DE MAUVAIS TRAITEMENTS INFLIGÉS À VICTOIRE INGABIRE DANS SA CELLULE. EST-CE LE DÉBUT DE SA FIN ?

Sous une fine pluie, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant l’ambassade du Rwanda à Bruxelles ce mardi 28/07/2015. Elles y ont formé une chaîne humaine tout le long de la route longeant l’immeuble de « Rwanda House ». Elles brandissaient des calicots où l’on pouvait lire « Libérez Victoire Ingabire » ou alors « Libérez tous les prisonniers politiques ». Elles chantaient des slogans véhiculant le même message à l’endroit du président rwandais.

Les manifestants, qui avaient profité du sit-in habituel qui a lieu au même endroit chaque mardi de la semaine, entendaient protester contre les mauvais traitements infligés à la prisonnière Victoire Ingabire depuis deux semaines.

Ce programme mis sur pied par les autorités de Kigali pour torturer moralement voire physique Victoire Ingabire, a débuté le vendredi 10 juillet 2015. A cette date, la direction de la prison centrale de Kigali a décidé de durcir très sévèrement le régime carcéral de la présidente des FDU INKINGI, sans aucune explication.

Ce jour-là, la direction de la prison centrale de Kigali, où est détenue la présidente des FDU INKINGI Victoire Ingabire, a refoulé son avocat, Maître Gatera Gashabana, au motif qu’il n’avait plus rien à faire à la prison car sa cliente avait été déjà jugée. Or, après avoir été injustement condamnée à 15 ans de réclusion, