Clemantine est née à Kigali, la capitale du Rwanda, en 1988. Son père était un homme d’affaires qui était parti de rien et avait créé sa propre entreprise. Lorsqu’il a épousé la mère de Clémantine, il ne possédait qu’un petit garage et au fil des ans, il a progressivement construit une petite entreprise de transport en commun. Au moment de la naissance de Clémantine, son père était le fier propriétaire d’une petite flotte de minibus.
Clémantine, sa sœur grande sœur Claire et son grand frère Claude – qu’ils appelaient affectueusement «Pudi» car il portait tout le temps soit ses Adidas soit ses baskets Puma – ont reçu une éducation très stricte.
Leur mère, une épouse au foyer, ne tolérait jamais aucun mensonge dans sa maison et leur a appris à être proches de Dieu en toutes choses.
Clémantine, la benjamine de la famille, était une petite fille curieuse, avide de connaissances, désireuse de tout apprendre. Elle passait son temps à interroger les adultes autour d’elle a propos de tout et de n’importe quoi, que ce soit sur les traditions des communautés d’origine d’Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient qui étaient venus faire des affaires au Rwanda ou sur le sens de la vie. Sa famille l’avait surnommée «cassette» car elle répétait tout ce qu’elle entendait.
Ce trait de caractère peut vous sembler amusant, mais il ne faisait guère rire sa mère, une femme conservatrice. Au contraire, elle était extrêmement inquiète pour l’avenir de sa plus jeune fille. Pour sa génération, il n’était pas normal qu’une fille soit trop curieuse ou trop directe dans son parler. Elle essayait vainement de transmettre à sa fille cet aspect de la culture rwandaise, mais Clémantine était trop indépendante d’esprit et ne l’écoutait pas. A cet époque, no Clemantine no sa mère ne se doutaient que son esprit audacieux allait se révéler être un de ses atouts de survie les plus importants dans les années à venir.
Clémantine avait deux ans et venait de commencer l’école maternelle lorsque la guerre a éclaté au Rwanda. À partir du 1er octobre 1990 et pour le reste de sa vie, un nouveau vocable incompréhensible à l’époque, «intambara» (guerre en kinyarwanda) aller se faufiler dans sa vie et y rester à jamais.
Même si elle ne se doutait en rien de ce qui se passait dans le monde extérieur, cet «intambara» a entraîné de nombreux changements dans la vie de sa famille et complètement bouleversé sa petite vie tranquille jusque-là. Dans les premiers mois de la guerre, sa mère a brusquement retiré sa fille de l’école, inquiète par le nombre croissant de jeunes hommes arborant des drapeaux de différentes couleurs qui arpentaient les rues en chantant et en criant des mots que la petite fille ne comprenait pas. C’est bien plus tard dans sa vie que Clémantine apprit que les hommes qu’elle voyait à l’époque appartenaient aux partis politiques nouvellement formés.
Au fur et à mesure que l’insécurité augmentait dans les quartiers, la sensation de peur constante dans leur foyer augmentait également. Personne ne lui expliquait rien, mais elle était assez intuitive pour remarquer les changements. La famille restait dans la maison toute la journée, à l’exception de leur père qui allait toujours au travail. Tous les rideaux étaient tirés en permanence, de jour comme de nuit, et ils avaient même arrêté d’aller à l’église par peur d’exposer leurs enfants.
Les pickpockets étaient partout et différentes maisons du quartier avaient été cambriolées. Les auteurs de ces crimes étaient arrogants, avertissant parfois les habitants terrorisés qu’ils reviendraient pour d’autres pillages. Les attaques à la «grenade» se multipliaient – un autre nouveau mot la petite fille n’avait aucune idée de ce qu’il signifiait à part le fait qu’elle avait entendu les adultes dire que ces «grenades» blessaient et tuaient les gens.
