Rwanda-Justice Internationale. Cas Hassan Ngeze.

Quand un illettré mythomane recruté en 1987  comme “agent double” fait chanter le monde entier depuis trois décennies.

L’homme

Selon l’Acte d’accusation du TPIR (ICTR-97-27), Hassan Ngeze serait né en 1962, mais selon ses proches, il serait plutôt né en 1957. Il est issu d’un couple des rares musulmans du Rwanda qui était installé à Gisenyi au Nord-Ouest du pays à la frontière avec la République Démocratique du Congo. Son appartenance ethnie est non connue surtout que certains prétendent que son père était d’origine burundaise.,

Le jeune Hassan Ngeze quoique visiblement doué et débrouillard, ne pourra pas dépasser le cycle primaire dans son parcours scolaire. Dès l’adolescence, il s’adonnera alors aux petits boulots et trafics divers entre Goma et Gisenyi dont il maîtrisait les méandres. Devenu adulte, il se maria une première fois avec une jeune musulmane de sa génération , mais après quelques années, il prendra aussi une autre femme que lui ont présentée les puissants hommes d’affaires de Gisenyi notamment un certain Valens Kajeguhakwa.

Période avant l’invasion

Vers 1987, il fut embauché dans une des entreprises de Valens Kajeguhakwa nommée SODEVI qui avait dans son volet des activités culturelles tel un orchestre et un hebdomadaire. Hassan Ngeze débuta comme vendeur dans un kiosque mais devint vite un des informateurs de l’hebdomadaire du même Kajeguhakwa au titre de «Kanguka”. Cet hebdomadaire avait comme rédacteur en chef un certain Rwabukwisi Vincent qui signait sous l’acronyme de ” Ravi”. Et comme son nom l’indique Kanguka avait pour objectif et ligne éditoriale de réveiller les tutsi de l’intérieur et les opposants au régime du MRND de Juvénal Habyarimana, que l’heure était venue pour renverser ce régime.

Hassan Ngeze pris du galon dans Kanguka et même devenait un rédacteur qui signait sous son nom plusieurs articles incendiaires à l’époque. C’est ainsi qu’il était souvent envoyé en Ouganda pour suivre les préparatifs de l’invasion du Rwanda que les éléments tutsi de la NRA, l’armée régulière de l’Ouganda progétaient. C’est de retour d’une de ses missions de Kampala qu’il publia, photos en appui, ses allées et venues à l’Etat Major de l’armée de l’Ouganda où il rencontrait les officiers tutsi de cette armée. Il fut alors arrêté par le Parquet du Rwanda pour “ atteinte à la sécurité de l’Etat” et pour propagation de rumeurs et pour tentatives de semer les troubles dans le pays en 1989. Il fut vite libéré,  après un simulacre de procès dans lequel le Procureur Général de l’époque( Nkubito Alphonse Marie) qui seul avait la compétence pour poursuivre le crime d’atteinte à la sécurité de l’Etat mais lui aussi de mèche avec Kajeguhakwa et les officiers tutsi de l’armée ougandaise, retira sa plainte sous prétexte de preuves insuffisantes.

Après l’invasion

Deux mois avant l’invasion du Rwanda par les éléments tutsi de l’armée régulière de l’Ouganda, soit en août 1990, le mentor de Hassan Ngeze, Valens Kajeguhakwa se repliera en Ouganda amenant avec lui un originaire du Bushiru à qui il venait de marier à sa belle soeur tutsi , nous voulons dire Pasteur Bizimungu. Mais il laissa les sous-fifres de sa nébuleuse dont Hassan Ngeze au Rwanda. Et le 01 octobre 1990 le Rwanda fut envahi par l’armée ougandaise. Les agents de l’envahisseur laissés au Rwanda par Kajeguhakwa se partagèrent alors les rôles pour brouiller les pistes. Le rédacteur en chef de “ Kanguka” Rwabukwisi Vincent dit “ Ravi” continua sa ligne éditoriale , ce qui semblait logique car étant tutsi lui même, il ne pouvait que soutenir les tutsi envahisseurs! Quant à Hassan Ngeze il lui fut assigné pour tâche d’infilter les milieux hutu et surtout du parti présidentiel MRND en se présentant comme une de leurs voix dénonç ant l’agression des Inkotanyi. Il fonda alors l’hebdomadaire “ Kangura” qui entendait contrebalancer le Kanguka des tutsi. Il lui fut donné pour consigne de publier des articles tellement provocateurs et extrémistes anti-tutsi pour qu’il soit accepté mais selon ses manipulateurs pour pouvoir servir le moment venu comme preuve de la planification et l’exécution d un  génocide que ces tutsi appellaient de leurs vœux pour leur donner la légitimité de régner sur le Rwanda militairement conquis. ( Les dix Commandements des hutu, etc…).

