Un policier congolais, Paul Mwilambwe, condamné à mort pour sa participation à l’assassinat du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya, a affirmé mercredi 17 octobre que ce meurtre avait été exécuté “sur ordre” du président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila.
Interrogé sur la radio RFI, Mwilambwe, qui était responsable de la sécurité des locaux où Chebeya a été assassiné, a affirmé qu’il avait été témoin du meurtre en juin 2010, et qu’un chef lui avait dit : “J’ai reçu l’ordre du président de la République par (le) canal du général John Numbi.”
Paul Mwilambwe, qui dit avoir pris la fuite après avoir été enlevé à plusieurs reprises et menacé par ses pairs, avait déjà témoigné dans le film du cinéaste belge Thierry Michel intitulé L’Affaire Chebeya un crime d’Etat ? Il affirme également sur RFI avoir vu sur les caméras de surveillance les policiers étouffer Chebeya avec un sac plastique et du scotch, après qu’ils étaient venus lechercher dans son bureau.
MILITANT RESPECTÉ
Militant respecté et connu, Floribert Chebeya, 47 ans, secrétaire exécutif de l’ONG La Voix des sans-voix, s’était rendu le 1er juin 2010 avec son chauffeur à l’inspection générale de la police à Kinshasa pour un rendez-vous avec le général Numbi, chef de la police. Le corps de Floribert Chebeya avait été retrouvé dans sa voiture le 2 juin 2010, les poignets portant des marques de menottes. Celui de son chauffeur n’a jamais été retrouvé. Le général Numbi, personnage important de RDC, a été suspendu de ses fonctions. Il affirme n’avoir jamais donné rendez-vous à Floribert Chebeya. A la suite de l’enquête, huit policiers ont été mis en cause, et trois ont pris la fuite, dont Paul Mwilambwe.
Le 23 juin 2011, la cour militaire de Kinshasa a condamné à mort le principal suspect, le colonel Daniel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police, ainsi que les trois policiers en fuite, jugés par contumace. Un autre policier a été condamné à la prison à perpétuité et trois acquittés. Tous sont rejugés en appel depuis le 19 juin. La prochaine audience est prévue le 23 octobre.
Le général Numbi, interrogé comme témoin lors du premier procès, a été mis hors de cause. Les parties civiles, qui le considèrent comme le “suspect numéro un”, demandent qu’il soit de nouveau interrogé en appel. Ce qu’a refusé jusqu’à présent la Cour.