Rwanda: Béatrice Munyenyezi condamnée à la prison à vie pour génocide

Le 12 avril 2024, le Tribunal de Grande Instance de Huye a prononcé une sentence de réclusion à perpétuité contre Béatrice Munyenyezi après l’avoir reconnue coupable de génocide. Munyenyezi, qui avait été extradée vers le Rwanda par les États-Unis en 2021 pour y être jugée, a été impliquée directement dans les massacres et les viols de femmes et de filles à Butare pendant le génocide.

Selon le juge, Munyenyezi a joué un rôle direct dans le meurtre d’un groupe de Tutsis, incluant une religieuse tuée personnellement par elle avec un pistolet. Les témoins ont confirmé l’assassinat de la religieuse, transportée dans la voiture de la belle-mère de Munyenyezi, Paulina Nyiramasuhuko, après avoir été violée sur ordre de Munyenyezi. Elle aurait également orchestré d’autres meurtres à des barrages routiers à Butare, notamment près de l’Hotel Ihuriro, propriété de Nyiramasuhuko.

Munyenyezi, 54 ans, a tenté de se défendre en affirmant qu’elle était enceinte de jumeaux et s’occupait d’un bébé pendant le génocide, soutenant qu’il lui était physiquement impossible de participer à de tels actes. Toutefois, le juge a rejeté ces allégations, soulignant que sa grossesse et la présence d’un jeune enfant n’étaient pas des obstacles à la planification des tueries.

En outre, Munyenyezi a nié avoir été étudiante à l’Université du Rwanda à Butare durant le génocide, affirmant plutôt qu’elle étudiait au lycée CEFOTEC dans la même ville. Le tribunal a cependant écarté cet argument, se concentrant sur ses actions pendant le génocide plutôt que sur son parcours académique.

Le jugement a conclu que Munyenyezi était coupable de quatre des cinq chefs d’accusation de génocide qui lui étaient reprochés, le cinquième, l’incitation au génocide, n’ayant pas été retenu. Un des trois juges a exprimé un avis divergent sans toutefois détailler sa position.

Cette décision a été rapidement contestée par les avocats de Munyenyezi, qui ont annoncé leur intention de faire appel. Munyenyezi elle-même a déclaré ne pas être surprise par le verdict, remettant en question l’intégrité du processus judiciaire.