Appel au combat contre la profanation des commémorations du génocide perpétré contre les Tutsi.

Avant tout, imaginons nous une minute durant, des nazis, des pronazis ou d’autres profanateurs et assassins de la mémoire des victimes de la Shoah (génocide antijuifs), organisant ça et là, des commémorations des victimes du génocide des Juifs et des victimes allemants de la deuxième guerre mondiale. Imaginez les, ces pronazis et leurs adeptes, dire qu’ils commémorent ainsi toutes les victimes de la guerre de 1940-1945. Quelle serait la réaction des Juifs et des juridictions pénalisant l’antiséminisme? Face aux « nazis et pro nazis rwandais, je veux dire les génocidaires, les progénocidaires, les profanateurs et assassins de la mémoire (du génocide perpétré vontre les Tutsi) qu’il n’est pas nécessaire de lister nominativement ici, quelle est donc la réaction des rescapés Tutsi et du gouvernement actuel rwandais, qui heureusement, est globalement en harmonie avec les vues et souhaits des rescapés, en matière de gestion des conséquences du génocide, en ce y compris l’organisation des commémorations.

C’est un crime grave qu’ils commettent ces rwandais peu importe leur petit nombre. Iĺ n’est pas question qu’ils soient impunis, il n’est pas question qu’ils aient le terrain libre pour continuer le crime.

Mon présent message est un appel aux associations des rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi, pour ensemble nous acquitter de notre devoir, de notre mission de porte flambeau, de concepteur, d’inspirateur et de catalyseur des politiques, stratégies, activités et actions pour combattre et vaincre le négationnisme de ce crime des crimes. Nous sommes les gardiens, nous sommes les soldats de la mémoire des victimes de ce génocide des Tutsi que nous commémorons chaque année d’Avril à juillet. La profanation de cette mémoire par des actions dites de commémoration de toutes les victimes rwandaises, est une manifestation criante d’une idéologie génocidaire que nous devons combattre et vaincre pour que le plus jamais génocide, cesse de n’être qu’un idéal et devienne plutôt et pour de bon, réalité au Rwanda et ailleurs au monde.

Ainsi donc chers rescapés, notre mission n’est pas que de commémorer nos morts, nous avons aussi et surtout, à « forger » et « prendre » les armes appropriés pour la lutte contre le négationnisme du génocide auquel nous avons survécu. Dans la nuit des temps, nos ancêtres rwandais l’ont bien exprimé, Dieu n’aide que ceux qui savent le mériter, que ceux qui s’aident eux mêmes, nous ont-ils appris. En d’autres termes, les régimes politiques qui dirigent et ceux qui dirigeront le Rwanda, de même que les puissants de ce monde, ne font et ne feront qu’appuyer notre combat mais à condition que nous soyons convaincants et forts au front, forts à ce combat par rapport aux négationnistes et profanateurs que nous combattons.

En 1994 au Rwanda, les génocidaires ont tout fait pour entraîner tous les Hutu dans le crime de génocide contre leurs concitoyens Tutsi; tout Hutu devait aller travailler (tuer). Ils ont presque réussi à impliquer tous et chacun vu le nombre de personnes condamnés symboliquement et non proportionnellement à la gravité du crime, soulignons le. C’est en tout une bagatelle de +/- 50 % de toute la population rwandaise adulte à la veille de ce génocide. Participons tous au travail d’extermination, c’est un combat civique contre nos ennemis et non un génocide. Ces cafards, ces serpents, tuons les tous. Tel fût le « costume » que « portèrent » les génocidaires, tel fût l’état d’esprit que se forgèrent les tueurs en avril 1994.

Quelle est aujourd’hui l’idéologie véhiculée par les combattants et ou adeptes du fameux « Commémorons Toutes les Victimes rwandaises »? Elle ressemble étrangement à leur slogan idéologique pendant le génocide en 1994, à savoir allons Tous au travail, lequel slogan devient aujourd’hui « Commémorons Tous les rwandais génocidés. Pour ce faire, enseignons que tous les rwandais sont des victimes (mortes et vivantes) et pour réussir notre projet, crions haut et fort, portons la voix assez loin que possible et chantons que la réconciliation des rwandais passe par la commémoration de toutes les victimes, c’est à dire tous les hutu, tutsi et twa morts suite à la guerre et ses conséquences depuis l’année 1990 jusqu’aujourd’hui en 2017 puisqu’ il y a encore récemment et maintenant, des rwandais qui meurent de crimes et d’attentats. Ceux-ci sont aussi à commémorer en bloc avec les génocidés de1994. Bref, puisque les morts se comptent dans toutes les ethnies rwandaises, nous avons raison de dire qu’il y a eu un génocide rwandais tout au long de la période de 1990 à 1997 voire même jusqu’au jour où nous aurons mis fin au génocide rwandais, c’est- à-dire le jour J de notre reprise du pouvoir nous volé par un certain FPR Inkotanyi.

