COMMUNIQUE DE PRESSE DES ENFANTS DE KABUGA FELICIEN

Notre père, Félicien KABUGA, a été interpelé le 16 mai dernier en France, en exécution d’un mandat d’arrêt du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). Aujourd’hui, depuis 13 jours, il est incarcéré à la prison de La Santé.

Comme tout justiciable, il a toujours souhaité se présenter devant la justice mais il a toujours refusé de se soumettre à la juridiction du TPIR, qui ne cesse, depuis sa création, de faire preuve de partialité.

Notre père est un homme âgé de 87 ans. Il cumule depuis ces dernières années de nombreuses pathologies depuis des années : diabète, hypertension et démence sénile sévère. Il a en outre subi une colectomie l’année dernière. Son état de santé nécessite un accompagnement et une surveillance de tous les instants, comme toute personne âgée faible et dépendante.

Outre son état de santé très détérioré, notre père ne parle ni le français ni l’anglais.

En détention, incapable de s’exprimer et de se mouvoir, isolé et handicapé, il est totalement livré à lui-même.

Son état est, à l’évidence, au sens strict du terme, complètement incompatible avec sa détention.

Nous sommes surpris que, malgré la demande de nos avocats, la Justice ait refusée toute expertise médicale pour constater cette évidence.

Depuis le début de sa détention, nous n’avons pu échanger avec lui que par téléphone le jeudi 28 mai bien que des permis de visite aient été signés dès le 20 mai par Madame le Procureur général.

A chaque audience, nous n’avons pu constater que sa pâleur, sa perte de poids et la confusion de ses propos.

Aujourd’hui, nous, ses enfants, comme n’importe quel enfant soucieux de la santé de son père ou mère, craignons le pire.

C’est pourquoi nos avocats ont demandé une mesure de contrôle judiciaire ou un placement sous surveillance électrique, plutôt que la détention.

Nous sommes désespérés que cette requête ait été rejetée. Et, nous ne comprenons pas que la demande d’expertise médicale aux fins de s’assurer que la détention est compatible avec l’état de santé de notre père ait été également rejetée.

La France est le pays des Droits de l’Homme, de tous les hommes, qu’ils soient justiciables ou non.

Or, aujourd’hui laisser notre père en prison, dans son état, revient à nier ses droits humains fondamentaux.

C’est donc un cri d’alarme que nous lançons aujourd’hui pour contester cette détention qui risque d’être fatale à notre père.

Fait à PARIS, le 29 mai 2020

Les enfants de Félicien KABUGA