BRUXELLES, 19 mars 2014 (AFP) – Une coalition de quatre partis d’opposition au Rwanda, dont des anciens rebelles opérant en République démocratique du Congo (RDC), ont réclamé mercredi à Bruxelles l’ouverture de négociations politiques pour « remplacer le régime dictatorial » du président Paul Kagame.
La Coalition des Partis politiques rwandais pour le Changement (CPC), créée au début du mois, a « pour principal objectif d’oeuvrer au remplacement du régime dictatorial du FPR-Kagame par un nouveau pouvoir respectueux de l’idéal démocratique républicain », indique un texte signé par les quatre partis qui la composent et présenté lors d’une conférence de presse.
Cette déclaration a été approuvée par le Parti social (PS-Imberakuri), la Rwandan Dream Initiative (RDI) de l’ancien Premier ministre Faustin Twagiramungu, l’Union Démocratique Rwandaise (UDR) de Paulin Murayi et par les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), composées de rebelles hutu rwandais réfugiés dans l’Est de la RDC depuis 1994.
La présence des FDLR a jusqu’ici empêché trois autres formations de l’opposition de rejoindre la nouvelle coalition. « Les consultations ne sont pas finies. Certains exigent des réformes des FDLR. Mais ils soutiennent nos actions », a assuré lors de la conférence de presse Paulin Murayi, deuxième vice-président de la CPC.
Ces partis sont les Forces démocratiques unifiées (FDU) de Victoire Ingabire (qui purge une peine de 15 ans de prison pour « conspiration » et « minimisation du génocide »), le Pacte Démocratique du Peuple (PDP)–Imanzi et le Parti pour la Démocratie au Rwanda (PDR)–Ihumure, a détaillé le président de la coalition, Faustin Twagiramungu.
« Presque 200.000 Rwandais sont toujours réfugiés dans la forêt en RDC. On les qualifie de génocidaire, c’est inacceptable. On demande à la communauté internationale de faire la différence: que les génocidaires soient arrêtés et jugés, mais on ne peut pas dire ça d’enfants nés en RDC ou qui avait 6 ou 7 ans lors du génocide », a lancé l’ancien Premier ministre, un hutu qui avait dirigé le gouvernement mis en place après la fin du génocide avant de prendre le chemin de l’exil en Belgique.
« Kagame utilise les FDLR pour justifier ses actes. Qu’il y ait parmi eux des génocidaires ne peut pas occulter le fait qu’il s’agit de citoyens rwandais, dont il faut faire entendre la voix, d’autant plus qu’ils ont déposé les armes », a abondé Paulin Murayi.
Pour M. Murayi, très critique envers le président Kagame, qu’il accuse de bâillonner toute opposition en allant jusqu’à commanditer des assassinats, le combat « pour une paix durable » doit se faire « sur le terrain politique » et par des moyens « pacifiques ».
« Si Kagame s’engage sur la voie démocratique, l’avenir doit se faire avec tout le monde », a insisté le responsable, qui souhaite que la communauté internationale fasse pression pour que Kigali accepte la mise en place d’institutions de transition, une perspective jusqu’ici totalement écartée par le pouvoir rwandais actuel.
AFP