Ces deniers jours, les médias font état d’une opération militaire imminente qui serait menée par les armées du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda à l’Est de la RDC avec l’ accord et sur demande de la RDC. Le média AfroAmerica Network sous la plume de YVES LUALABA a publié le 11 octobre 2019 les grandes lignes de cette opération militaire.
Ce média qui semble être bien informé des activités militaires en RDC, révèle que les chefs militaires de la RDC, du Rwanda , du Burundi et de l’Ouganda se sont mis d’accord pour mener des opérations militaires dans l’Est de la RDC entre les mois de novembre et décembre 2019. Ceci a été scellé dans une réunion tenue à Goma les 13 et 14 septembre 2019.
Chaque armée qui interviendra aurait indiqué ses objectifs et les zones d’action qu’elle investirait pour atteindre ces objectifs. L’objectif commun étant d’éradiquer les groupes armées, chaque pays a désigné les groupes qu’il se doit d’éradiquer en RDC.
Ainsi:
Pour le Rwanda : FDLR, RUD-Urunana, CNRD, RNC
Pour la RDC: Mai-Mai and Allies, APCLS, NDC, NDC-R CMC/NYATURA NGUMINO, TWIGWANEHO
Pour l”Ouganda: ADF/MTN
Pour le Burundi: RED/TABARA, FNL, FPB
Ce plan devrait être exécuté mi-novembre 2019. A partir donc du 15 novembre au 15 décembre 2019, les Forces Spéciales du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda devraient être déployées dans les zones d’opération suivantes:
– Ouganda Special Forces (UDF): Grand-Nord et Nord-Kivu
– Rwandan Special Forces (RDF): Nord-KIvu, Nord-Sud-Kivu, Sud-Kivu, and Grand-Nord
– Burundian Special Forces (FDNBU): Sud-Sud-Kivu, Nord-Sud-Kivu, and Grand-Nord.
Ces zones sont localisées dans les entités administratives suivantes:
1. Grand Nord: Beni et Lubero.
2. Nord Kivu: Rutshuru, Nyiragongo et Masisi
3. Nord Sud-Kivu: Kalehe
4. Sud Sud Kivu: Uvira, Pfizi and Mwenga.
Une nouvelle réunion pour finaliser ce plan d’opération est prévue à Goma les 24 et 25 octobre 2019.
Ce plan des opérations planifiées et jugées imminentes soulève quelques interrogations.
1. Sans être éminent constitutionnaliste, tout citoyen congolais devrait se poser la question si la venue des armées d’au moins trois pays pour opérer sur le sol congolais ne devrait pas d’abord être autorisée par les représentants du peuple (Parlement /Sénat) sinon considérer comme une haute trahison à charge de l’autorité politique ou militaire qui l’autoriserait sans l’aval du parlement.
2. Que dire de certains pays qui devraient intervenir mais désignent comme objectifs militaires des partis d’opposition démocratiques et n’ayant aucune branche militaire en RDC. Cas du Rwanda qui doit y aller pour soi-disant démanteler le RNC ou encore P5 ? Que vont-ils réellement démanteler à l’Est de la RDC?
3. Chaque pays aurait choisi sa zone d’action dans laquelle elle va opérer. Mais ce choix relève-t-il toujours de la volonté de démanteler les groupes armés ou d’autres intérêts? Certains pays ont choisi des zones dans lesquelles n’opère aucun groupe hostile à eux. Cas du Rwanda pour Masisi.
4. Le Burundi serait aussi autorisé à aller démanteler à l’Est de la RDC les groupes armés qui le combattent. Or, on sait que ces groupes armés sont entraînés et équipés par le Rwanda et que leurs chefs comme leurs états-majors sont à Kigali. Comment l’armée de Kagame permettrait-elle que l’armée du Burundi neutralise ses créatures dans une opération conjointe en RDC? Un jeu de dupes!
5. Beaucoup de groupes congolais, les fameux Mai-Mai ou sous d’autres appellations, sont la création d’au moins un de ces pays appelés à intervenir. Dans ces conditions comment espérer les neutraliser en collaboration avec leurs créateurs et dont ils servent les intérêts?
On le voit, l’opération prévue en Novembre/Décembre 2019 à l’Est de la RDC risque d’embraser davantage la région et même de balkaniser davantage la RDC au lieu d’y ramener la paix comme on voudrait le faire croire à l’opinion mondiale.
Emmanuel Neretse
Bruxelles le 13/10/2019