Rwanda/Royaume-Uni: Controverse et Silences du Gouvernement Britannique

Le 25 août 2024, des documents confidentiels révélés par le journal britanique The Mirror ont mis en lumière une situation préoccupante : alors que le Parlement britannique votait en faveur de la loi « Safety of Rwanda », des plans de guerre étaient discrètement préparés par les responsables du ministère des Affaires étrangères en cas de conflit entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC). Ces plans ont été élaborés malgré des tensions croissantes entre les deux pays, et le gouvernement britannique, tout en défendant le Rwanda comme un pays sûr pour l’accueil des demandeurs d’asile, était conscient de la possibilité d’un conflit majeur.

Les documents, obtenus grâce à la loi sur la liberté de l’information, révèlent que l’ancien Ministre des Affaires étrangères, David Cameron, et son adjoint, Andrew Mitchell, ont été informés de ces tensions dès le 17 janvier 2024, le jour même où le projet de loi a été approuvé par la Chambre des communes. Les informations indiquent que des troupes avaient traversé la frontière entre la RDC et le Rwanda, exacerbant les tensions déjà élevées dans la région. Malgré cela, aucune mention de ces risques de conflit n’a été faite lors des débats parlementaires.

Cette révélation a provoqué l’indignation de plusieurs groupes de défense des droits humains, qui dénoncent l’hypocrisie du gouvernement britannique. Alors que les ministres conservateurs insistaient publiquement sur la sécurité du Rwanda, ils étaient en privé alertés de la possibilité d’un conflit régional. Selon Alistair Carmichael, porte-parole des affaires intérieures des Libéraux-Démocrates, « Les Conservateurs ont piétiné le Parlement et dissimulé les faits pour faire passer une loi inutile. » De plus, le secrétaire d’État américain avait déjà mis en garde contre un risque de guerre entre le Rwanda et la RDC, tandis que le président de la RDC, Félix Tshisekedi, accusait ouvertement le président rwandais, Paul Kagame, de soutenir les rebelles du M23, impliqués dans des crimes de guerre.

Malgré ces avertissements, les députés britanniques ont été sommés de déclarer le Rwanda comme un pays sûr, une décision largement critiquée par les organisations humanitaires. Steve Smith, directeur de l’association Care4Calais, a souligné que les préoccupations concernant la sécurité du Rwanda ont été ignorées, même après que la Cour suprême britannique a jugé que le pays n’était pas sûr pour les réfugiés.

La stratégie du gouvernement britannique, visant à envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda, a coûté 700 millions de livres sterling et pourrait atteindre 10 milliards de livres si elle est relancée. Malgré ce coût astronomique et les risques évidents, certains dirigeants conservateurs, tels que Robert Jenrick, continuent de plaider pour une version renforcée du plan.

Cette situation met en lumière les incohérences et le manque de transparence du gouvernement britannique concernant sa politique au Rwanda. Alors que les tensions régionales menacent de dégénérer en conflit, la gestion de cette crise par les autorités britanniques soulève de sérieuses questions sur l’intégrité et la moralité de leurs décisions.

Cette affaire révèle non seulement les contradictions internes du gouvernement britannique mais soulève également des inquiétudes quant à l’implication continue du Royaume-Uni dans des politiques controversées qui risquent d’aggraver les conflits régionaux. Le manque de transparence et l’obsession de maintenir une apparence de sécurité au Rwanda, malgré les preuves contraires, montrent un mépris troublant pour les conséquences humaines de ces décisions politiques.