Burundi: Du Wait and see

Je suis d’avis que Nkurunziza aurait mieux fait de partir à la fin de ce mandat. Mais ses arguments ne sont pas moins pertinents. En effet, par principe voulu par les Burundais, Nkurunziza apparaît comme le coupable d’une ambition folle. Et si l’on considère que ces mêmes burundais se sont piège par une constitution floue, qui devient coupable?

En droit, il est reconnu que ce qui est exceptionnel déroge des principes généraux. Dans la constitution burundaise, il est reconnu que le mandat de 2005 à 2010 était exceptionnel. Ce genre de président ne pouvait pas dissoudre le parlement mais l’inverse était possible. Le législateur de 2005 ayant été défaillant, Nkurunziza s’est glissé dans la brèche.

Pour jouir de deux mandats au suffrage universel direct. Ce n’est pas aussi fou que les activistes s’ingenient à le faire croire. Et d’aucuns sont d’avis que la question du mandat n’est qu’un prétexte. Avec l’accord d’Arusha et l’accord global de cessez le feu, certains extrémistes Tutsis désespèrent de constater qu’il n’y aurait plus un président tutsi. Ils ont alerté depuis contre un génocide et une prétendue milice Imbonerakure qu’ils assimilent aux interahamwe de triste mémoire. Mais venez à Bujumbura et vérifiez qui maintenant blessent les forces de l’ordre et brûlent les pneus sur les axes routiers. Même si le mandat était contesté légalement, les manifestations auraient été justifiée après le dépôt de ladite candidature devant la CENI et des recours infructueux devant la cour constitutionnelle.

A ce moment, les manifestations se justifier aient comme dernier recours et pressions de la dernière chance pour une solution politique. Quand on se bat pour un droit par des moyens illégaux, on ne doit pas être déçu si on débouche sur une impasse. Pour le cas du Burundi, c’est encore du Wait and see.

Nkurunziza n’est pas le seul Hutu mais il est très influent dans son système. Ceux qui ont cru encore en lui doivent avoir des raisons que vous ignorez.

Le malheur des Rwandais est de chercher à donner des leçons au Burundi en lisant leur propre histoire. N’oublions jamais que les deux pays ont toujours évolué différemment. Je vois des extrémistes tutsis du Burundi tendre les mains au sauveur à venir de Kigali soit disant pour arrêter un génocide. Ils multiplient maladresses et actes de violence devant le regard clairvoyant de la communauté internationale. Et Kagame joue le malin et reste méfiant.

Je vois des extrémistes hutus rwandais conseiller aux Burundais la conduite à tenir pour ne pas finir comme eux, sur le ban de la communauté internationale! Vous parlez d’un Hutu Nkurunziza et oubliez que bien des Tutsis de l’UPRONA, de la coalition de COPA, des organisations de la société civile rejettent la manipulation de ceux qui se cachent derrière l’interprétation tendancieuse de l’accord d’Arusha pour créer le chaos au Burundi.

Je dis que la situation est encore du « Wait and see » car elle peut évoluer selon la position de l’arbitre externe: la communauté internationale. Kagame dit qu’elle a abandonné les Tutsis rwandais entre les griffes des interahamwe et vous savez que c’est archifaux. Si vous avez la même lecture des faits rwandais que moi, le débat peut continuer. Sache que ce qui se passe au Burundi m’afflige énormément.

Et il faut nuancer car ce sont des extrémistes tutsis et des politiciens hutus à mal d’assises populaires qui ont choisi d’attaquer violemment le régime en place. Ils pouvaient aller aux urnes et battre Nkurunziza? Ils se disent démocratiques mais en rejettent l’essence même: le choix du peuple! Allez savoir pourquoi! Sur 129 communes du Burundi, 125 sont calmes.

Il est vrai que les déclarations incendiaires de certains politiciens, de certains activistes, de certains médias ont poussé bien des Burundais à fuir. Il y a deux camps qui rivalisent pour deux solutions différentes : un pour les élections et un autre pour une transition à la Burkinabé.

Daniel Kabuto