LA RÉGION DES GRANDS LACS: DES DISCOURS INCENDIAIRES AUX VRAIS AFFRONTEMENTS

La région des grands lacs africains risque de s’embraser dans peu de temps. En effet, après les déclarations du président Félix TSHISEKEDI Tshilombo durant sa campagne électorale qui promettait d’attaquer le Rwanda qui soutient le M23 en hommes et en armes et les déclarations du président NDAYISHIMIYE Evariste victime de la rébellion RED Tabara, le président KAGAME Paul durant l’Umushyikirano qui s’est tenu du 23 au 24 janvier 2024 a recouru dans un discours qui a duré une heure aux insultes des deux présidents les taxant de gros que l’on peut facilement dégonfler et promettant à sa population de se calmer que s’ils osent envahir le pays,ils ne peuvent pas gagner la guerre. Est-il un Dieu pour se confirmer invincible? A quel degré la population peut-elle compter sur sa sécurité si cette guerre a finalement lieu? La présente analyse discute les implications politico-juridiques de la situation qui prévaut dans la sous-région.

FAITS 

La communauté mondiale est une fois de plus en proie à l’inquiétude face à la possibilité imminente d’un conflit important qui éclate dans la région des Grands Lacs pour la troisième fois depuis des décennies. La situation sécuritaire fragile dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) menace de dégénérer en un conflit majeur, entraînant potentiellement les pays voisins dans le chaos. Cela fait deux ans que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont lancé les hostilités contre le groupe rebelle M23, prétendument bénéficiaire du soutien du Rwanda. Malgré l’intervention des Forces de la Communauté d’Afrique de l’Est à des fins de médiation, leur retrait ultérieur, n’ayant pas réussi à démanteler le M23 comme prévu par la RDC, souligne la volatilité persistante dans la région. En réponse au vide laissé par le départ des forces, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a déployé une mission en République démocratique du Congo (RDC) après sept mois de retard. La SADC collabore avec les FARDC, aux côtés des troupes burundaises qui ont commencé à se déployer dans le nord-Kivu, à l’est du Congo, depuis septembre 2023, selon un récent rapport du Groupe d’experts des Nations Unies au Congo. Le président Félix Tshisekedi, déclaré vainqueur des élections du mois dernier au milieu d’allégations d’irrégularités, entame désormais un second mandat. Les personnalités de l’opposition appellent à l’annulation des résultats présidentiels, créant ainsi une division politique. Tandis que le gouvernement durcit sa position, les rebelles du M23 cherchent également à s’allier avec l’ancien président de la Commission électorale Corneille Nangaa, en formant l’Alliance Fleuve Congo (AFC) dans le but de renverser Tshisekedi.

Dans une annonce du 19 décembre 2023, à la veille des élections générales, Nangaa a déclaré : « L’Alliance du fleuve Congo (AFC) travaille véritablement à apporter des résultats pour le peuple congolais. A compter du 21 décembre 2023, Tshisekedi ne sera plus considéré comme légitime pour diriger la République démocratique du Congo. Nangaa a transféré son quartier général dans la ville de Rutshuru, dans le Nord-Kivu, territoire conquis par les rebelles du M23. Après un bref cessez-le-feu demandé par les États-Unis, les hostilités ont repris, avec de violents combats signalés dans les environs de Goma, la plus grande ville de l’est du Congo. Malgré un message de félicitations des États-Unis au président Tshisekedi, des inquiétudes persistent quant aux irrégularités lors des élections et aux doutes sur les résultats finaux, comme le souligne un communiqué du 11 janvier 2024. Des personnalités de l’opposition telles que Moise Katumbi et Martin Fayulu ont rejeté les résultats des élections, appelant la population à protester.« Mes chers compatriotes, il n’y a pas d’autre solution que d’annuler cette mascarade électorale. L’intérêt de la République en dépend», a souligné Katumbi, qui a obtenu 18% des voix selon les résultats de la commission électorale.

Les appréhensions s’intensifient face à d’éventuelles divisions internes au Congo résultant de conflits électoraux, aggravant les défis sécuritaires auxquels le pays a été confronté au cours des 25 dernières années. Avec l’entrée en scène de diverses forces aux côtés des FARDC dans l’Est contre le M23, suite à l’échec des mécanismes de paix régionaux tels que les processus de Nairobi ou de Luanda, les craintes d’un conflit imminent de plus grande ampleur s’accentuent. La rhétorique de campagne du président Tshisekedi, promettant d’envahir le Rwanda et de destituer le président Paul Kagame, exacerbe encore les tensions. Tshisekedi accuse le Rwanda de soutenir le groupe rebelle M23, une affirmation fermement démentie par le Rwanda. A la veille de 2023, le président Kagame affirmait que le Rwanda était prêt à se défendre contre toute invasion.« Dire que quelqu’un va envahir le Rwanda et le briser en morceaux, qu’est-ce qu’on ne sait pas ? Nous avons déjà atteint le dernier niveau d’extinction ; l’extinction sera pour ceux qui pensent ainsi », a-t-il déclaré. Kagame a souligné que le Rwanda prendrait au sérieux les déclarations de Tshisekedi jusqu’à preuve du contraire. Le contexte historique des conflits entre le Rwanda et le Congo, y compris la destitution du président Mobutu Sese Seko en 1997 et la deuxième guerre du Congo qui a pris fin en 2003, ajoute à la complexité de la situation actuelle. Marc Hoogsteyns, un journaliste chevronné possédant des décennies d’expérience dans la couverture des guerres dans la région des Grands Lacs, a déclaré : « 2024 deviendra une année cruciale pour la RDC ; le pays pourrait s’effondrer sur ses fondations et, dans quelques mois, nous pourrions être confrontés à une réalité de fait complètement nouvelle.