Pour ces négationnistes-idéologues et techniciens de l’assassinat de la mémoire, mathématiquement et schématiquement parlant, les Tutsi génocidés entre avril et juillet 1994, forment un sous ensemble à côté d’autres sous ensembles de rwandais morts à des moments différents depuis Octobre 1990. Ces sous ensembles forment et sont inclus dans le grand ensemble dénommé Toutes les Victimes. Dans cet ordre d’idées, ces assassins de la mémoire estiment plus correcte d’organiser la commémoration de ce qu’ils appellent « génocide rwandais » ou son synonyme « commémoration de toutes les victimes ». Ils se déclarent plus justes en cette matière que les rescapés Tutsi et tous les autres rwandais, hutu, twa et tutsi anciens réfugiés rapatriés après la victoire du FPR Inkotanyi sur les génocidaires, ces négationnistes se considèrent plus éclairés en cette matière que tous les pays, tous les peuples et toutes les institutions internationales qui commémorent et ou ne connaissent que le génocide perpétré contre les Tutsi, lequel n’est plus un sujet de débat de qualification et de dénomination que dans les rangs de ceux qui l’ont commis ainsi que ceux qui l’amalgament et ou le nient en le considérant comme un sous ensemble de ce qu’ils appellent génocide rwandais, qui lui, n’a évidement pas eu lieu.

Aujourd’hui, ces assassins de la mémoire, se croyant bien armés, s’acharnent alors à noyer à tout prix le génocide perpétré contre les Tutsi dans cet amalgame appelé toutes les victimes. Ce n’est pas tout, ils enseignent à qui les écoutent et tout azimut, qu’ils ne sont d’ailleurs pas responsables de ce génocide commis d’avril à juillet 1994, que ce sont les Tutsi eux mêmes qui ont provoqué ce génocide. Incroyable mais vrai, les négationnistes n’ont pas honte de déclarer que ce sont les Tutsi, qui se sont responsables du génocide antitutsi.

Ces assassins de la mémoire du génocide perpétré contre les Tutsi, ces imposteurs parmi lesquels certains politiciens rwandais en exil, ces imposteurs parmi lesquels certains chercheurs rwandais et non rwandais vivant à l’étranger, ces imposteurs parmi lesquels certains activistes des droits de l’homme, ces imposteurs génocidaires et idéologues du génocide, ont encore les mains libres et le terrain libre pour continuer le génocide. En effet, ils sont confortés dans leur dernière phase du crime, à savoir son déni public au su et au vu des pouvoirs publics et religieux des pays occidentaux. A ce sujet, des Eglises, des Temples et salles attenantes, sont généreusement mises à leur disposition pour enseigner et véhiculer le négationnisme et la profanation du génocide des Tutsi; à cet effet, des vidéos youtube de ces meetings de déni qu’ils appellent quant à eux, des commémorations, sont de plus en plus et d’année en année, diffusées à travers le monde.

Cependant il est normal et c’est aussi une réalité, l’histoire du Rwanda retiendra sans nulle doute que la guerre civile entre rwandais, a fait des victimes comme toutes les autres guerres d’hier, d’aujourd’hui et de demain sur la planète terre, ont fait, font et feront des victimes. En revanche, se prévaloir commémorer le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda en 1994, concomitamment avec les victimes (militaires et civiles) de la guerre entre rwandais de 1990 à 1997, n’est autre chose qu’un amalgame criminel bien délibéré et une profanation de la mémoire des victimes dudit génocide

Commémorer en bloc les victimes de la guerre et les victimes du génocide contre les Tutsi, comme un même événement dénommé « commémoration de toutes les victimes » est un viol de la mémoire des victimes du génocide des Tutsi. Déclarer commémorer ce ce génocide en bloc avec d’autres morts rwandais sous l’appellation « Toutes les victimes » alors que ses +/- 500.000 rescapés (nous étions +/- 300.000 en 1995) que comptent le Rwanda aujourd’hui, ne veulent pas/ne voulons pas de cette profanation, est une torture de ces rescapés, qui en conséquence, doivent se défendre et demander secours aux autres rwandais et aux autres peuples, pour « une mise à mort » effective de ce crime qu’est la profanation de la mémoire de nos êtres les plus chers.