A un moment donné, leur mère congédia les employés de maison et les renvoya dans leurs villages respectifs et la famille a arrêté de recevoir des invités comme auparavant. Non seulement Clémentine ne pouvait plus aller à l’école mais elle n’était pas autorisée non plus d’aller passer la nuit chez sa meilleure amie comme avant. Son frère Pudi, qu’elle adorait, essayait de son mieux de l’occuper en lui racontant ses histoires pour éviter qu’elle ne s’inquiète et lui donner l’impression que tout aller pour le mieux.
Mais les choses ne s’amélioraient pas, au contraire. Début 1994, trois ans après le début de la guerre, les parents ont pris une décision qui allait changer toute leur vie à jamais: celle d’envoyer leurs deux filles, Claire et Clementine, chez leur grand-mère maternelle qui vivait dans la province de Butare, au sud du Rwanda, près de la frontière avec le Burundi. Les parents quant à eux sont restés à Kigali avec leur frère Pudi, avec la promesse de les rejoindre bientôt.
Comme les filles aimaient leur grand-mère, la tristesse de se séparer momentanément de leurs parents et de leur frère était atténuée par le bonheur de voir leur aïeule. En chemin, la camionnette s’est arrêtée pour récupérer deux de leurs cousins et d’autres enfants. A Butare, ils ont trouvé d’autres cousins qui les attendaient à la maison de leur grand-mère. Eux aussi avaient été envoyés chez leur grand-mère et leurs parents étaient restés derrière.
La maison de leur grand-mère était une maison traditionnelle loin du centre commerciale. Elle était entourée d’un lit de fleurs et les filles s’y sentaient normalement en sécurité, mais pas cette fois. Clémantine a senti que l’«intambara» était toujours autour d’eux pas parce qu’elle voyait quoi que ce soit d’anormal mais parce qu’elle remarquait la façon dont leur grand-mère les surveillait et refusait qu’aucun des enfants ne s’éloigne de sa vue. Un jour, elle a emmené les enfants dormir dans une autre maison et quelques jours plus tard, alors qu’ils dormaient profondément, leur grand-mère les a réveillés et les a pressés à voix basse de sortir de la maison et de partir en courant pour aller se cacher.
Quatre ans de guerre avait appris aux enfants à ne pas poser de questions inutiles alors ils sont tous vite sortis de la maison en silence et sont partis dans les bois en désordre. Claire, qui avait 15 ans, a attrapé la main de sa cadette et a couru sans regarder derrière jusqu’à ce qu’ils atteignent une bananeraie en bas de la colline et se cachent entre les plantes. Ils n’avaient aucune idée de l’endroit où se trouvaient leurs cousins et leur grand-mère.
À leur grande surprise, elles ont trouvé d’autres personnes qui se cachaient déjà dans la bananeraie, certains blessés et saignant, les visages crispés par une souffrance infinie. Clémantine était trop jeune pour comprendre la nature des coupures et d’où venait tout ce sang, et des questions se bousculaient dans sa tête sans qu’elle ne puisse y répondre ni demander à personne: qu’est-ce qui s’était passé, qui leur avait fait ça?
Ils pouvaient entendre des cris au loin, des cris atroces, des sons insupportables à écouter, des sons qui lui semblaient presque inhumains.
Au bout d’un moment, les deux filles ont repris leur fuite et ont marché pendant des jours, en s’assurant de rester à l’écart des routes principales pour ne pas être vues. Au fur et à mesures qu’elles avançaient dans les bois, elles ont rencontré d’autres personnes en fuite et petit à petit une petite foule a commencé à se former. Un homme a dit connaitre le chemin du Burundi, alors ils l’ont suivi jusqu’à la frontière.
Il fallait traverser les marais pour atteindre l’Akanyaru, la rivière séparant le Rwanda et le Burundi. Le spectacle qui les y attendait était des plus horribles: la rivière Akanyaru était jonchée de corps sans vie, emportes par le courant. Mais là encore, il n’y avait pas de temps pour les questions car il fallait continuer à avancer pour rejoindre l’autre côté et s’éloigner le plus possible de cet enfer sur terre.
