L’ancien chef d’état-major du Rwanda, Kayumba Nyamwasa, accuse le Rwanda d’avoir à nouveau tenté de l’assassiner et d’être derrière l’attaque contre sa résidence survenue lundi dernier. De son côté, la police sud-africaine a ouvert une enquête pour simple cambriolage.
Selon la police sud-africaine, un groupe d’hommes armés a fait irruption lundi dans la résidence de l’ancien chef d’état-major du Rwanda. « On ne sait pas quelle était leur mission. Mais ces hommes ont été surpris par les policiers qui gardaient la maison », explique le capitaine Paul Ramaloko, le porte-parole des Hawks, une unité d’élite de la police sud-africaine. Les présumés voleurs et les forces de sécurité présentes se sont alors battues, sans qu’« aucun coup de feu ne soit tiré », précise la police. Paul Ramaloko admet toutefois que l’arme à feu de l’un des policiers a été volée lors de cette attaque et que les Hawks recherchent activement les assaillants, ainsi que l’arme en question.
Placé sous « étroite protection »
Le général Kayumba Nyamwasa et sa femme étaient absents de la maison au moment des faits. « Nous avons été informés par les forces de sécurité que notre maison avait été attaquée et qu’il ne fallait pas qu’on y retourne », explique l’ancien chef d’état-major du Rwanda, aujourd’hui opposant en exil en Afrique du Sud. La vie du général Kayumba Nyamwasa n’est plus menacée pour l’instant, avait expliqué la police au lendemain de l’attaque, précisant toutefois qu’il avait été placé sous « étroite protection » des forces de sécurité sud-africaine. Cet opposant rwandais en exil avait déjà été victime d’une tentative d’assassinat en juin 2010, en pleine Coupe du monde de football à Johannesburg. Le procès de ses assassins présumés est toujours en cours. Depuis, il était placé sous protection de l’Etat sud-africain, ce qui explique la présence de policiers chez lui, y compris en son absence, mais aussi l’implication des Hawks dans ce dossier. « Un groupe qui fait irruption dans la maison d’une personne sous protection de l’Etat, c’est considéré comme une atteinte à la sûreté. Nous estimons que c’est un crime sérieux en bande organisée, ce qui relève du mandat des Hawks », précise encore le porte-parole de l’unité d’élite, Paul Ramaloko.
« Personne d’autres ne pourrait dépenser de l’argent pour organiser une telle attaque »
La police sud-africaine dit avoir ouvert, « pour l’instant », une enquête pour cambriolage. Mais, pour le général Nyamwasa, cela ne fait aucun doute : le Rwanda est responsable de cette attaque dont l’objectif aurait été de l’assassiner. « Personne d’autres ne pourrait dépenser de l’argent pour organiser une telle attaque contre notre résidence. Ici nous n’avons de problèmes avec personne », affirme l’opposant. Kayumba Nyamwasa avait déjà accusé Kigali d’être responsable de la mort de son ami, l’ex-chef des renseignements extérieurs,Patrick Karegeya, assassiné le 31 décembre dernier dans un hôtel de Johannesburg.
« Nous avons un dirigeant d’un genre particulier qui juste après avoir tué notre collègue, le colonel Patrick Karegeya, a reconnu publiquement l’avoir fait, mais a aussi averti les autres opposants que leur temps était compté », déclare l’ancien chef d’état-major du Rwanda, faisant référence au discours prononcé le 12 janvier dernier lors d’un petit déjeuner de prière à Kigali, par le président rwandais. « La trahison a des conséquences », avait alors prévenu Paul Kagame sans jamais prononcer le nom de Patrick Karegeya. Il avait ajouté : « Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Il reste seulement à savoir comment il deviendra une victime ». Le président Kagame avait par la suite démenti officiellement toute implication de l’Etat rwandais dans l’assassinat de son ancien chef des renseignements.
Même s’il reconnaît ne pas connaître en détail les circonstances de l’attaque contre sa résidence, Kayumba Nyamwasa estime qu’il ne peut « suspecter aucune autre personne que celle qui a déjà avoué que c’était son intention [de le tuer, lui et les autres opposants rwandais, NDLR] ». Jusqu’à présent les autorités rwandaises n’ont pas souhaité réagir à ces accusations.
Interrogés sur la possibilité d’un lien entre cette attaque et l’assassinat deux mois plus tôt de Patrick Karegeya, les Hawks, qui sont chargés des deux affaires, disent ne pas l’exclure. « Mais c’est l’enquête qui doit l’établir, au fur et à mesure de ses développements », précise le porte-parole de l’unité d’élite, Paul Ramaloko, réaffirmant qu’il ne s’agissait pour le moment que d’une enquête pour cambriolage.
Avec RFI