Victoire Ingabire obtient un droit de réponse depuis sa prison

Au Rwanda, la commission d’autorégulation des médias, la RMC, a demandé à trois médias de présenter des excuses publiques à Victoire Ingabire. L’opposante rwandaise – condamnée à 15 ans de prison pour conspiration contre les autorités – avait été accusée par ces médias, Umusingi, Radio One et le site internet Radio Paparazzi d’avoir empoisonné un enfant.

Depuis sa prison, le 12 janvier dernier, Victoire Ingabire avait écrit au RMC pour se plaindre. L’opposante Rwandaise, accusée de « conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre », de « minimisation du génocide » de 1994 au Rwanda, et de « propagation de rumeurs dans l’intention d’inciter le public à la violence » a été condamnée à huit ans de prison en première instance, en octobre 2012. Peine alourdie en appel, à quinze ans de réclusion, en décembre dernier.

Victoire Ingabire a été entendue : des excuses écrites lui ont été adressées. Des excuses publiques, ainsi qu’un droit de réponse accordé à l’opposante emprisonnée. Cette décision en a surpris plus d’un dans un pays souvent critiqué pour la faiblesse de sa société civile et ses manquements à la liberté d’expression. « Je crois vraiment qu’il faut respecter les droits des gens, même lorsqu’ils sont en prison. Nous avons sanctionné ces médias parce qu’ils ont diffamé Victoire Ingabire. Ils ont dit qu’elle avait empoisonné une enfant en prison. Finalement, ces médias ont tous reconnu l’avoir diffamé, mais ils ne nous ont jamais expliqué pourquoi », précise Fred Muvunyi, président de la RMC, la commission d’autorégulation des médias.

Une organisation jeune qui veut affirmer son indépendance

Depuis le 12 janvier, la RMC dit avoir suivi toute la procédure scrupuleusement : vérification des dires de la plaignante auprès de l’administration pénitentiaire, convocation des médias concernés, respect du délai légal avant de rendre sa décision… Si ces médias n’appliquent pas les injonctions de la RMC, il y aura de plus lourdes sanctions, promet l’organisation d’autorégulation des médias.

Ce n’est pas la première fois que cette jeune organisation essaie d’affirmer son indépendance. Il y a quelques mois, elle avait critiqué les autorités, quand un journaliste avait disparu pendant une semaine avant que l’on apprenne son arrestation.

RFI