Leur chemin était jonché de cadavres, des gens qui étaient morts en route, affalés au bord du chemin. Les pluies impitoyables de la grande saison ne les épargnaient pas non plus, tombant en trombes et les trempant jusqu’à la moëlle de leurs os. Claire et Clémantine ont trouvé refuge dans une maison vide pendant une nuit, puis dans une école, où d’autres réfugiés avaient trouvé refuge. Les deux jeunes filles y sont restées un petit temps pour se reposer et reprendre leurs forces avant de reprendre la route. Les pieds de Clemantine saignaient et elle avait perdu pratiquement tous les ongles de ses orteils. Elles n’avaient pratiquement rien mangé depuis des jours. La seule nourriture qu’elles avaient pu trouver était des baies de la forêt et toute comme la mort, la faim était devenue un compagnon permanent et impossible à chasser.
Extraordinairement, vu son âge, Claire est spontanément et naturellement entrée dans le rôle de chef de leur petite famille de deux.
À aucun moment n’a-t-elle pleuré ou montré de signe de détresse, et si jamais elle avait peur, elle a ne le montrait jamais. Dans les premiers jours, Claire priait à voix haute, invoquant Dieu, mais un jour, elle a simplement arrêté de prier et Clémantine ne l’a plus jamais entendue appeler Dieu pour quoi que ce soit. Pour les années à venir, sa sœur aînée allait être le rock sur lequel elle allait s’appuyer sans que celle-ci ne s’en plaigne jamais. Autrefois une adolescente insouciante avec ses propres rêves, Claire a instinctivement occupé le vide émotionnel qui s’était créé dans la vie de Clemantine, avec la séparation abrupte de toute leur famille, et a pris l’habitude de faire passer les besoins de sa cadette avant ses propres besoins, quelque chose dont Clémantine lui sera reconnaissante à jamais. Un lien plus fort que tout s’était forgé entre elles, un lien que rien ne pourrait jamais rompre, sauf peut-être la mort.
Les deux sœurs ne se séparaient jamais de peur de se perdre ou d’être prises à partie dans ce refuge de fortune. EIles ne confiaient non plus jamais à personne qu’elles ne savaient pas où étaient leurs parents. Lorsque les gens leur posaient la question, elles disaient simplement qu’ils étaient restés derrière et les rejoindraient bientôt. D’ailleurs, ce n’est pas seulement aux étrangers qu’elles ne disaient rien sur leur famille. Clémantine et sa sœur ne parlaient jamais de leurs parents et de leur frère bien-aimé entre elles, comme si elles avaient fait un pacte tacite pour ne pas spéculer à voix haute sur ce qui aurait pu leur arriver.
Après quelques jours de repos, Claire a emmené sa sœur au village voisin à la recherche de nourriture. Elles se disaient qu’il devait y avoir des familles à proximité de l’école car elles entendaient souvent des enfants jouer dans les parages.
Elles ont effectivement trouvé une femme en train de labourer son champ et elle les a emmenés chez elle. Elle n’a pas posé trop de questions, elle savait probablement ce qui se passait de l’autre côté de la frontière. C’était une petite hutte, très semblable à celles de leur pays d’origine et elle y vivait avec son mari et quatre petits-enfants. Claire et Clémantine y sont restées quelques jours, travaillant avec elle dans son champ pendant la journée – la première fois de leur vie qu’elle travaillaient pour gagner de quoi manger – et elles dormaient avec les enfants sur un lit de paille, un autre changement dramatique par rapport à leur vie qu’ils avaient connu à Kigali.
Quelques semaines plus tard, elles ont vu une foule de centaines ou peut-être un millier de personnes passer devant la maison. Il y avait des hommes, des femmes, des enfants, tous échevelés et en état de choc.
A leur vue, Claire et Clémantine savaient qu’il était temps de repartir. Elles ont dit au revoir à la famille burundaise et ont rejoint la foule, ne sachant pas vraiment où ils allaient mais à ce moment, ça importait peu.
Au vu de ce grand nombre de personnes, Clémantine a nourri l’espoir insensé que sa famille était dans la foule et elle a commencé à arpenter la queue et a à appeler le nom de son frère. A un moment, quelqu’un l’a rappelée à l’ordre, lui a demandé de rester tranquille dans la file et de garder le silence.