Exil au Kenya

Ayant rempli sa mission, quand les Inkottanyi ont conquis tout le pays en juillet 1994, Hassan Ngeze feignera de fuir avec les personnalités hutu. Bizarrement il logera dans des hôtels 5 étoiles de Nairobi tout en continuant à publier son “ Kangura” à grand frais et tirages comme pour faire un appel de pied au nouveau régime de Kagame à Kigali et à ses sponsors en disant: “ils sont encore vivants et actifs ici”.  C’est à cette époque que les premiers réfugiés hutu ( Col Theoneste Lizinde, l’homme d’affaires Bugilimfura)furent assassinés par balles en pleine rue à Nairobi par des individus identifiés par la suite comme des diplomates à l’ambassade du Rwanda au Kenya et  des contacts réguliers de Hassan Ngeze.

Arrestation par le TPIR

En juillet 1998, le TPIR qui avait été créé par l’ONU fin 1994, procédera  à une opération d’arrêter plusieurs anciens dignitaires et cadres hutu du régime déchu alors localisés au Kenya principalement dans la capitale Nairobi. Dans une opération baptisée du nom de code “ NAKI” pour Nairobi-Kigali, une dizaine de personnalités hutu habitant Nairobi et Mombasa furent arrêtées le même jour et à la même heure. Hassan Ngeze était parmi les arrêtés mais curieusement c’est lui qui laissa une note autentique du procureur du TPIR dans laquelle il préçisait la liste de tous ceux qui étaient recherchés par cette opération NAKI. La liste de Ngeze Hassan était si précise que tous ceux qui y figuraient furent effectivement arrêtés sauf deux personnes qui ont pu échapper de justesse mais qui seront arrêtées plus tard et ailleurs qu’au Kenya. Nous voulons parler du Colonel Renzaho Tharcisse et de Monsieur Félicien Kabuga.

Procès

Hassan Ngeze a été jugé dans un procès regroupant quatre accusés et baptisé “Médias”. Ses co-accusés étaient Ferdinand Nahimana, Jean Bosco Barayagwiza et le belgo-italien George Ruggiu.Jean Bosco Barayagwiza décédera au Bénin en 2010 où il purgeait sa peine de 25 ans d’emprisonnement, tandis que George Ruggiu plaidera coupable et écopera d’une peine réduite et il fut vite libéré. Quant à Ferdinand Nahimana , il sera condamné à 25 ans d’emprisonnement mais sera libéré après avoir purgé les 2/3 de sa peine comme le prévoyait le réglement du TPIR. C’est donc dire que parmi les quatre, seul Ngeze Hassan reste en détention. 

Détention à Arusha

Dans le quartier pénitencier d’Arusha où il fut détenu depuis 1998, Hassan Ngeze se fut remarqué par des comportements bizarres qui non seulement mettaient en danger les autres co-accusés mais aussi embarrassaient les autorités pénitentiaires de cette prison. Ainsi, il possédait des dizaines de téléphones portables dans sa cellule et ne se gênait pas pour les exhiber. Ceci provoquait les ordres pour fouiller tous les autres prisonniers de fond en comble alors qu’ils étaient étrangers aux agissements de Hassan Ngeze. Il parvint même à tourner une vidéo montrant tout l’intérieur de cette prison et même les bureaux administratifs des directeurs et sureillants de celle-ci et à la diffuser.

Mais le plus incompréhensible c’est comment il continuait à brasser des milliers de dollars jusqu’à sponsoliser et à donner des prix aux établissements d’enseignement de Tanzanie qui lui plaisaient. Et ces ordres bancaires étaient exécutés sans qu’il ne sorte de la prison, ni ne passe par ses avocats. Ce qui fut dire à certains observateurs qu’il continuait à émarger sur le budget des services qui l’employaient depuis 1987 comme la CIA ou la DMI du FPR.

Détention au Mali

Après sa condamnation définitive, Hassan Ngeze fut avec une dizaine d’autres condamnés, admis au Mali pour y purger leurs peines conformément aux accords que l’ONU a conclu avec ce pays comme avec d’autres. De la prison de Koulikoro au Mali, Hassan Ngeze perpétuera sa mégalomanie et son acharnement contre ses co-accusés sans que l’on puisse l’en empêcher ni savoir d’où il tirait sa puissance ni les moyens pour rayonner et s’imposer. De là,il s’improvisera “auteur” et publiera deux livres en Kinyarwanda dont tout éditeur sérieux et connaissant le Rwanda ne pourrait éditer. Mais en y mettant les moyens, les brulots furent édités et sortirent,  Pour le plus grand soulagement des détenus restés au Mali, mais pour le grand malheur de ceux qu’il allait rejoindre, Hassan Ngeze fut transféré au Bénin fin 2018 avec quatre autres détenus rwandais.

