Par Erasme Rugemintwaza
Kigali, la capitale de la République du Rwanda a abrité, du 25 au 26 octobre, la deuxième réunion ministérielle conjointe Union africaine (UA)-Union européenne (UE). La plénière proprement dite qui a été précédée, le 25 octobre, par les travaux des experts et hauts fonctionnaires des deux institutions, s’est penchée sur les dossiers cruciaux dont le Covid-19 et l’investissement. Quels sont les tenants et aboutissants de cette grande rencontre diplomatique?
La seconde réunion mistérielle préparatoire du Somment Union Africaine-Union Europeenne s’est tenue à Kigali, du 25 au 26 Octobre 2021. Ont participé à cette réunion de ces deux grandes organisations continentales, près d’une centaine de ministres en charge des Affaires étrangères ainsi que des représentants des organisations régionales et sous-régionales. Elle a été organisée et présidée conjointement par le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, et le vice-Premier ministre/ministre des affaires étrangères de la République démocratique du Congo et le président du Conseil exécutif de l’UA, Christophe Lutundula Apala Pen’Apala. La commissaire chargée des partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, a assisté à la réunion.
Lors de cette réunion, les ministres des Affaires étrangères de l’UE et de l’UA ont fait le point sur les progrès accomplis depuis le cinquième sommet UE-UA (Abidjan, 29-30 novembre 2017), en procédant à un échange de vues sur le partenariat UE-UA ainsi que sur les moyens de renforcer la coopération.
Comme prévu sur l’agenda, les discussions de cette réunion se sont articulées autour des thèmes suivants:
– La riposte face à la pandémie de COVID-19 et la relance après celle-ci
– Le renforcement de la résilience
– L’investissement dans les transitions écologique et numérique
– La paix, la sécurité et la gouvernance mondiale
– Les migrations et la mobilité
– L’éducation, la science, la technologie et le renforcement des compétences
– Relations UE-Afrique (informations générales)
Ainsi cette deuxième réunion ministérielle conjointe s’inscrivait toujours dans le cadre de l’évaluation de la mise en œuvre des domaines prioritaires définis dans la Déclaration d’Abidjan de 2017, issue du cinquième sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UA et l’UE tenu les 17 et 18 novembre 2017. Il s’est agi notamment de l’examen des documents ci-après :
Le document n°1 portant sur le renforcement de la résilience, de la paix, de la sécurité et de la gouvernance, et sur la migration et la mobilité ;
Le document n°2 portant sur la mobilisation des investissements pour la transformation structurelle durable de l’Afrique et l’investissement dans les personnes – éducation, science, technologie et développement des compétences.
Au terme des deux jours de fructueuses discussions, les deux parties ont adopté un communiqué conjoint s’articulant autour des différents axes de coopération en lien avec les domaines prioritaires déclinés dans les documents suscités.
Concernant le premier domaine, la plupart des délégations ont appelé au renforcement du partenariat entre les deux continents afin de relever les défis liés à la paix, la sécurité, la migration et la mobilité.
Par ailleurs, plusieurs délégations ont soulevé les préoccupations concernant la gouvernance en Afrique. Elles ont plaidé pour cela, en faveur du respect des Constitutions et de l’alternance démocratique.
S’agissant du deuxième domaine, les délégations africaines ont appelé l’UE à mobiliser plus de ressources en vue d’intensifier les investissements pour la reprise économique post Covid-19. Elles ont exprimé leurs préoccupations sur l’accès équitable aux vaccins et appelé à la reconnaissance des vaccins administrés en Afrique et des certificats de vaccination.
Les délégations africaines ont, en outre, appelé au déploiement des doses supplémentaires de vaccins et au renforcement des capacités pour la production des vaccins sur le continent.
La partie européenne a émis le souhait d’intégrer la transition verte et la transformation numérique dans les domaines prioritaires de son partenariat avec l’Afrique.
Les travaux ont été sanctionnés par un communiqué conjoint adopté par consensus, qui retrace les engagements des parties et lance les perspectives d’un partenariat renforcé et mutuellement bénéfique. Il est prévu la tenue du sixième Sommet des chefs d’État et de gouvernement à Bruxelles, les 17 et 18 février 2022. Il sera précédé de la troisième réunion ministérielle.
Cette deuxième réunion ministérielle a été un véritable succès au regard du nombre de participants et du niveau de réprésentation. Et plus qu’avant, les deux délégations sont convenues de la nécessité de la mise en place d’un comité conjoint de suivi et évaluation des engagements pris lors des différentes rencontres. Ainsi la réunion vient de jeter les bases d’un partenariat fort et renforcé au service des peuples de deux continents.
Sophie Wilmes à Kigali sur la pointe des pieds!
La visite de Sophie Wilmès, et pourquoi pas de toute l’Europe ont suscité un regain d’intérêt de l’affaire de Rusesabagina.
En rappel, l’on est sans ignorer qu’à l’issue du procès de Rusesabagina, la Ministre Belge des Affaires Etrangères, Sophie Wilmès, a fait un communiqué dans lequel elle deplorait que « Rusesabagina n’a pas bénéficié d’un procès juste et équitable, particulièrement en ce qui concerne les droits de la défense ». Dans sa résolution, l’EU, a validé cette position de Sophie Wilmès allant jusqu’à demender la libération immédiate de Rusesabagina faisant valoir les « raisons humanitaires ». Toutefois Josep Borell émettait des réserves comme pour dire à la Belgique que c’est elle qui a abandonné ou mieux vendu son citoyen. Borell disait « ne pas ignorer les accusations graves portées contre Rusesabagina et l’ensemble des éléments de preuve portés par l’accusation, dont une grande partie a été fournie par la coopération des autorités judiciaires d’un Etat membre » en l’occurrence la Belgique.
Tout cela n’a fait que provoquer l’ire de Kigali qui cria au « néocolonialisme ». Dans la foulée de ce bras de cette joute diplomatique, Kigali annula la rencontre ministérielle Kigali-Bruxelles, qui était prévue en marge de l’assemblée générale des nations unies à New York.
Alors que cette réunion ministérielle s’est tenue sur deux jours, la pratique diplomatique veut que les rencontres en marge soient prévues longtemps à l’avance pour la gestion des agendas respectifs.
Il est curieux de savoir que, à moins que ce soit dans les coulisses, jusqu’au commencement de la réunion, ni Kigali encore moins Bruxelles n’avait annoncé une rencontre entre les deux chefs de la diplomatie. Par ailleurs, aucun officiel Rwandais n’etait prévu à l’agenda de la Ministre Belge.
Néanmoins, comme les autres, elle s’est rendue au mémorial de Gisozi et c’était prévu qu’elle se rendra au camp Kigali où les casques bleus Belges avaient été tués par la garde présidentielle de Habyarimana. D’aucuns pensaient que Sophie Wilmès serait commissionnée par l’UE, de rendre visite à Rusesabagina, dans la prison. Une hardiesse qui risquerait de créer un incident diplomatique!
On est toujours sur les traces de Sophie Wilmès pour scruter un probable huis-clos avec son homologue rwandais Vincent Biruta ou quelques pas vers la prison de Kigali.