LA TECHNIQUE TROMPEUSE DE FORGER DES PREUVES POUR ALLEGUER L’EXISTENCE D’UN PLAN DE GENOCIDE

Par Valentin Akayezu

Dans un monde où la vérité est souvent voilée par les intérêts politiques, il devient crucial de remettre en question la validité des allégations qui peuvent alimenter des conflits. Un examen minutieux de certains événements passés révèle comment des preuves peuvent être manipulées pour soutenir des narratifs spécifiques, souvent avec des conséquences désastreuses.

A. L’Allégation d’Apocalypse

L’affirmation selon laquelle le Colonel Théoneste Bagosora aurait préparé un plan d’extermination, mieux connue sous le nom de « préparation de l’apocalypse », a été propagée par Patrick Mazimpaka du Front Patriotique Rwandais (FPR) pendant les négociations d’Arusha en 1993. Cette accusation, lancée dans les couloirs du Centre de Conférence International d’Arusha, n’a jamais été corroborée par des preuves tangibles. Le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) a par la suite jugé que les déclarations de Mazimpaka ne possédaient pas de valeur probante suffisante.

B. Le Fax de Dallaire

Le général canadien Roméo Dallaire, qui dirigeait la mission de l’ONU au Rwanda (MINUAR), a transmis un message alarmant aux Nations Unies en 1994, prévenant d’un génocide imminent basé sur des informations fournies par Turatsinze Jean Pierre, un membre présumé des Interahamwe. Malgré l’importance accordée à ce message, les actions ultérieures ont manqué de prudence, et les dires de Turatsinze, qui a été assassiné dans des circonstances mystérieuses, n’ont jamais été pleinement vérifiés.

C. La Lettre d’Expulsion de la Reine Rosalie Gicanda

Une lettre prétendument envoyée par le maire de la commune de Nivelle en Belgique ordonnait à la reine Rosalie Gicanda de quitter immédiatement le pays. Cette allégation, faite publiquement par Bizimana Jean Damascène, a été démentie par les faits. Non seulement la Reine avait un visa en règle, mais elle détenait également un passeport diplomatique, rendant une telle expulsion improbable sans la coordination avec les autorités rwandaises. De plus, aucune preuve de l’existence réelle de cette lettre n’a jamais été trouvée, soulevant des questions sur la crédibilité de Bizimana.

Ces exemples illustrent la nécessité d’une vigilance constante et d’une analyse critique des sources avant de tirer des conclusions qui peuvent influencer l’opinion publique et la politique internationale. La vérité, surtout en ce qui concerne des accusations aussi graves que le génocide, doit être soigneusement examinée et fondée sur des preuves irréfutables pour éviter la propagation d’informations erronées et potentiellement dangereuses.