Le vendredi 16 août 2024, les Forces de défense du Rwanda (RDF) ont annoncé la mise en place d’un nouveau programme de recrutement pour les jeunes rwandais souhaitant intégrer l’Inkeragutabara, une unité de réserve militaire. Cette décision, présentée lors d’une conférence de presse par le porte-parole de l’armée, Brig. Gen. Ronald Rwivanga, et le Colonel Lambert Sendegeya, responsable des ressources humaines de la RDF, vise à renforcer la sécurité nationale tout en offrant aux jeunes une opportunité de contribuer à la défense du pays.
Historiquement, l’Inkeragutabara était composée d’anciens militaires retraités, engagés temporairement dans des missions de sécurité. Cependant, ce nouveau programme ouvre les portes à un recrutement élargi, incluant non seulement les jeunes diplômés, mais aussi ceux ayant des compétences spécifiques, indépendamment de leur âge.
Les jeunes recrutés dans ce cadre bénéficieront d’une formation de six mois à l’École militaire de Gabiro. À l’issue de cette formation, ils seront intégrés avec le grade de « private » et pourront continuer à exercer une activité civile tout en étant mobilisables en cas de besoin militaire.
Les critères de recrutement sont stricts : les candidats doivent avoir achevé au moins l’enseignement secondaire, les âges limites variant selon le niveau d’études. Par exemple, les détenteurs d’un diplôme universitaire de deuxième cycle ne doivent pas dépasser 28 ans.
Interrogé sur les motivations derrière cette initiative, Col Lambert Sendegeya a précisé que l’objectif principal est de préparer les jeunes à soutenir les forces régulières, dans un contexte où la sécurité nationale nécessite une vigilance accrue. Bien que certains aient émis des préoccupations quant à un lien possible avec les tensions régionales, notamment dans l’est de la République Démocratique du Congo, Brig. Gen. Rwivanga a démenti toute relation directe, affirmant que cette démarche vise avant tout à professionnaliser davantage l’armée rwandaise.
Cependant, cette initiative ne peut être isolée du contexte régional. Le Rwanda a été accusé par des experts des Nations Unies d’avoir déployé près de 4 000 soldats dans l’est du Congo, où les tensions sont croissantes. Le président Paul Kagame, lors de son discours d’investiture le 11 août 2024, a largement abordé les questions de sécurité régionale, accusant le gouvernement congolais de collusion avec les FDLR, une milice opposée à Kigali, tout en défendant les actions des rebelles du M23.
Ces développements montrent que le Rwanda se prépare activement à toute éventualité dans une région de plus en plus instable. Les critiques soulignent que cette militarisation accrue pourrait être un signe de la volonté de Kigali de renforcer son influence sur ses voisins, en prévision de conflits potentiels. Bien que les autorités rwandaises insistent sur le caractère défensif de ces mesures, la situation reste tendue et sujette à des interprétations divergentes.