LETTRE DES FDLR A L’INTENTION DU SECRETAIRE GENERALE DE L'ONU, MONSIEUR BAN KI –MOON.

A SON EXCELLENCE MONSIEUR BAN KI-MOON, SECRETAIRE GENERAL DES
NATIONS-UNIES, A NEW YORK.
Objet : EVOLUTION DU PROCESSUS DES FDLR ET DESIDERATA POUR SON
ABOUTISSEMENT RAPIDE.

Excellence Monsieur le Secrétaire Général,
LES FORCES DEMOCRATIQUES DE LIBERATION DU RWANDA, FDLR en sigle,
tiennent à vous exprimer leurs sincères remerciements pour votre appui
significatif dans leur processus de désarmement volontaire dans le but
de rechercher une paix durable dans la Région des Grands Lacs
Africains en général, et au Rwanda en particulier.
Les FDLR vous remercient également pour les préparatifs en cours en
vu d’accueillir les réfugiés hutu Rwandais sortant des forêts de la
RDC pour être regroupés dans un CAMP qu’il convient d’appeler « CAMP
DE VERITE » (cfr document en annexe pour ce qui est des raisons et
avantages du CAMP DE VERITE) souhaité par les FDLR et que vous avez
exaucé en nous accompagnant au jour le jour.
Par ailleurs, les FDLR s’adressent à votre bienveillante haute
autorité pour d’une part, vous informer de l’évolution de leur
cantonnement dans ledit CAMP DE VERITE, d’autre part, vous exprimer
les difficultés qu’elles éprouvent tout en vous soumettant leurs
desiderata. Comme vous le savez bien – même s’il y en a qui veulent
biaiser la vérité pour leurs intérêts inavoués et qui cherchent à
s’immiscer dans le processus pour le saboter et le faire dérailler –
nous les Rwandais nous vivions en paix dans notre propre pays, le
Rwanda lorsque subitement l’armée du FPR déclencha la guerre qui vient
d’emporter plus de huit millions de Rwandais et Congolais.
Mais ce qui est dommage, c’est que les ressortissants réfugiés du
Rwanda, pays membre de l’Organisation des Nations- Unies dont vous
assurez la direction, ont été massivement et sauvagement massacrés au
cours de ces dernières années par le FPR et son armée et que jusqu’ à
date leurs ossements sont restés exposés sur les collines et d’autre
jonchent les rivières sans personne pour les enterrer. Cette
extermination des réfugiés a commencé le 01 Octobre 1990 avec
l’agression du Rwanda par le FPR et a atteint son paroxysme depuis
KIBEHO au RWANDA jusqu’en RDC où les réfugiés rwandais et autochtones
congolais ont fait l’objet de massacres systématiques et à grande
échelle sur base de leur appartenance à l’ethnie hutu et les
congolais ayant cette ressemblance à tel point que plus de 6 millions
de congolais ont péri.
Suite à de tels actes ignobles et barbares, les réfugiés rescapés on
dû se regrouper et créer les FDLR pour exercer leur droit à la
légitimité défense pour pouvoir survivre. Ces armes que nous sommes
entrain de remettre dans ce processus en cour ont été récupérées sur
ceux-là mêmes qui venaient nous pourchasser dans les forets pour nous
exterminer. C’est pourquoi nous les considérons comme propriétés du
Rwanda. Le fait de les déposer maintenant, ce n’est pas parce qu’elles
ne nous ont pas servi ou ne nous servent plus, c’est parce que plutôt
on nous promet de ne plus être inquiétés pour nos vies une fois
regroupés dans les CAMP DE VERITE où nous allons pouvoir dire et
étaler toute la vérité sur la tragique situation que nous avons vécue.
Ces armes que nous déposons en ces moments ont assuré non seulement
la protection des combattants encore en vie, mais aussi celle de toute
la population civile rwandaise réfugiée rescapée des massacres
systématiques, pour permettre à cette dernière de vaquer aux activités
champêtres de subsistance sur le sol nourricier étranger, voilà une
vingtaine d’années abandonnée à son triste sort, car l’ONU, ayant cru
dans le message du gouvernement du FPR qui prétendait avoir résolu
définitivement le problème des réfugiés rwandais sur le sol congolais
avec sa fameuse politique de «cessation clause » ne pouvait pas s’en
préoccuper.
Bien qu’au niveau de l’ONU vous n’ayez pas encore adopté le Projet
MAPPING REPORT, ses accablantes révélations ont fait trembler le
gouvernement de KIGALI et l’on amené à créer le M23 pour ensuite le
vouer au sacrifice afin que son démantèlement décide l’ONU à faire
subir aux FDLR le même sort et, de ce fait, enterrer pour de bon la
vérité sur ce qui est arrivé aux réfugiés rwandais en RDC. Sur ce
point, les FDLR remercient la sage clairvoyance de l’ONU qui ne s’est
pas empressée à s’attaquer immédiatement à elle [FDLR] après la
défaite du M23, ce qui constitue un intérêt réel commun aux FDLR, à
l’ONU et à la SADEC, puisque les crimes par l’armée du FPR de
massacrer les réfugiés hutu rwandais ainsi que les autochtones
congolais leur ressemblant seraient couverts par les attaques
onusiennes contre les réfugiés rescapés, tant implicitement souhaitées
