Attaque mortelle à Goma : les États-Unis accusent le Rwanda et le M23

Matthew Miller

Le gouvernement américain a fermement condamné l’attaque qui a ciblé un camp de personnes déplacées à Mugunga, près de Goma, dans l’est de la République Démocratique du Congo. L’incident, survenu vendredi dernier, a entraîné la mort d’au moins neuf personnes, dont sept enfants.

Selon Matthew Miller, porte-parole du Département d’État américain, cette attaque serait le fait des forces rwandaises et des rebelles du M23, opérant depuis leurs bases. Cependant, le gouvernement rwandais rejette ces accusations. Yolande Makolo, porte-parole du Rwanda, a qualifié les déclarations de Miller d’« infondées » et a insisté sur le fait que les Forces de Défense Rwandaises (RDF) ne s’attaqueraient jamais à des civils. Elle attribue ces actes de violence à d’autres groupes armés, tels que les FDLR et les Wazalendo, soutenus, selon elle, par les forces armées congolaises (FARDC).

De son côté, le M23, via un communiqué de l’Alliance du Fleuve Congo à laquelle il appartient, accuse également le gouvernement de Kinshasa d’être derrière cette attaque, critiquant les FARDC de se retourner contre les civils après des défaites militaires. Les tensions restent vives alors que le Lieutenant-Colonel Guillaume Njike Kaiko, porte-parole de l’armée congolaise dans le Nord-Kivu, maintient que le M23 et le Rwanda sont responsables.

Dans ce contexte troublé, les États-Unis, par la voix de Miller, expriment leur profonde préoccupation face à l’escalade militaire dans la région et appellent toutes les parties à respecter les droits de l’homme et à adhérer aux obligations internationales en la matière. Trente-trois autres personnes ont été blessées lors de cette attaque.

Bintou Keita, représentante de la MONUSCO et envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU, a également condamné l’attaque et rappelé aux belligérants leur devoir de protéger les civils. Elle a pressé le gouvernement congolais de prendre toutes les mesures nécessaires pour que les auteurs de cette barbarie soient traduits en justice.

La situation a poussé le Président Felix Tshisekedi à interrompre une visite en Europe pour retourner en RDC. Lors d’une rencontre avec la diaspora congolaise en Belgique, il a réaffirmé son engagement à protéger la souveraineté du territoire congolais, promettant de remporter la lutte contre les forces rebelles, quel que soit le contexte.

Cette attaque survient alors que le M23 a annoncé avoir pris le contrôle de Rubaya, une zone stratégique riche en coltan, utilisé notamment dans la fabrication de téléphones mobiles et de batteries pour véhicules électriques. Depuis sa séparation du CNDP en 2012, le M23, qui prétend défendre les droits des Tutsis de l’est de la RDC, est régulièrement accusé de recevoir un soutien du Rwanda, allégation que Kigali continue de nier.

Dans un développement connexe, un tribunal militaire à Goma a condamné à mort huit soldats congolais pour désertion et trahison au cours de ces conflits.