Affaire Kizito Mihigo: la diffusion d’une nouvelle confession

Une interview « confession » du chanteur Kizito Mihigo a été mise en ligne et diffusée à la radio, quelques heures après l’audience du lundi 21 avril, où ce dernier a plaidé coupable de tous les chefs d’accusation et a demandé à pouvoir être assisté par un avocat. Ce rescapé du génocide et ses trois co-accusés sont notamment accusés « d’atteinte à la sûreté de l’Etat », de « complicité de terrorisme » ou encore de « trahison ». Selon la police, ils auraient fomenté une attaque à la grenade et un coup d’Etat avec la rébellion des FDLR – dont certains dirigeants sont accusés de génocide – et le parti d’opposition en exil, le RNC. Les deux groupes démentent toute implication dans ces attaques à la grenade et condamnent ces arrestations.

Kizito Mihigo avait déjà été présenté devant les médias, le 15 avril dernier, au lendemain de l’annonce de son arrestation, alors que ses proches avaient déjà signalé sa disparition depuis plus d’une semaine. Ce jour-là, il apparaissait encadré par des policiers. Face à la presse, et notamment la presse internationale, il avait déclaré avoir été en contact avec une personne en lien avec des partis politiques – sans plus de précisions.

Mais il disait n’avoir fait qu’échanger des conversations par Internet, dans lesquelles il critiquait fortement le gouvernement. Le tout, avant d’appeler les Rwandais à s’aimer les uns les uns. Les policiers ont alors mis fin à cette confession publique. Selon plusieurs sources, des journalistes proches du gouvernement avaient été invités, dans la foulée, à venir interroger le chanteur.

Deuxième interview

Dans cette seconde interview, Kizito Mihigo explique qu’un chercheur rwandais lui a parlé d’un voyant qui évoquait lui-même une guerre en préparation au Rwanda. Ce chercheur lui aurait présenté un jeune surnommé « Sankara » qui collaborerait avec la direction du RNC. Au cours de ces conversations à trois, Kizito Mihigo aurait accepté l’idée de lire un communiqué dénonçant l’absence d’Etat de droit au Rwanda et appelant la jeunesse à se soulever. Il aurait également accepté l’idée d’aller voir les FDLR et d’être pris en photo avec un de leurs enfants.

Le chanteur reconnait aussi, dans cet enregistrement, avoir souhaité que du mal arrive au président pour éviter la guerre et demande pardon. Quant à sa chanson « la signification de la mort », Kizito Mihigo explique l’avoir écrite de lui-même, mais avoir peut-être été influencé par toutes ces conversations. « Si je n’avais pas conversé avec eux, j’aurais peut-être évité de comparer la vengeance avec le génocide parce que ça allait donner un coup de main aux négationnistes. Mais je n’y ai pas pensé », entend-on dire Kizito Mihigo.

Le chanteur avait, dans sa dernière composition, évoqué non seulement les victimes du génocide mais aussi celles des crimes dont est accusé le FPR. « Même si le génocide m’a rendu orphelin, cela ne m’a pas fait perdre toute empathie pour les autres », chantait cet artiste rwandais. Dans cette interview « confession », alors qu’il est en détention, Kizito Mihigo dément toutefois tout lien avec une quelconque attaque à la grenade. Il dit, à plusieurs reprises, regretter les paroles qu’il a pu écrire ou prononcer, et demander la clémence des autorités.

Avec RFI