Détention au Bénin

Arrivé au Bénin en décembre 2018, Hassan Ngeze reprendra ses habitudes pour semer la zizanie parmi les détenus et surtout de présenter  ses co-détenus aux autorités de ce pays pour qu’elles les considèrent comme des monstres inhumains hutu rwandais, sauf évidamment lui. A moins de deux ans de séjour dans le centre pénitencier d’Akpro Missérété au Bénin, le fléau qu’est Hassan Ngeze a fini de discréditer le rwandais en général et l’intellectuel ou politicien rwandais en particulier auprès de l’opinion béninoise surtout chez les autorités à différents niveaux. Se présentant conmme “écrivain, journaliste, chercheur, historien….” alors qu’il n’a pas franchi la porte d’une quelconque école secondaire, son auditoire béninois s’etonne de  son inculture, sa mégalomanie et sa démesure dans tout ce qu’il fait et dit, et se demande comment un individu pareil pouvait avoir été un haut cadre rwandais dans la presse et sur la scène politique ( fondateur du parti CDR comme il se présente). Même les médecins béninois en arrivent à fuire tout patient rwandais de peur qu’il ne soit comme Hassan Ngeze qui. comme “ malade imaginaire” qui se fait soigner de tout et de rien, ne leur donne du fil à retordre. 

Estimant son rôle déjà joué, à savoir: discréditer la classe politique et les cadres d’avant 1994, comme agent double, mener la vie dure aux prisonniers de l’ONU condamnés par le TPIR, Hassan Ngeze vient de faire tomber son masque et se présente sous son vrai visage. Ceci dans sa dernière sortie qui est un écrit qu’il vient d’adresser au Président du MTPI à qui il exprime son allégeance au régime en place à Kigali depuis 1994 et au passage en accusant ses co-détenus de véhiculer encore et toujours une ” idéologie du génocide” . Clairement , il demande une libération et promet de rentrer au Rwanda pour charger n’importe quel opposant au FPR et surtout ceux qui étaient aux affaires avant 1994, une fois libéré. 

Conclusion

L’individu Hassan Ngeze est tout et rien: un inculte mythomane, un agent double des services des renseignements des puissances qui régentent le monde et un danger pour ses compatriotes surtout des personnalités hutu emprisonnées et pourchassées pour laisser la place aux conquérants tutsi venus d’Ouganda en 1990 qui se sont emparés du Rwanda en 1994 après quatre ans de guerre meurtrière.  De ce fait, il est un danger pour ces co-détenus. Les autorités devraient intégrer cette donne dans l’appréciation des dires et comportements de cet individu, En clair, ne pas donner foi à ses élucubrations relatives à ses co-détenus, Tout comme le MTPI devrait savoir qu’il est un dangereux prisonnier qui menace la vie et l’avenir des autres détenus du MTPI. S’il ne peut être libéré comme il le demande, que le MTPI au moins le sépare d’autres prisonniers sains d’esprit mais à qui il rend la vie encore plus difficile. Mais le plus urgent est de faire comprendre aux décideurs de la République du Bénin et spécialement à ceux qui dans leurs attributions rencontrent le dossier des prisonniers rwandais de l’ONU, que les propos et les écrits de Ngeze Hassan ne devraient pas être pris en considération dans l’appréciation et le traitement des autres détenus rwandais. Par exemple pour procéder aux fouiller journalièrement et de fond en comble sur simple dénonciation du pervers Hassan Ngeze pour des faits non établis. Bref Hassan Ngeze devrait être reconnu comme un cas pathologique et dangereux pour la société en général et pour les prisonniers de l’ONU qui partagent les mêmes lieux de détention en particulier, et donc traité comme tel.

Jean Marie Hategekimana

1 COMMENT

  1. La question posée est de savoir comment un quasi -analphabète, maitre chanteur et expert en extorsion a pu se faire une place dans la presse rwandaise. Au regard de son niveau d’instruction, il n’est sûrement pas auteur des fameux dix commandements. Il n’a jamais dit leur véritable auteur alors qu’il le connaît. Leur analyse approfondie permet de conclure que leur réel auteur est un homme de lettre qui maîtrisait notre langue et le français. Le chantage est un de ses points forts. Il agit graduellement. Sil constate que la cible ne cède pas, il abandonne. Dans le cas contraire jusqu’à mettre permettre sa victime et subséquemment obtenir ce qu’il veut. Il a fréquenté la même école que Tom Ndahiro.
    Celui-ci cuisinier du FPR, de Mulindi à Kigali, il a acquis une haute expertise dans le domaine de communication, extorsion de fonds, chantage via les médias rwandais contres cibles qui ont un portefeuille bien garni et vadrouille dans toutes les institutions de la République sous Kagame. L’ex-premier ministre Rwigema en sait quelque chose. il l’a menacé de faire des révélations imaginaires sur une prétendue participation au génocide des Batutsi par celui-ci. Il lui a offert une option, soit payer plusieurs millions de francs rwandais, soit aller croupir en prison. Rwigeama a paniqué.Il accepté de payer plusieurs millions de nos francs. Enfin, à la différence avec Tom Ndahiro qui était Interahamwe du FPR, Ngeze n’a pas fait partie des Impuzamugambi de la CDR OU de l’importe quelle organisation. même s’il était parfaitement au courant de leur activité.

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