Au bout de quelques jours et d’un nombre incalculable de kilomètres, la Croix-Rouge est venue les aider et ils ont créé un camp de réfugiés spontané. Les humanitaires les comptaient et trempaient leurs mains dans de l’encre pour ne pas les compter deux fois, amis ils ne leur demandaient rein sur eux, ni leur âge ni leur nom, ni où étaient leurs parents. Ils leur ont juste remis une tente, deux bouteilles d’eau, deux couvertures qui grattaient la peau, un sac en plastique pour y ranger leurs effets et une casserole.
Ce n’est pas seulement Claire qui avait si brusquement muri. Autrefois très bavarde et joyeuse, Clémantine est devenue plus distante avec les gens et moins communicative. Elle ne s’est pas non plus permise de pleurer. Pas une fois. En quelques mois à peine, elle était passée de petite fille insouciante, à une créature adulte cachée dans le corps d’un enfant. Ils étaient loin ces tempos où la petite fille ne manquait de rien. Elle était désormais une personne sans ressources, apatride et vivant dans une tente tour à tour assaillie par les intempéries ou brulée par le soleil.
Et ce n’était pas tout. Non seulement avait-elle perdu la vie qu’elle connaissait avant, mais Clémantine avait aussi l’impression qu’elle disparaissait progressivement pour n’être réduite qu’en un simple numéro. L’une des raisons n’était qu’aucun des employés de la Croix-Rouge ne l’appelait jamais par son nom. Elle ne se souvient même pas qu’ils ne lui aient jamais demandé comment elle s’appelait. Au lieu de cela, ils lui ont donné un numéro et lui ont demandé de s’en souvenir quand ils allaient faire la distribution de nourriture. Imaginez demander ça à une petite fille de six ans. Mais là aussi, son instinct de survie se chargea de graver ce chiffre dans sa tête.
La nourriture était rare et ils devaient faire la queue pendant des heures pour obtenir leurs rations de maïs et de haricots. Le bruit des camions avec les logos du HCR – Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés – et du PAM – Programme Alimentaire Mondial – annonçait l’arrivée de la nourriture, mais les deux filles n’aimaient pas aller se battre pour l’obtenir comme d’autres enfants le faisaient. La seule fois où le personnel du camp semblait se souvenir qu’ils étaient enfants, c’était quand ils ont apporté des biscuits, une fois par mois environ. Le maïs était à peine comestible et prenait des heures à cuire sur leur foyer de fortune fait de trois pierres et d’un feu de bois.
L’eau aussi était un casse-tête. Cela prenait deux ou trois heures par jour pour aller chercher de l’eau. Il fallait aussi éviter de se faire voler sa marmite qui servait non seulement pour la cuisson mais également pour puiser. Elles ont ainsi dû apprendre à se débrouiller pour garder leurs maigres biens réduits aux habits qu’elles portaient et ce qu’elles avaient reçu au camp et le plus précieux de leurs effets, leur marmite.
L’hygiène posait un problème et les vêtements de Clemantine ont été envahis par les poux, tout comme ses cheveux. À son grand désespoir, sa sœur l’emmena chez un homme qui avait un rasoir et était devenu le barbier impromptu du camp, pour lui faire raser ses beaux cheveux, dernier fragment de son identité telle qu’elle la voyait à ce jeune âge.
Le plus grand moment de panique de leur vie dans le camp fut quand Claire attrapa la dysenterie. Pendant des jours, elle s’est retrouvée entre la vie et la mort et Clemantine a eu peur de se retrouver seule. Un couple âgé qui vivait dans la tente à côté de la leur a pris soin de sa sœur et l’a progressivement ramenée à la vie, Dieu merci.
