survie de la jeunesse hutu, sans emploi et abandonnée à leur sort par l’Etat. Ces milliers de jeunes « Bodaboda » (transporteurs à vélo), sont de jeunes gens hutu qui ont abandonné l’école par manque de minerval et d’assistance  de l’Etat, accordée aux seuls Tutsi. Parmi des les dizaines de milliers  de « Bodaboba », aucun Tutsi, parce le Fonds pour l’Assistance des Rescapés du Génocide leur donne tout. Aux Tutsi qui n’ont pas étudié, on donne l’argent pour le business ! Et voilà, que là où ces jeunes hutu  peinent pour trouver le savon, la police de Kagame  les poursuit, les malmène, les massacrer! Elysee IRADUKUNDA aurait demande aux policiers de lui donner une mort un paisible, la balle, au lieu de le tuer par des coups!

Le population s’indigne et demande justice!

La gens du lieu d’exécution d’Elysée IRADUKUNDA ainsi que ses parents qui ont accouru, ont trouvé le corps de la victime gisait par terre avec les balles dans le dos, un signe qui montre que le jeune homme a été exécuté en tentant de fuir  ou tout simplement plaqué par terre comme son ami le rapporte. La population entière s’indigne de cette barbarie, elle trouve que l’alibi de la bagarre ne tient pas non seulement parce qu’ils étaient à trois mais aussi le corps témoigne qu’il a été tout simplement exécuté. Les parents et amis blâment la police, demande la justice contre le commandant de la police, qui a tiré sur la victime après apparemment le refus de son compagnon qui implorait son chef de ne pas commettre ce forfait. Le prétexte de la bagarre, ainsi que la tentative de fuite est devenu l’explication des exécutions de la police, depuis longtemps. Il m’en souvient qu’un jour, alors qu’on blaguait avec des policiers sur un cas d’une personne qui a  été appréhendée durant la semaine de mémoire du génocide, avec une machette en proférant des mots de haine contre les Tutsi, on est arrivé à dire que le gars est dépassé qu’il devrait aller en prison pour une rééducation. L’un des policiers a dit que son sort es t déjà scellé, on n’a pas vite compris. Mais quelques heures plus tard, on a appris qu’il a été fusillé car « il tentait de s’évader ». Et pour en avoir le cœur net j’ai demandé au policier, il m’a répondu qu’ «  une pomme de terre pourrie doit être  jetée dans l’immondice ».  

L’indignation de la population va aussi à l’ endroit de « Volontaires » qui ne font que menacer la population. Elle s’indigne contre l’attitude des autorités de bases du secteur de Nzige qui ne sont pas venues, au moins une seule fois, présenter des condoléances à la famille éprouvée. La population  se demande plus encore, ce qu’on faisait, pendant 4 jours avec le corps d’Elysée IRADUKUNDA, alors qu’on savait très bien la cause de sa mort. Le corps a été remis à la famille le 12 août 2021. Le Secrétaire  Exécutif du Secteur de NZIGE, non  seulement  terrorise la population qui demande sa démission, mais également, il a été évoqué, par la population dans des affaires d’adultère, ce qui n’est pas malheureusement, une faute dans le régime du FPR!  La population ne cache sa fureur et dit qu’un jour arrivera, où elle pourra, avec les armes blanches, se faire la justice car on ne peut pas attendre que la population soit exécutée sans aucune forme de procès. En un mot elle demande que le commandant soit traduit en justice, que le Secrétaire  exécutif du secteur de NZIGE soit limogé et que la milice de volontaires soit dissoute. La population  ne veut pas la présence de policiers, elle demande la patrouille des militaires ; car la police, dit la population, est semblable aux interahamwe.

L’opposition dans le pays condamne toujours la violation de droits de l’homme par la police nationale et l’utilisation excessive de la force par les agents de sécurité pour faire appliquer les mesures de lutte contre le covif-19.

Le président Paul Kagame, en réponse à une personne qui lui a demandé ce qu’il dit sur le mauvais comportement de certains officiers de police, il a dit qu’il a lui-même entendu qu’il y a ceux qui ont de mauvais comportements mais qu’il faut éviter toute généralisation  sur l’institution toute entière. Kagame a dit «  il y a ceux qui parlent des forfaits commis par la Police, mais je crois qu’il y a une exagération et ce serait faire un mauvais jugement si quelqu’un affirme que cela est soutenu par la police ou que c’est un problème à l’échelle nationale ». Le président Paul Kagame a rassuré que ce problème va être résolu, qu’il va lui-même faire le suivi et l’évaluation. 

Les cas le plus grave des meutres de la police rwandaise

Mais pourquoi Kagame trompe la population en disant qu’il va résoudre la problème comme si c’est première fois qu’il en est informe ? Voici deux  cas graves de meurtres commis par sa police qui ont fait parler la communauté international auxquels il a fermé les yeux.

