La Position de la RDC sur la Construction d’un Mur à la Frontière avec le Rwanda

Le 20 mars 2024, dans la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), Kinshasa, s’est déroulée une réunion cruciale entre le Président de la RDC, Félix Tshisekedi, et son homologue du Soudan du Sud, Salva Kiir, actuellement à la tête de l’Organisation de l’Unité Africaine. Cette rencontre intervient dans un contexte de tensions prolongées aux frontières entre la RDC et le Rwanda, exacerbées par des accusations mutuelles de soutien aux groupes rebelles.

Félix Tshisekedi a clairement exprimé qu’il n’envisageait pas la construction d’un mur le long de la frontière avec le Rwanda, une proposition soulevée par des citoyens et des organisations non gouvernementales préoccupés par la sécurité. Selon lui, une telle initiative ne ferait qu’engendrer des regrets, compte tenu de la longueur de la frontière qui s’étend sur des milliers de kilomètres. Il a souligné que les ressources financières devraient plutôt être allouées à d’autres secteurs nécessitant un développement urgent.

L’accusation portée contre le président rwandais, Paul Kagame, par Tshisekedi, selon laquelle le Rwanda est à l’origine des troubles en RDC, a été réitérée, bien que Tshisekedi ait également exprimé son espoir d’une résolution future où la paix prévaudrait, permettant ainsi aux deux nations de coexister harmonieusement. Le Rwanda, de son côté, continue de nier les allégations à son encontre, pointant plutôt du doigt la coopération de la RDC avec le FDLR, un groupe rebelle opposé au gouvernement rwandais.

Le président Tshisekedi a rappelé que le conflit ne résidait pas entre les peuples des deux pays, mais était plutôt le résultat d’actions menées par des individus spécifiques visant à déstabiliser la région. Il a mis en avant la nécessité d’adresser ces questions par des moyens politiques et diplomatiques, plutôt que par des solutions militaires ou des constructions physiques comme un mur.

Les échanges entre Tshisekedi et Paul Kagame n’ont pas manqué de critiques mutuelles, Kagame ayant précédemment accusé Tshisekedi de ne pas mesurer les conséquences de ses propos dans une interview accordée à Jeune Afrique. Malgré cela, les conflits entre les forces de la RDC et les rebelles du M23 se poursuivent dans l’est du pays, et les efforts pour rétablir la paix restent vains.

La situation s’est compliquée davantage après le retrait, fin 2023, des forces de la région de l’Afrique de l’Est, jugées inefficaces par la RDC dans la lutte contre le M23, et leur remplacement par les forces de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). Bien que l’Union Africaine ait approuvé le déploiement de ces forces, le Rwanda a exprimé son mécontentement, accusant les forces de partialité en faveur de la RDC.

Dans leur rencontre, Tshisekedi et Kiir ont appelé à la revitalisation des accords de Nairobi et de Luanda, visant une solution rapide à l’insécurité dans l’est de la RDC, et ont plaidé pour une harmonisation des efforts pour atteindre une résolution durable du conflit.