L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) appelle à une enquête après la découverte, ces dernières semaines, de plusieurs corps dans le lac Rweru, à la frontière entre le Rwanda et le Burundi. Human Rights Watch dénonce le fait que les enquêtes soient au point mort. Kigali et Bujumbura rejettent toute responsabilité.
L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) n’est pas en mesure de confirmer les témoignages recueillis par RFI. Selon des pêcheurs burundais ainsi que des riverains rwandais de l’Akagera, ces corps auraient été jetés dans cette rivière au Rwanda, avant d’atterrir dans le lac, du côté burundais de la frontière.
« Nous n’avons pas encore pu mener nos propres enquêtes, mais nous sommes très inquiets. Les deux pays ont plus ou moins refusé de faire des enquêtes sérieuses et se rejettent la responsabilité », confie la chercheuse de HRW pour les Grands Lacs, Carina Tersakian.
Il n’y a eu ni autopsie ni tentative d’identification des quatre corps retrouvés par les autorités burundaises qui ont préféré les enterrer, officiellement pour des raisons sanitaires.
Deux autres corps ont été repêchés la semaine dernière. Cependant, les pêcheurs burundais et rwandais parlent de dizaines de corps depuis la mi-juillet.
« Nous demandons aux autorités burundaises et rwandaises de mener des enquêtes approfondies et rigoureuses pour essayer d’abord d’établir l’identité de ces victimes mais également les circonstances qui auraient pu entraîner leur mort », poursuit Carina Tersakian.
Le porte-parole de la police rwandaise, Damas Gatare, avait démenti les témoignages recueillis par RFI, assurant qu’aucun cadavre n’avait été retrouvé du côté rwandais de la frontière. Il avait également affirmé qu’il n’y avait eu aucune disparition au Rwanda.
« Human Rights Watch a recensé plusieurs cas de disparitions en 2014, surtout depuis le mois de mars. Il y a des cas sur lesquels nous avons enquêté au nord-est du Rwanda. Certaines de ces personnes sont réapparues en prison au bout de plusieurs semaines ou encore de plusieurs mois. D’autres sont toujours portées disparues », précise Carina Tersakian.
Interrogée sur la situation au Burundi, la chercheuse de HRW dit ne pas avoir recensé de cas de disparitions. Elle explique cependant qu’il y a « toujours des détentions arbitraires et des personnes qui sont détenues pour des périodes très longues ».
Carina Tersakian tient également à souligner qu’elle ne pense pas « que l’on puisse faire un lien, pour le moment, entre ces différentes tendances de disparitions dans les deux pays et les corps retrouvés sur le lac Rweru. On manque d’informations, c’est pour cela que des enquêtes sont absolument nécessaires », conclut-elle.
RFI