COMMUNIQUE DU GOUVERNEMENT SUR LE REFOULEMENT DES REFUGIES BURUNDAIS PAR LE RWANDA.

1. Ce Dimanche 01 avril 2018, le Gouvernement du Burundi a été informé d’un
mouvement de retour au pays de 1.604 réfugiés Burundais expulsés du
Rwanda via le poste frontière Nemba-Gasenyi en Province de Kirundo, sur
2.500 personnes recensées à leur arrivée sur le sol Rwandais en provenance
de la République Démocratique du Congo, il y a quelques semaines.

Ces rapatriés étaient constitués essentiellement de femmes, d’enfants et de personnes âgées.
2. Selon les premières déclarations de ces rapatriés forcés, ils auraient été
refoulés du Rwanda parce qu’ils ont refusé d’être recrutés pour faire partie
des groupes armés en vue d’attaquer le Burundi, les plus jeunes, soit près
d’un millier de jeunes filles et garçons confondus, ayant été retenus pour être
enrôlés de force dans des groupes criminels.
3. Le lendemain 02 avril, suite à la pression de l’opinion après les protestations
des rapatriés séparés de leurs familles, deux autres groupes, cette fois,
composés des hommes et des jeunes ont été ramenés du Rwanda, mais par
d’autres chemins : 514 par la frontière Kanyaru haut et 381 par la frontière de
Ruhwa au nord-ouest. Les autorités burundaises sont occupées à vérifier les
identités pour s’assurer si ces personnes correspondent à celles réclamées par
leurs familles.
4. La thèse officielle avancée par les autorités rwandaises de refus de la part de
ce groupe de réfugiés de se faire enregistrer pour justifier leur refoulement
n’est pas fondée. Il ne s’agissait que d’un prétexte, puisque les hommes
solides et les jeunes gens triés du groupe qu’on a essayé de retenir de force
n’avaient pas renoncé à leurs croyances.
5. Pour rappel, il y a plus ou moins 4 ans, le Gouvernement du Burundi avait
enregistré le départ des adeptes de la prénommée Zebiya vers la République

Démocratique du Congo où ils se sont établis, précisément à Kamanyola. Le
comportement étrange de ces réfugiés suite à leurs croyances a provoqué une
confrontation meurtrière avec les forces de l’ordre congolaises, ce qui poussa
une partie d’entre eux à chercher asile au Rwanda.
6. A part que c’est ce même pays le Rwanda qui héberge une partie des
putschistes du mois de mai 2015 et les terroristes qui ont endeuillé le Burundi
lors des violences qui ont accompagné l’insurrection de 2015, l’enrôlement
forcé des réfugiés dont des enfants mineurs dans des groupes armés constitue
une violation grave des Traités et Conventions internationales que le Rwanda
a lui-même ratifiés, qui interdisent le recrutement, l’entrainement militaire et
l’armement des réfugiés. Les enfants capturés lors de l’attaque de Kabarore
en juillet 2015 ont été présentés aux diplomates, puis remis à l’UNICEF
après une période d’encadrement.
7. Et le Rwanda ne se limite pas à cette seule violation des instruments
internationaux. En effet, les autorités Rwandaises ont déjà également violé le
Pacte sur la Sécurité, la stabilité et le Développement dans la Région des
Grands Lacs en son article 5, alinéa 1,) ainsi que le Protocole sur la non
agression et la défense mutuelle du même pacte dans son article 4, alinéa 4,
de même que l’article 8 du même Protocole en ses alinéas qui interdisent
entre autres à « tout Etat membre d’héberger sur son territoire des groupes
armés ou insurgés participants à des conflits armés ou à des actes de violence
ou de subversion contre le Gouvernement d’un autre Etat… »
8. Il en est de même pour la convention de l’OUA de 1969 régissant les aspects
propres aux problèmes des refugies en Afrique en son Art II, Alinéa 6
stipulant que : « Les Etats signataires s’engagent à interdire aux refugies
établis sur leurs territoires respectifs d’attaquer un quelconque Etat membre
de l’OUA par toute activité qui soit de nature à faire naître une tension entre
les Etats membres, et notamment par les armes, la presse écrite,… »
9. La Convention de Niamey de l’UA sur la Coopération Transfrontalière en son
Art 2, 3 et 4 sur la Sécurité n’est pas non plus respectée par le Rwanda,
mettant ainsi en péril un texte fondamental régissant cette Organisation.
10. A plusieurs reprises, le Gouvernement du Burundi a porté à la connaissance
des plus Hautes Instances Internationales, l’EAC, la CIRGL, le Conseil de
Sécurité et très récemment au Président de la Commission de l’Union
Africaine à la veille du sommet de Kigali sur la Zone de Libre Echange
Continentale du 17 au 21 mars 2018, pour dénoncer l’absence d’évolution
dans le règlement du litige opposant le Burundi à son voisin insensible au respect de ses engagements vis-à-vis de la Communauté Internationale qu’est
le Rwanda.
11. Le Gouvernement du Burundi condamne donc avec énergie cette nouvelle
tentative d’actions déstabilisatrices par le Rwanda par l’exploitation abusive
des conditions de vulnérabilité des réfugiés en enrôlant leurs jeunes dans des
activités criminelles. Le Gouvernement demande aux autorités rwandaises
qu’en plus de ceux de cette catégorie qui viennent d’être autorisés de rentrer,
de libérer et laisser rentrer tous les autres réfugiés Burundais pris en otage
avec la complicité de certains agents du HCR-Rwanda pour des fins de
spéculations inacceptables.
12. Le Gouvernement du Burundi salue l’esprit de solidarité qui a caractérisé
les réfugiés ayant refusé d’accepter la tentative honteuse des autorités
rwandaises de les diviser dans le but de les armer contre leur propre pays. Il
encourage tous ceux qui restent encore en exil à rentrer, que le
Gouvernement et leurs compatriotes les attendent à bras ouvert et que leur
sécurité ainsi que celle de leurs biens est bien garantie.
13. Le Gouvernement du Burundi met encore les Nations Unies et surtout le
HCR devant leurs responsabilités et leur demande une fois de plus, de suivre
de près la question des réfugiés Burundais établis au Rwanda et surtout de ne
plus bloquer le retour dans leur pays à ceux qui ne cessent e le réclamer.
14. Au Président de la Commission de l’Union Africaine, le Gouvernement
demande de rappeler au Rwanda dont le Chef de l’Etat Paul KAGAME
assure la présidence de l’U.A pour cette année de 2018 de respecter les règles
élémentaires régissant cette Auguste Famille Africaine, en commençant par
le principe de bon voisinage.
15. Rappelant que toutes ces manœuvres ne visent qu’à perturber le processus
du Référendum Constitutionnel en cours, le Gouvernement rassure le Peuple
Burundais que toutes le mesures nécessaires pour sécuriser les opérations de
vote ont été prises, les perturbateurs étant condamnés à essuyer le même
échec que lors des tentatives précédentes.

Bujumbura, le 04 Avril 2018

Le Secrétaire Général du Gouvernement
et Porte Parole du Gouvernement

Philippe NZOBONARIBA