En gelant leur aide militaire au Rwanda, les Etats-Unis ont mis fin à leur idylle débutée il y a quinze ans avec le régime du président Paul Kagame, accusé aujourd’hui par l’ONU de soutenir la rébellion en République démocratique du Congo (RDC), estiment des experts.
Le département d’Etat a annoncé la semaine dernière dans un communiqué sibyllin « ne plus pouvoir fournir au Rwanda de financement militaire étranger » en 2012, soit une enveloppe modeste de 200.000 dollars. « Nous l’avons répété au gouvernement rwandais: nous sommes profondément inquiets du soutien du Rwanda à un groupe rebelle congolais dénommé M23 », le Mouvement du 23 mars, a expliqué la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland.
Washington a appelé à « la fin des violences dans l’est de la RDC et à ce que « cesse tout appui extérieur » aux insurgés congolais. Le patron du bureau de la Justice criminelle internationale au département d’Etat, Stephen Rapp, a enfoncé le clou, déclarant au quotidien britannique ‘The Guardian’ que M. Kagame pourrait un jour être poursuivi pour « complicité » de crimes de guerre perpétrés dans un pays voisin. Pour Richard Downie, du Centre d’études internationales et stratégiques (CSIS) à Washington, « c’est réellement la première fois que l’on entend des mots aussi durs du gouvernement américain contre Paul Kagame ». L’expert y décèle « une vraie inflexion » dans la politique des Etats-Unis à l’égard du Rwanda, « dorénavant dans une position bien inconfortable ». (MUA)