Oui, ce génocide a été perpétré pendant la guerre et pour l’arrêter, il y eût des victimes militaires dans les rangs des deux armées, c’est-à-dire l’armée génocidaire et l’armée du FPR Inkotanyi qui combattait les génocidaires; il y a eu aussi des morts dans les rangs des génocidaires civils et miliciens, des morts et non des victimes il faut le préciser car les génocidaires même morts ne sont pas juridiquement ni politiquement, ni socialement des victime. Hélas il y a eu aussi des civils innocents, victimes de cette guerre. Eh bien c’est ça la guerre, elle fait toujours et partout des victimes innocentes. Mais de grâce, ce n’est pas aux génocidaires, ce n’est pas non plus aux idéologues du génocide ni même aux politiciens de quelque bord que ce soit, d’inspirer, d’aiguillonner, de conseiller, de dire, de catalyser les activités et actions de commémoration du génocide qu’ils ont commis et ou qu’ ils profanent aujourd’hui en se déclarant commémorer ce qu’ils appellent toutes les victimes, entendons aussi bien les Tutsi génocidés que les génocidaires morts sous les feux nourris de celui qui les empêchaient de continuer le génocide ainsi que les militaires des deux armées tombés au champ d’honneur et les civils innocents morts de maladies, d’épidémies d’épuisement, de crimes de guerre,…).

Que faire alors de ces victimes innocentes (les militaires et civils non génocidaires, qui ont succombés à cette guerre de 1990 à 1997)? Ce chapitre mérite d’être considéré, mérite un nom et un événement digne, un nom bien inscrit dans l’histoire du Rwanda. Par contre, il n’est pas question d’amalgamer. Ce chapitre de victimes de bonne mémoire, lui non plus, n’est pas à mettre dos à dos avec les victimes du génocide des Tutsi du Rwanda. En effet, l’histoire connue jusqu’aujourd’hui à travers le monde, n’a jamais accepté, n’accepte pas, n’acceptera pas de commémorer les victimes des guerres et les victimes des génocides en bloc, sous une même commémoration, sous un même nom si humain en apparence soit elle (ça sonne très humain de parler de toutes les victimes). Il en est ainsi pour les victimes du génocide perpétré contre les juifs dont les commémorations ne font pas du tout un même événement avec les commémorations des victimes militaires et civils de la deuxième guerre mondiale, il s’agit clairement de deux domaines, de deux matières, de deux événements distincts, de deux mondes différents. Qu’il en soit ainsi pour le génocide perpétré contre les Tutsi.

Que donc ces rwandais qui se disent commémorer toutes les victimes, soient combattus et que leur action soit interdite par l’autorité politique et pénalisée/puni par la loi aux quatre coins du monde. En réalité, leur combat est un déni du génocide perpétré contre les Tutsi, ils nient par leur slogan connu sous le sobriquet de  » toutes les victimes », un sobriquet aux allures du message génocidaire de 1994, je veux dire l’appel au génocide en ces termes  » Bahutu, allons tous au travail (allons tuer) »; aujourd’hui, ces assassins de la mémoire disent ceci: « Tous les rwandais ont été victimes ». Cette idéologie, ce message centré sur le concept de Tous les hutus (pendant le génocide) versus Toutes les victimes rwandais et ou tous les rwandais sommes des victimes (slogan d’aujourd’hui), est un déni conscient et délibéré pour certains; c’est un déni délibéré mais mal analysé, mal compris et mal enseigné par et pour d’autres. C’est pour les uns et les autres négateurs, un combat acharné contre la perpétuation ad vitam, de la mémoire des victimes du génocide perpétré contre les Tutsi, laquelle perpétuation est pourtant, la seule arme à même de garantir le plus jamais génocide au Rwanda.

Cette perpétuation de la mémoire est la fondation sûre du nouveau Rwanda comme vient de le déclarer un général avisé au nom du gouvernement rwandais si je ne m’abuse. Il a dit je cite » vous les rescapés, vous êtes notre raison d’être »; en réalité par rescapés il parlait aussi et surtout de Tutsi génocidés et certes aussi de tous les militaires et civils innocents morts à une époque de triste mémoire dans l’histoire séculaire de notre beau pays, notre pays qui se régénère, qui renaît des cendres de nos morts, qui renaît du sang des rwandais qui ont péri. Ainsi notre Empire (le Rwanda de l’après 1994) se construit-il, comme tous les grands empires, sur les tombes de rwandais.
Tatien NDOLIMANA MIHETO.
Rescapé du génocide perpétré contre les Tutsi
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