Analyse

Les discours incendiaires que chaque président de la sous-région a adressé à son auditoire n’augurent rien de salutaire

Une arrogance sans base diplomatique

Le président Rwandais s’est toujours targué d’être un guerrier invincible et cette arrogance a berné la communauté internationale qui a souvent souvent recouru à son armée dans les missions onusiennes au Soudan; au Soudan du Sud; Centrafrique; au Mozambique pour ne citer que ces exemples. Toutefois,cette invincibilité est un simulacre qui cache d’autres intérêts car l’argent qui en est tiré sert à remonter le moral des soldats car les militaires rwandais sont mal payés.

Tout au plus, le mensonge auquel le Rwanda s’appuyait pour nier son implication dans l’insécurité en RDC pour piller les ressources minières ne tient plus car non seulement les observateurs internationaux sur place le rapportent mais aussi en témoignent ceux qui se trouvent sur le sol Rwandais où les autorités ne cachent pas que les soldats rwandais sont les mêmes que les combattants du M23; les soldats qui viennent du champ de bataille déplorant les pertes en vies humaines; le personnel médical qui hospitalise les blessés; les familles qui enterrent les leurs succombés sur le champ de bataille; les déclarations du Chef de l’Etat qui confirme qu’ ils ont déjà planifié cette guerre depuis des lustres.  

Le potentiel des forces sur place

Les forces rwandaises sont en RDC sous l’étiquette de M23 et occupent quelques localités de ce pays. Sous la menace du Burundi, des troupes rwandaises sont aussi déployées aux frontières avec ce pays. La RDC a recouru aux forces de la SADEC pour l’épauler après que les contingents de l’EAC étaient venus sans mission offensive composés de quelques traitres comme les ougandais et les Kenyans. La RDC a la lourde tâche de se débarrasser du M23 au niveau de son territoire avant de pouvoir s’attaquer à leur base-arrière qu’est le Rwanda. Elle y parviendra probablement tant que les forces de la SADEC sont dotées d’une mission offensive et en ont fait preuve en 2012-2013 lorsqu’elles évinceraient ces mêmes rebelles du M23. Les forces burundaises sont en RDC en vertu de l’accord de coopération militaire conclu entre les deux pays et pour combattre les rebellions burundaises qui y ont elu une base arrière. Qui plus est, ces soldats étaient très actifs dans les affrontements à côté des autres forces de l’EAC qui semble-t-il étaient en mission touristique

La guerre contre le Rwanda est-elle probable?

Ce petit pays de 26 mille km2 sème la terreur en toute impunité et le génocide subi en 1994 les couvre efficacement. Pour preuve, le régime de Kigali a à son  actif l’assassinat de cinq présidents- Juvenal Habyarimana ; Cyprien Ntaryamira; Melchior Ndadaye; Laurent Désiré Kabila et Pierre Nkurunziza- et éliminé les chefs d’armée ou de police qui ne les digéraient pas en Ouganda avec le meurtre du général James Kazini et Andrew Felix Kaweesi, au Burundi avec l’attentat qui a emporté le général Adolphe Nshimirimana; pour ne citer que les plus illustres et organisent des assassinats ciblés partout dans le monde où ils suspectent un opposant susceptible de les importuner devant la communauté internationale. Les rwandais vivant à l’étranger qui en ont fait les frais sont nombreux. Le Rwanda dit s’être préparé à toute offensive depuis longtemps et rassure sa population de la bravoure de son armée et d’un arsenal sans égal. Les soldats affectés au camp militaire de Gabiro confirment cette information sur l’acheminement quotidien d’armes de toutes sortes via l’aéroport militaire de Nyagatare. L’on ne sait pas grand-chose des armements du Burundi mais quant à l’intrépidité de ses soldats, ils ne sont pas moins aguerris d’autant qu’ils ont expérimenté la guérilla comme s’en vantent les RDF. Les FARDC et les wazalendo ont commence à démontrer leur puissance de feu face au M23 comme en témoignent les éléments RDF qui venaient du front et qui font état de plusieurs pertes quotidiennement subies. Les forces de la SADEC qui les appuieraient constituent un autre avantage. Comme les armes s’achètent, ce pays aux ressources naturelles immenses peut tout avoir en termes d’armes plus que même le Rwanda qui tire son budget du vol des minéraux de la RDC.Tout compte fait, la guerre est imminente; il reste un défi concernant le sort de la population qui se retrouvera otage entre les belligérants qui s’affrontent.Le bilan alourdi des victimes civiles de la crise de Gaza est une leçon qu’on ne peut prendre à la légère. 

Conclusion 

Le Burundi et la RDC ont raison d’en vouloir au Rwanda, ce mauvais voisin qui entretient des rebellions qui déstabilisent leurs populations depuis 1994. Il est plus que temps pour la communauté internationale de prévenir l’escalade de la violence grande envergure qui se dessine. Les Etats-Unis ont toujours pu dissuader KAGAME et c’est urgent qu’ils le fassent maintenant car vainqueur ou vaincu il n’hésitera pas de martyriser la population de la région.L’on ne pourrait faire fi des six millions de morts qui lui sont imputes dans ses guerres au Congo et la population de Ruhengeri et Gisenyi qu’il massacra sans merci durant la guerre des infiltrés dans les années 1997-1998.Un homme averti en vaut deux