Liberté de Presse en Recul au Rwanda Selon le Rapport Annuel de RSF

Le 3 mai 2024, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, un rapport préoccupant a été publié par Reporters Sans Frontières (RSF), soulignant la situation alarmante de la liberté de la presse au Rwanda. Selon cette analyse détaillée, le Rwanda se classe au 144ème rang sur 180 pays étudiés, avec un score de 40.55 sur 100, marquant un recul de 13 places par rapport à l’année précédente.

Le rapport annuel, intitulé « Le journalisme sous la pression politique », indique que le journalisme mondial est principalement menacé par ceux censés le protéger : les politiciens. Au Rwanda, la situation est particulièrement critique. Le pays a vu son environnement médiatique se détériorer considérablement depuis que le président Paul Kagame a renforcé son contrôle sur les médias, utilisant le souvenir du génocide de 1994 pour justifier une surveillance accrue.

RSF attribue la répression médiatique au Rwanda à plusieurs facteurs. Le gouvernement contrôle étroitement les chaînes de télévision et influence les stations de radio qui se concentrent sur des programmes de musique et de sport pour éviter les controverses. Le journalisme d’investigation est rare et les journalistes qui osent critiquer le gouvernement rencontrent de sévères répercussions. En 2024, deux journalistes sont actuellement emprisonnés, bien que le rapport note qu’aucun journaliste n’ait été tué cette année.

En comparaison régionale, la Tanzanie a montré une amélioration significative, grimpant de 46 places pour atteindre le 97ème rang mondial. Cela contraste fortement avec la position stagnante ou régressive d’autres nations de l’Afrique de l’Est comme l’Ouganda et le Burundi, qui occupent respectivement les 128ème et 108ème places.

RSF critique également le climat économique du Rwanda, où le marché publicitaire est limité, la corruption dans le journalisme est rampante, et les pressions économiques et les menaces de violence entravent l’entrée de jeunes dans le métier. Le rapport accuse directement les politiques du gouvernement Kagame, affirmant que les propriétaires de médias doivent prouver leur allégeance au régime et que de nombreux journalistes sont contraints à des formations en patriotisme.

L’organisation appelle le gouvernement rwandais à prendre des mesures immédiates pour améliorer la liberté de la presse et promouvoir un environnement plus ouvert et sécuritaire pour les journalistes. Cette situation met en lumière non seulement les défis auxquels sont confrontés les journalistes au Rwanda mais aussi l’importance cruciale de la liberté de presse en tant qu’indicateur de la santé démocratique d’un pays.

En réponse, Alain Mukuralinda, porte-parole du gouvernement rwandais, a déclaré qu’ils n’avaient pas encore examiné le rapport en détail mais que le Rwanda avait souvent contesté les méthodologies et les conclusions de rapports similaires par le passé. Le « Rwanda Media Barometer » de 2021, par exemple, classait la liberté de presse à 93% dans le pays, un chiffre bien supérieur à celui rapporté par RSF.

Ce rapport de RSF soulève des questions importantes sur l’état de la liberté de la presse au Rwanda, mettant en garde contre un avenir potentiellement sombre si aucune amélioration n’est réalisée.