par le Rwanda, lesquelles attaques auraient eu pour effet de faire
de l’ONU le coauteur du FPR dans lesdits crimes, et ainsi empêcher
cette institution de poursuivre les crimes dans lesquels elle serait
alors impliquée.
Aussi les FDLR ont-elles fait ainsi pour éviter que leur démarche de
se regrouper dans le CAMP DE VERITE ne soit étouffée dans l’œuf. Les
FDLR se félicitent de l’état d’avancement du processus avec
l’accompagnement de l’ONU après un long moment de suspicion sur la
complicité de l’ONU avec le gouvernement du FPR dans son plan de
génocide des hutu ; mais cette suspicion est maintenant levée parce
que les FDLR connaissent désormais la vérité.
Quand bien même les FDLR se sont rendues compte que l’ONU n’est pas de
connivence avec le gouvernement du FPR, les Rwandais se trouvant dans
les forêts congolaises ne l’entendent pas tous de cette oreille, non
pas à cause d’une mauvaise compréhension, mais à cause de leur
histoire.
Il n’est pas du tout aisé ni automatique de faire revenir quelqu’un
vivre dans les camps alors qu’il se souvient encore comme si c’était
hier de ses mésaventures dans les camps qui l’hébergeaient mais qui,
par la suite, furent attaqués et détruits alors que placés sous la
protection d’une institution si puissante qu’est l’ONU.
Autre chose, lorsqu’il entend la MONUSCO marteler « Si vous dépassez
le 02 Janvier 2015 sans que tout le monde ne se soit rendu dans les
camps, nous vous tirerons dessus ! » Loin d’entendre la vérité, il
n’enregistre que traumatisme et conclut que l’ONU va parachever le
plan de KAGAME et son armée d’exterminer les rescapés de leurs
massacres. Cela ne fait que raviver les impressions que les FDLR se
faisaient dans l’ensemble, comme quoi l’ONU a soutenu le FPR dans son
plan de génocide des hutu et avec comme conséquence de gagner
davantage l’esprit du pauvre réfugié rescapé, le dissuadant ainsi
d’aller se faire regrouper avec les autres dans le CAMP DE VERITE.
Ceci constitue l’obstacle majeur dû, non pas à une mauvaise
compréhension de l’exécuter, mais plutôt à l’histoire récente vécue.
Comme la démarche de se regrouper dans le CAMP DE VERITE est une idée
propre aux FDLR avec pour objectif de:
1. Dire la vérité au monde entier ;
2. Servir d’exemple aux artisans de la paix dans la Région des Grands
lacs Africains ;
3. Tenir un dialogue franc avec toute la population rwandaise
innocente, parce que nos exterminateurs ne veulent pas entendre parler
de notre survie, puisque témoins potentiels à leur charge.
Nous persistons à poursuivre le processus. Cependant, suite aux
obstacles liés à la ré
cente histoire vécue, nous demandons ce qui suit
:
1) Nous demandons à l’ONU et à la SADC de reporter la date butoir du
02 Janvier 2015 pour que, même ceux qui n’ont pas encore appréhendé la
vérité des choses aient du temps suffisant pour se rendre à l’évidence
et sortir donc des forêts.
2) Nous demandons que soit aboli l’expression « nous allons tirer sur
les réfugiés rescapés des massacres du FPR » puisque lorsque cette
expression sonne dans les oreilles de ces infortunés, elle leur
rappelle beaucoup d’atrocités subies antérieurement et suscite en eux
l’horreur envers tous ceux qui le prononcent y compris même ceux qui
n’ont rien eu à avoir avec ces atrocités, en l’occurrence l’ONU,
entrainant ainsi un certain durcissement des cœurs des candidats au
processus.
3) Nous demandons à l’ONU de tout faire pour rassurer et rétablir tous
ceux qui sont déjà dans le CAMP DE VERITE dans leur pleine dignité
humaine dont ils ont été déchus lors du démantèlement des camps qui
les hébergeaient en 1996 alors que sous la protection de l’ONU.

4) Nous demandons à l’ONU d’adopter rapidement le projet MAPPING
REPPORT et lui réserver une suite appropriée notamment en diligentant
une enquête judiciaire internationale et indépendante ainsi qu’en
créant un tribunal pénal international pour qualifier juridiquement
les faits relatifs aux massacres systématiques des réfugiés hutu
rwandais et des autochtones congolais leur ressemblant en RDC et juger
leurs auteurs. De la sorte, les populations victimes du RWANDA et de
la RDC, pays membres de l’ONU, auront retrouvé l’espoir de vivre et
d’être considérées comme des êtres humains à part entière.

5) Nous demandons que soit organisé dans les meilleurs délais un
dialogue entre le gouvernement du FPR et la véritable opposition
rwandaise dont font partie les FDLR.

Excellence Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Dans l’espoir d’une prise en compte de votre part, de leurs désidérata
pour une suite appropriée, les FDLR vous prient, excellence Monsieur
le Secrétaire Général, l’expression de leur haute considération.

Fait à WALIKALE/RDC, le 27 Décembre 2014

BYIRINGIRO Victor
Général Major
Président ai des FDLR
(sé)