L’accord UK-Rwanda sous la loupe critique de Human Rights Watch

Lewis Mudge, Directeur pour l’Afrique centrale chez Human Rights Watch, a exprimé des réserves sévères dans son article intitulé « The UK Again Attempts to Bend Truth on Rwanda: Government Official Touts Misinformation ». Ces réserves concernent l’accord controversé entre le Royaume-Uni et le Rwanda, qui a été récemment défendu par Andrew Mitchell, vice-ministre des Affaires étrangères britannique, lors de son passage sur le programme Today de la BBC.

Dans cet entretien, Mitchell a vanté les mérites du « régime remarquable » du Rwanda, alors que le débat autour de la proposition de loi sur la Sécurité au Rwanda touchait à sa fin. Cependant, il a omis de mentionner des faits importants relatifs au dossier des droits de l’homme au Rwanda. Par exemple, lorsqu’il fut questionné sur un incident survenu en 2018 où les forces de sécurité rwandaises ont abattu 12 réfugiés congolais lors d’une protestation contre la réduction des rations alimentaires dans le camp de réfugiés de Kiziba, Mitchell a décrit l’incident comme « hautement contesté ». Pourtant, selon un communiqué de politique de décembre 2023 du gouvernement britannique, cet acte est présenté comme un « cas isolé sans informations sur des incidents similaires depuis 2018 ».

Cependant, selon Human Rights Watch et Amnesty International, la police rwandaise a fait usage d’une force excessive lors de cette protestation. De nombreux manifestants ont été arrêtés et poursuivis, ceux ayant signé une lettre adressée à l’ONU pour demander une augmentation des rations alimentaires ayant reçu les peines les plus lourdes.

L’impunité des forces de sécurité, un rapport de couverture par la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Rwanda, et l’emprisonnement de dizaines de réfugiés sont des faits qui signalent clairement le danger de toute tentative future d’organisation de protestations.

Mitchell a également négligé de mentionner l’implication du Rwanda dans une des plus grandes crises de déplacement sur le continent, en soutenant le groupe armé M23, connu pour ses atrocités dans la République démocratique du Congo. Il a omis le fait que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est opposé à l’accord d’asile UK-Rwanda, préférant induire le public en erreur en comparant cet accord à un mécanisme de transit du HCR qui accueille temporairement des demandeurs d’asile et des réfugiés évacués volontairement de la Libye vers le Rwanda.

La loi sur la Sécurité au Rwanda a été adoptée tard hier soir, et les efforts de la Chambre des Lords pour inclure des mécanismes de surveillance ont été rejetés par les officiels gouvernementaux comme étant encombrants et obstructifs. Une telle surveillance est maintenant plus nécessaire que jamais.

Le gouvernement peut avoir légiféré pour contourner la décision de la Cour suprême selon laquelle le Rwanda n’est pas un pays sûr pour envoyer des demandeurs d’asile, mais il ne peut pas tordre la vérité à sa guise – le piètre dossier du Rwanda en matière de droits de l’homme est là pour tous à voir.