« Il n’y aura pas de procès »

Le 20 juillet 2007, le champion de droits de l’homme Human Rights Watch (désormais HRW), déplore les décès des détenus dans des cachots qui continuent de s’accumuler pour ainsi ternir l’état de droit au Rwanda. HRW  dit que le nombre de décès en garde à vue a augmenté au Rwanda ou des agents de police ont tué au moins 20 personnes dans une période de moins d’une année. Alison Des Forges, Conseiller à HRW, dit que le Rwanda affirmait qu’il s’efforçait d’instaurer un Etat de droit. Or « Abattre des détenus n’est pas une façon d’y parvenir. La Police Nationale du Rwanda, doit veiller à mettre fin à ces actes » dit-elle. Dans un rapport intitulé « Il n’y aura pas de procès », HRW parle de détenus abattus par la police. Ce qui semble choquant est la déclaration faite par le Commissaire Général de la Police d’alors, Andrew RWIGAMBA faisant valoir que dans chaque cas, les détenus ont été abattus au cours d’une tentative d’évasion ou alors qu’ils cherchaient à désarmer les policiers, vraisemblablement alors qu’ils tentaient de prendre fuite. Le HRW indiquent dans la majeur des cas cette affirmation  se révèle absolument fausse.

La fusillade de Kiziba 

Voici 3 ans et demie, aucune justice n’est rendue  pour la fusillade de réfugiés du camp  de Kiziba, à Karongi dans l’Ouest du pays, où la police de Kagame a tué 12 personnes. Ce qui se produit, ce 22 février 2018, fut une horreur jamais vue.

La police rwandaise, est accusée de l’usage excessif de la force contre les réfugiés congolais qui pourtant manifestaient paisiblement suite à la réduction de plus de 25% de leur ration alimentaire. Et tel père tel fils car le chef suprême de la police, Paul Kagame a donné une leçon : « Pour tuer un moustique, il faut utiliser le marteau lourd ».

Rappelons que Kiziba est un camp de réfugiés congolais qui abritent plus de 17 milles personnes, il est vieux de plus de 25 ans. La manifestation est due à la réduction de la ration alimentaire de 25% en raison de réduction budgétaire du HCR et du PAM. La ration alimentaire a été ramenée de 7600 Frws à 5700 Frws, par personne et par mois. Ainsi 3 à 4 mille réfugiés vont quitter le camp de Kiziba le 20 février 2019 pour marcher vers le bureau du HCR en ville de Karongi. Puis suite à l’accrochage dû au blocage de la police, la fusillade s’en est suivie. La  Police prétend avoir mis en garde les réfugiés, qui ont, malgré cette mise en garde, « provoqué la police et leur avaient lancé des projectiles », déclara Théos BADEGE porte parole de la police rwandaise. Il continua « Il est important de savoir que lorsque quelqu’un perturbe l’ordre public, il ne contrôle pas les conséquences de ses actes ».  La fusillade de Kiziba a provoqué une indignation dans la communauté internationale, mais Louise Mushikiwabo, a accusé les réfugiés, lors d’une conférence de presse, de monter une révolte et de se montrer « extrêmement violents et d’essayer de prendre des otages ». Au lieu de poursuivre les auteurs de la fusillade, on a arrêté plus de 60 réfugiés pour les accuser de tous les maux jusqu’à la  « propagation d’affirmations mensongères en vue de provoquer l’hostilité de l’opinion internationale vis-à-vis du Rwanda ». La Commission Nationale de Droits de l’Homme, organe du Gouvernement rwandais a fait une déclaration a parti pris envers la police et a affirmé que  la police a été «  attaquée alors qu’elle tentait de réprimer la violence » et que la manifestation « avait causé des blessures et la mort de certains manifestants ».  Mais Lewis MUDGE de HRW, contre vents et marées n’a pas  manqué de tirer cette conclusion «  Engager des poursuites contre des réfugiés, décharge de leurs responsabilités les véritables coupables de violence et d’abus. Les autorités rwandaises devraient plutôt veiller à ce que  les enquêtes soient indépendantes et exiger des comptes aux policiers responsables des meurtres ». Ainsi finit la comédie de Kiziba!

Une question très simple en guise de conclusion : Si Kagame n’a pas poursuivi les auteurs des meurtres de  plus de 20 détenus en 2007 et que la fusillade de 12 réfugiés de Kiziba en 2018  fut minimisée, par la cheffe de la diplomatie rwandaise Louise Mushikiwabo,  jusqu’à prendre ces réfugiés comme des barbares violents qu’il fallait gardait avec des fusils comme des buffles qui sortent du parc, alors qu’ils réclamaient la ration, va-t-il réellement se lever pour punir l’auteur du meurtre d’Elysée IRAKUDUNDA alias  NDIMBATI, ce misérable « Bodaboda » comme il l’a promis? Ou bien la police a reçu des instructions  d’abattre ces gens de la classe basse, cette racaille, car composée de misérables Hutu? Car si ce jeune Elysée IRADUKUNDA avait été un jeune Tutsi, le commandant de la police n’aurait pas osé même lever la main pour une simple gifle! Espérons que l’autopsie qui a duré quatre jours n’a pas changé le meurtre public en suicide? Espérons aussi que cette fois-ci, le système judiciaire rwandais va se rattraper et montrer qu’il est capable, quand le chef suprême le lui demande, de faire la justice. Ou bien qui a bu boira!