Grève de la faim parmi les surveillants et responsables de prison au Rwanda.

En date du 12 avril 2024, une situation préoccupante se dévoile au sein des établissements pénitentiaires du Rwanda. Plusieurs gardiens de prison et leurs supérieurs entament une grève de la faim à Rwamagana, dans l’Est du Rwanda, protestant contre leur détention jugée arbitraire depuis près de cinq mois.

Ces informations, rapportées pour la première fois en mars 2024 par la Voix de ‘Amérique, trouvent leur origine dans les dénonciations liées à des accusations de torture dans la prison de Nyakiriba, située dans le district de Rubavu. Les personnes impliquées, y compris d’anciens responsables de cette prison, avaient été arrêtées sans explication claire, selon leurs collègues.

Les employés non détenus du service pénitentiaire, en particulier ceux du bureau central, critiquent vivement l’approche de Rose Muhisoni, la vice-directrice de l’administration pénitentiaire. Ils la jugent responsable des mauvais traitements et accusent sa gestion d’être inefficace et inconsistante, malgré les démentis de cette dernière.

Des allégations de relations inappropriées entre les gardiens et les détenus sont parmi les raisons évoquées pour justifier ces détentions. Thérèze Kubwimana, porte-parole de l’administration pénitentiaire, réfute ces allégations. Toutefois, un parent d’un gardien incarcéré, qui a choisi de rester anonyme, a confirmé à la Voix de l’Amérique que son époux est détenu et qu’ils ne se sont pas vus depuis début décembre 2023.

La situation s’aggrave puisque, selon des sources internes, la police rwandaise de l’Est a rencontré les grévistes le dimanche précédant la rédaction de cet article, tentant de résoudre la crise sans succès notable. Malgré les dénégations officielles, les tensions montent et le moral au sein de l’administration pénitentiaire continue de décliner.

En réponse à la crise, Rose Muhisoni s’est rendue à Rwamagana, confirmant indirectement l’ampleur du problème. Le nombre total de participants à la grève de la faim s’élève maintenant à 135, incluant des gardiens de diverses prisons du pays et leurs directeurs.

Cette affaire soulève des questions cruciales sur les pratiques de détention et les droits humains au Rwanda, particulièrement en ce qui concerne le traitement des fonctionnaires de prison. Le cas de Chantal Ugukunda, une gardienne enceinte ayant perdu son bébé en détention faute de soins médicaux, est particulièrement troublant. Actuellement hospitalisée, son histoire illustre les risques graves de négligence et d’abus.