Ils étaient au camp depuis environ un an lorsqu’un jeune travailleur social zaïrois est tombé amoureux de Claire et lui a demandé de l’épouser. Après lui avoir résisté pendant un moment, elle a finalement accepté de faire sa vie avec lui. Bien qu’elle n’eût que seize ans, elle savait qu’elle était une proie facile et avoir un mari la protégerait d’une manière ou d’une autre. Après le mariage – une simple cérémonie au camp, Claire et son mari sont partis pour la capitale burundaise, Bujumbura, pour obtenir leur certificat de mariage, et de là, ils se sont rendus à Uvira, au Congo, la ville natale de son mari.
Comme Clémantine n’avait pas de papiers pour quitter le camp, elle devait rester un temps toute seul et son beau-frère allait revenir la chercher. En les regardant partir, ce sentiment déchirant d’abandon qu’elle avait ressenti plusieurs fois depuis leur départ de Kigali remonta déjà la surface et la peur qu’ils ne reviennent jamais la chercher n’arrivait pas à la quitter. Durant leur absence, elle resta devant sa tente, de jour comme de nuit, les yeux rivés sur la route. Mais son beau-frère tint sa promesse et revint la chercher pour l’emmener au Congo.
La fille était tellement épuisée physiquement par les longs mois passés dans le camp et les nuits blanches à attendre son beau-frère, elle a dormi pendant la majeure partie du trajet jusqu’à ce qu’ils atteignent Uvira. Après avoir vécu une cité de tente naines et unicolores pendant près de deux ans, c’était bizarre de voir une vraie ville faite de vraies maisons.
Là, sa sœur l’attendait avec une grande tribu de Zaïrois, ses beaux-parents, ses tantes, ses cousins, tous l’accueillant et prenant soin d’elle. Un sentiment qu’elle avait oublié depuis longtemps.
Une autre chose à laquelle elle devait s’habituer était de vivre dans une maison et de dormir dans un lit car elle vivait à l’extérieur depuis un an et demi. La nuit, elle se réveillait parfois et essayait de toucher le plafond avec sa main, un geste familier pour les personnes qui ont longtemps dormi dans une tente.
Elle avait trouvé sa sœur enceinte et en quelques mois, elle a donné naissance à une jolie petite fille, Mariette. Comme sa sœur l’avait fait pour elle pendant leurs longs mois de fuite, Clémantine est devenue une vraie mère poule pour sa nièce, ne voulant rien que rien ne lui arrive. La seule fois où elle s’est séparée du bébé, c’est quand elle a commencé à aller à l’école.
Bien qu’ils n’aient aucune nouvelle de leurs parents et de leur frère, ils avaient quand même le sentiment d’avoir retrouvé un vrai foyer et elles s’imaginaient déjà ce que serait leur vie dans leur nouveau pays.
Uvira était une belle ville historique d’environ cent mille habitants, située à 130 km au sud de Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu et la frontière la plus proche du Rwanda. Le lac en lui-même était également une merveille. Le lac Tanganyika est le plus long lac d’eau douce du monde et il est bordé par quatre pays: la Tanzanie, le Zaïre (maintenant appelé République démocratique du Congo), le Burundi et la Zambie.
C’était une vie merveilleuse et paisible et les filles ont développé un sentiment d’appartenance, une illusion malicieuse qui ne les laissait pas entrevoir que cette maudite intambara, cette guerre qu’elles avaient fuie et laissé derrière au Rwanda deux ans plus tôt allait traverser les frontières et venir les retrouver dans leur petite bourgade tranquille.
En effet, en octobre 1996, le Zaïre a plongé dans ce que l’on appelle aujourd’hui la première guerre du Congo, lorsque l’armée rwandaise a envahi le Congo, déclenchant l’un des plus grands conflits et la plus longue crise humanitaire que le continent n’ait jamais connue à ce jour.
Dans la 2ème Partie de notre récit, je vais vous raconter comment notre chère Clemantine, 9 ans, sa sœur Claire, 18 ans, se sont retrouvées une fois encore sur la route de nulle part, fuyant une seconde guerre dans leur courte vie. Avec un petit bébé de quelques mois.
CONTRIBUTEUR
Um’Khonde Patrick Habamenshi
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