Sénégal : journée d’élevage, encore une journée de massacre et d’enterrement de la langue Pulaar ?
On ne peut parler de l’élevage au Sénégal sans faire mention des peuls ou fulbés. Ces derniers sont traditionnellement des éleveurs de pères en fils depuis des siècles. Il est certain que l’écrasante majorité des éleveurs du pays sont de l’ethnie des peuls. Des dérives graves seraient notées lors des journées précédentes de ce secteur d’activité. Les organisateurs et certains orateurs pendant ces évènements, ne s’exprimaient pas en Poular, ignorant de facto le public venu les écouter. Ceux qui venaient à ces cérémonies, rentrer chez eux bredouilles car ils ne récoltaient aucune promesse sérieuse des gouvernants. De plus, ils avaient l’impression d’assister à une oraison funèbre du Pulaar (fulfulde) car les gens qui s’adressaient à eux ne leurs parlaient pas dans leur langue, malgré leur pluralité et leur multitude incontestables sur les autres. D’aucuns disent que certains cadres peuls sont devenus des valets et des complexés qui auraient honte de s’exprimer publiquement dans leur langue maternelle. Qu’en est-il réellement ?
La mort programmée de la langue des peuls ou fulbés au Sénégal
La situation est catastrophique pour la langue Pulaar au Sénégal et tous les signaux sont au rouge. L’une des plus vieilles langues est presque absente de toutes les sphères de l’état du pays. On n’y comprend rien de ce fait accompli. Tel semble être la triste et absurde réalité du Sénégal. Beaucoup de cadres de ce groupe ethnique ne disent rien. D’autres plus vaillants en font peu, mais pestent à longueurs de journées dans leurs salons et retombent vite dans leur léthargie après leur amertume. On n’entend nulle part les nombreux organismes et leurs affiliés défendre leur langue. On ne fait ni manifestation de protestation, ni sit-in, ni conférence de presse. C’est le climat tombal.
La population les décrit également comme des organismes mendiants et corrompus, et les soupçonnent de connivence avec les politiciens pour tuer, dépecer et enterrer définitivement la langue Pulaar au Sénégal. Les redoutables mauvaises langues africaines pensent qu’ils reçoivent de l’argent des gouvernements pour se taire et ne rien faire comme ailleurs en Afrique.
Une chose est certaine, le manque de défenseurs de la langue Pulaar est frappant sur le sol sénégalais. Les intellectuels et les syndicalistes de l’élevage souvent très prompts à revendiquer au nom de leurs membres sont également sourds et muets sur la défense du patrimoine des mbimi et des mbidone. On les a vus récemment au foirail ou DRAL de Rufisque emmerdant, insultant et énervant leur assistance en s’exprimant dans une autre langue que leur Pulaar maternel. Cet évènement fâcheux, désagréable, préjudiciable, désastreux et pitoyable a fait le tour le du monde et tous les réseaux sociaux s’en ont régalé à cœur joie. Toutes sortes d’insultes ont été dites sur les organisateurs de cette journée durant laquelle un représentant de l’état était présent. Pourtant nos producteurs laitiers ont énormément de difficultés. Pendant l’hivernage, ces derniers n’arrivent pas à écouler leurs produits et c’est beaucoup de lait perdu dans l’ensemble du pays. L’absence d’usine de lait dans le pays pour collecter notre produit national et le revendre à la population est un sérieux problème. Ainsi, nous rappelons aux officiels du gouvernement que les éleveurs attendent encore, entre autres, leurs usines de lait pour pouvoir vivre aisément de leur cheptel. Ils demandent à ces derniers de mettre fin à l’importation de lait que certains médias européens qualifient de danger pour la santé publique. La santé animale, la rareté de l’eau pendant la période sèche et la transhumance sont parmi les problèmes que rencontrent cet important d’activité de notre pays.
Pire encore, une certaine classe de soi-disant religieux sont entrés, depuis un certain temps dans la danse funèbre du Pulaar et préfère s’exprimer publiquement dans une autre langue que celle des fulbés. D’autres la crient de façon sournoise et inaudible. On sent qu’ils ont honte de s’exprimer dans langue maternelle. Beaucoup pensent que la puissance de l’argent est passée par là. Ces vendus et corrompus de pieux ou de prieurs pensent qu’ils auraient moins de sous s’ils s’expriment seulement dans leur langue maternelle. Donc ils ne pensent qu’à la richesse et ils sont prêts à tout pour enterrer vivant leur patrimoine peul.
Un appel solennel au maire de la commune de Kael, monsieur El haj Ba et aux organisateurs afin de sauver le Pulaar.
Les sénégalais de l’intérieur comme de l’extérieur sont très inquiets du sort réservé à leur langue maternelle et ils n’entendent plus se taire. Ils seront présents dans toutes les tribunes à la rescousse et à la défense de leur patrimoine culturel. Beaucoup d’entre eux pensent qu’il est grand temps de s’impliquer afin de contrer et de freiner les mauvaises dérives que le Sénégal est en train d’emprunter surtout dans le domaine linguistique. Nous restons très mobilisés et nous sommes sur le qui-vive pour défendre nos intérêts culturels. Nous ne saurions assister sans le moindre mot à l’abattage de notre communauté, au massacre de notre particularité et enfin au vol de notre identité. Nous disons non au pillage à grandes échelles de notre uniformité. Ainsi, nous demandons à monsieur El haj Ba, maire de Kael Samba N’doungou (Woura Penda Madam Youmbel) et aux organisateurs de la journée de l’élevage, de réserver, plus 80% de la programmation à la langue Pulaar.
Gondiel Ka
Chroniqueur, secrétaire administratif et/ou membre de :
Kisal Deeyirde Pulaagu, Tabital Pulaguu Allemagne et Kibaaruji Pulagu International
Montréal, Canada