ARROGANCE DIPLOMATIQUE AU RWANDA: DES ORIGINES AUX OBJECTIFS.

Connu pour son intolérance face à la critique, muselant aisément toute voix discordante à l’intérieur du pays, le Rwanda a adopté une stratégie d’arrogance diplomatique face à l’Occident, unique à son genre de dictature.

Une fois crainte, ignorée, moquée, mais honteusement longtemps tolérée par un bon nombre de haut responsables des pays occidentaux et des organismes internationaux qui osaient critiquer la gouvernance du pays de milles collines et de mille problèmes, elle rattrape aujourd’hui ces même responsables au grand jour.

Cette stratégie qui vise d’abord à intimider l’auteur d’un discours critique envers le pouvoir autoritaire de Kigali, a pour objectif principal de réduire au silence-radio toute voix qui se permet de mettre en doute l’autoritarisme politique qui s’impose au Rwanda depuis 1994.

Un vieux proverbe rwandais dit que la blancheur venant du sommet royal finit par se réprendre partout avant même la fin de la journée : « umwera uturutse i bukuru bucya wakwiriye hose ». Ce caractère insolent adopté par presque toute l’actuelle clique au pouvoir politique vient du sommet même qui dirige le pays.

Des éléments chronologiques aident à expliquer l’origine de cette situation qui actuellement s’amplifie de plus en plus sur des réseaux sociaux en l’occurrence twitter.

Ce n’est plus un secret, ni un tabou: L’ Armée Patriotique Rwandaise du FPR a commis de graves violations des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité dès 1990.

Laissant sa signature ensanglantée sur tout le territoire nord du pays depuis l’arrivée de Kagame à la tête de la rébellion, décapitant l’Eglise Catholique à Gakurazo au Centre du Pays en massacrant froidement la haute hiérarchie ecclésiastique, laissant un carnage apocalyptique à Kibeho terre des apparitions de la Vierge Marie et lieu de naissance de l’artiste Kizito Mihigo, avant de traverser le lac Kivu pour continuer l’horrible besogne au Congo voisin pour ne pas épargner les pauvres congolais, femmes, enfants, vieillards y compris. Inutile de citer des rapports, livres et témoignages publiés là-dessus jusqu’aujourd’hui.

A chaque fois qu’une simple question était posée sur ce brûlant dossier par un courageux journaliste international, ou par un européen ou américain épris d’un esprit de compassion humain ou plus ou moins humanitaire, la réponse de l’homme fort de Kigali était: Mais ou étiez vous pendant le génocide ? Qu’avez vous fait pour le stopper ? N’osez même plus me critiquer moi qui ai mis fin à cette tragédie. Moi l’homme fort!

Et bouche bée ! L’interlocuteur passait immédiatement à autre question et timidement à autre sujet.

Voyant que la stratégie d’ntimidation marchait au delà des frontières, « l’homme fort de Kigali » se frotta les mains !

« Personne, de Clinton à Trump, de Chirac à Macron, n’osera me demander le sang des innocents que j’ai fait gratuitement coulé dans les grands lacs et même au delà » se dit-il pour s’apprivoiser.

Conscient que la géopolitique évolue, il va camper sur cette position intimidante même au plus profond de son sommeil, quand soudain, faisant un mauvais rêve devant un tribunal onusien pour répondre de ses atrocités se réveillait en sursauts en niant en bloc tout et en demandant au juge son rôle pendant le génocide pour le réduire au silence verbal et intellectuel.

Croyant que désormais tout lui était permis, ses adversaires politiques au pays en payèrent un prix lourd. Prison à vie, massacre inexpliqué, disparition forcée, déprivation de biens, ridiculisation publique etc. Sous un silence complice o combien lourd de conséquences de toute la communauté internationale. Préférant s’acharner sur le Burundi jugé incorrectement plus fautif et plus faible.

Pour les adversaires étrangers osant demander les comptes à Kigali, ou simplement enquêtant sur ce qui se tramait au fond du pouvoir dictatorial, il fallait tout simplement les déclarer persona non grata comme Reytjens et les qualifier de tous les maux possibles dans des discours officiels et sur twitter, slogan adopté par tous les proches du pouvoir comme la fameuse Mushikiwabo qui un jour qualifia de « dégoûtant petits blancs » « utuzungu » qui osent critiquer le Rwanda. Certains curieux anonymes, le Gouveneur de la Province du Nord, l’ Ambassadeur à Pretoria, le Membre du Parlement Est Africain ancien procureur général, même la Fille du Président, sont en compétition sans fin pour le trophée du plus grand twitteur qui parviendra à museler toute voix susceptible d’être critique au Rwanda surtout en Europe ou en Amérique. En vain !

Les nouveaux parvenus en quête de pouvoir, d’influence, et de postes politiques vont intelligemment s’accaparer de cette ignoble stratégie. C’est le cas de Nduhungirehe qui passe assez de temps à composer d’ insultes sur Twitter que de temps à normaliser les relations avec les pays frontaliers.

Malheureusement, le Dr Médecin Militaire qui apparaît au bord d’une cave rempli de cadavre hutus au nord du pays en 1996 expliquant que l’ APR ne tue personne, prendra la stratégie fprienne comme sa première arme diplomatique au lendemain de sa nomination au poste de Ministre des Affaires étrangères du Rwanda. Intimidant une élue américaine, et qualifiant Diane Rwigara de criminelle avant même la fin de son procès, il croyait ainsi remercier son Président pour la nomination.

Les barres tirées sur la sortante chef de la Francophonie car avoir osée twitté sur le procès injuste des Rwigaras, sont un reflet des barres réelles tirées sur les opposants intérieurs rwandais pas pour seulement les empêcher de parler mais aussi les empêcher de respirer, de vivre. Les tuer. Et cela dure.

Madame Michaëlle Jean était parmi ces occidentaux qui croyaient en l’intimidation de Kigali. Qui avaient opté faire sourde oreille aux revendications des droits de liberté politique et de liberté d’ expression exprimées depuis bientôt 25 ans par le peuple rwandais. Elle était accueillie en grande pompe à Kigali alors Gouveneure Générale du Canada. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’elle se rend compte des vrais couleurs du pouvoir dictatorial de Kigali.

Le jeune Macron ne s’est malheureusement rendu compte de rien, ou pas encore !

Lambert Kayinamura

Nduba-Gasabo