L’Union européenne, l’un des principaux bailleurs de fonds du Rwanda et du Burundi, appelle les deux pays à faire des enquêtes poussées pour déterminer la cause de la mort et l’identité des corps retrouvés sur le lac Rweru. RFI a enquêté de part et d’autre de la frontière et selon des témoignages de riverains de la rivière Akagera et du lac Rweru, des dizaines de corps seraient charriés depuis la mi-juillet par ce cours d’eau au Rwanda. Le Burundi et le Rwanda démentent toute implication.
Le département d’Etat américain avait exprimé sa vive inquiétude après la découverte des premiers corps sur le lac Rweru, mais disait attendre de plus amples informations. Trois semaines plus tard, les enquêtes n’ont pas avancé, les corps ont été enterrés sans autopsie, ni tentative d’identification.
C’est pourtant ce que demande aujourd’hui l’Union européenne aux deux pays concernés : déterminer la cause de la mort, l’identité, la nationalité et l’origine des victimes. « Notre espoir est que les enquêtes vont se poursuivre dans la plus grande transparence, dans l’intérêt de la justice et pour permettre aux familles des personnes décédées de faire le deuil », a écrit à RFI l’un des porte-parole de l’Union européenne, assurant que les délégations dans les deux pays allaient faire passer le message aux deux gouvernements.
Propos insuffisants
Pour Clément Boursin, responsable Afrique de l’ACAT, une ONG qui lutte contre la torture, ces propos sont insuffisants et la communauté internationale doit réagir en demandant une commission d’enquête indépendante.
Comment expliquer ce peu de réactions de la communauté internationale ? « Quand il s’agit du Rwanda, c’est toujours compliqué », confie un observateur étranger en poste dans la région, ajoutant que l’essentiel des démarches étaient officieuses. Selon un spécialiste en droit international, certains éléments, comme les pieds et poings liés, pourraient indiquer qu’il s’agit d’exécutions sommaires. « Il faut enquêter pour pouvoir qualifier ces crimes, mais il n’y a pas de doute que nous sommes en présence de crimes graves », conclut le spécialiste.
RFI