La culotte de son père

Traduit pour « les nuls », un proverbe rwandais pourrait à peu près dire ceci : Qui veut braver son maître, regarde avec autorité la culotte de son père. Autrement, il n’y a que l’ignorant (l’idiot) qui ose défier celui par la grâce duquel il vit. Utazi ikumuhatse areba ikabutura ya se igitsure, en Kinyarwanda. Merci de noter que j’ai évité un gros mot. Comment en effet ne pas penser à cette assertion en considérant les péripéties de la vraie-fausse reddition de l’infâme marionnette Bosco Ntaganda. Général de pacotille, terminator (des Congolais et Rwandais exilés en RD Congo) à ses heures perdues, ce sanguinolent guignol du général Kagame se retrouve aujourd’hui en situation de tubercule (une patate chaude dont tous vont se débarrasser) en attendant de devenir une légume que ne manquera pas de cuire les magistrats de la Cour pénale internationale. La coupe de champagne que je savourerai pour cette occasion ne m’empêchera cependant pas d’oublier l’essentiel : Ntaganda n’était qu’un sous-fifre.

Je ne vais rien vous dévoiler, vous savez tous déjà que sans la « parenthèse » Laurent Nkundabatware (luxueusement coffré quelque part à Kigali; à Kabuga nous a-t-on murmuré), le criminel Ntaganda n’aurait jamais existé. Et qui dit Nkunda, dit dieu-le-père. Oui, celui-là qui trône sur les mémoriaux des nôtres péris en 1994. Il a longtemps cru qu’il pourra affronter tous et en tout temps. Je parlais de culotte en introduction, mais cela me fait aussi penser au culot que ce demi-dieu a développé tout au long de son règne. J’y pense et je n’ai qu’un vrai embarras de choix par rapport aux phrases qu’il balançait au plus fort de sa gloire. Petit florilège : « personne ne jugera le Fpr ; nous savons moudre ; mon seul regret est de n’avoir pu en tuer assez ; ces juges sont des putes ; ces opposants sont des vauriens ; ces réfugiés ? Quels réfugiés ? De la merde » (le gros mot n’est pas de moi). Cerise sur le gâteau : « ils me menacent aujourd’hui de sanctions (freeze aid, freeze aid) si je n’arrête pas Ntaganda. Pourquoi le ferais-je ? Je dis : non ! ». Aïe !

Ai-je bien résumé, par le rappel de ces propos présidentiels, mon sentiment ? Non. Un ami netter a, lui, parlé de « Défaite » (Gutsindwa). Mieux que moi, il a expliqué comment et surtout pourquoi le démiurge des Mille collines ne sait plus protéger son agent terminator. Juste après la lecture de son posting, j’ai re-re-écouté un des laïus de l’ancien Ponce de Basiima House. Il s’agit de celui prononcé un jour de décembre 2012, à l’occasion de l’ouverture de la 10ème tenue du « Dialogue national ». Re-écoutez avec moi ceci, je vous prie : « I say, if you want me to solve the problem of a neighbour or carry the burdens of my neighbours, pay me ». En clair : ils ne savent pas arrêter Ntaganda et ils veulent que je le fasse à leur place. Puisque telle est leur volonté, qu’ils y mettent le prix et je m’exécuterais. Voilà. Le Parrain s’est donc finalement exécuté en laissant tomber son chien de guerre et la question est maintenant : a-t-il eu la rémunération réclamée par chantage ou alors, comme l’autre Paul sur la route de Damas, une lumière venant du ciel l’a soudain enveloppé de sa clarté et, miracle!, il est en train de se reconvertir…

Non, non et non. Connaissant la façon de procéder de l’homme (non, il technique lui), de récompense il n’a point eu ; quant à la reconversion, n’en parlons même pas au risque de faire rire quelques chats sauvages. Akabaye icwende ntikoga n’iyo koze ntigacya (au secours, les traducteurs!) Alors quoi ? Eh bien, Icare a voulu tutoyer le soleil croyant ses ailes de nature à résister. Qu’est-ce que je dis ? Ben, que Kagame a cru narguer indéfiniment ceux qui l’ont fait (bato oyo basali ye, comme diraient les mêmes Congolais). Il s’est mis à massacrer à tour de bras, il a épuisé le lexique des insultes, il a disposé de la richesse nationale comme s’il s’agissait de son compte privé, bref, il s’est cru tout permis et il a fini par prendre le silence d’un peuple humilié – le sien – pour une sorte d’honneurs extraordinaires qu’on lui rendait. Exilant ses compatriotes et expulsant les étrangers à volonté, l’homme a juste oublié que la déification des empereurs (romains), la fameuse apothéose, n’intervenait qu’après leur mort… Celle, politique, de notre afande ne fait que commencer.

En effet, vouloir couvrir un responsable de monstruosités (massacres, rapes, sexual slavery and the recruitment of child soldiers, c.à.d la liste des forfaits de Ntaganda) et persister sept ans durant par un éternel chantage finit par être perçu comme un mauvais regard en direction de la culotte de son père. Le vin étant maintenant tiré, en Afandie auront-il la force de le boire jusqu’à la lie ?

C. Kami

1 COMMENT

  1. Si vous savez le don de Dieu…tout est possible pour celui qui fait confiance en Dieu.
    Parce que 1000 ans sont comme un jour et un jour c’est comme 1000 ans…CELUI QUI A DES OREILLES QU’IL….

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