Le décès du Roi Kigeli V tourne (définitivement?) la page d’une histoire….

Le 16 octobre 2016 à Oakton en Virginie ( Etats-Unis), le dernier roi rwandais Kigeli V est mort. Ce décès n’est pas passé inaperçu. Les médias et les réseaux sociaux rwandais se sont relayés pour diffuser cette triste nouvelle qui survient dans un contexte sociopolitique rwandais déjà mouvementé ces derniers jours.

Evidemment, la question n’est pas tant de connaître, à l’heure actuelle, le successeur éventuel de Kigeli V, la question casse-tête est de déterminer, par sa famille et ses amis, le lieu d’inhumation du défunt. Kigeli V,  depuis son départ du Rwanda, n’ y est plus revenu. Tous les gouvernements qui se sont succédé ne lui ont pas offert, semble-t-il, les conditions satisfaisantes pour son retour et son installation dans son pays.

Qui aurait imaginé qu’après la prise du pouvoir par le FPR, Kigeli V n’allait pas rentrer au Rwanda et retrouver les siens qui lui manquaient tant ? La politique en a décidé autrement.  Il est resté en exil, dans les conditions  qu’évoque la RFI : « Le dernier journaliste américain qui a rencontré le monarque déchu dans son exil de la banlieue de Washington décrit un vieil homme vivant humblement grâce aux aides sociales américaines et aux dons de la diaspora ».

De là, on peut penser que le choix du lieu d’inhumation devrait être en corrélation avec ses convictions et son histoire.  Les Rwandais qui étaient avec lui, qui l’ont cotôyé en exil, qui l’ont accompagné, qui l’ont aidé ou que lui-même a aidés ne pourraient être réduits à de simples spectateurs. Ils ont un rôle indispensable à jouer, ils ont une parole de premier plan à tous les niveaux de prise des décisions.

Qui pour succéder à Kigeli V ?

L’éventualité de succession semble actuellement  poser plus de problèmes qu’elle ne les résout.

–  Le nouveau roi aurait concrètement quelle crédibilité alors que le régime monarchique semble avoir été dénudé, n’ayant plus de marge de manœuvres ésotériques?

– La pérennisation de l’institution monarchique serait rebâtie sur quelles bases  d’autant qu’elle n’a jamais évalué officiellement  son bilan,  pour se réactualiser en fonction des besoins du moment ?

–  Les institutions, soi-disant républicaines, qui se sont succédé après la monarchie jusqu’à aujourd’hui restent, sur le fond, sous l’inspiration de la monarchie (avec les Hommes forts et les institutions faibles), tout en actualisant la forme au quotidien. La pérennisation de la monarchie traditionnelle aurait quelle place qui légitimerait son retour ? Aurait-elle assez de moyens pour se mesurer avec ses concurrents modernes?

Toutes ces interrogations parmi tant d’autres laissent imaginer que le décès de KigeliV clôt, cette fois-ci, définitivement des siècles de règne nyiginya. Il se peut qu’un nouveau roi soit symboliquement désigné après l’inhumation du défunt, certes,  mais ce ne serait sans doute qu’un acte symbolique qui n’aurait rien de semblable à la monarchie traditionnelle que le Rwanda a connue.

Pour rappel, Kigeli V (Jean Baptiste Ndahindurwa)  est né  le 29 juin 1936 à Kamembe . Il est le fils du Roi Musinga et de Bernadette Mukashema. Scolarisé au groupe scolaire d’Astrida (ancienne Ecole de fils de Chefs ),  Kigeli V  a  été intronisé le 28juillet 1959 , succédant ainsi à son demi-frère aîné Mutara III,  mort à Bujumbura le 25 juillet 1959.

Il aura donc régné très peu de temps,  avant de prendre le chemin de l’exil, suite à la révolution hutue soutenue par les Belges. Avant de s’installer aux Etats-Unis dans les années 1992, il aurait  séjourné en Tanzanie, en Ouganda et au Kenya. Il décède à 80ans, officiellement sans femme ni enfant.

Faustin Kabanza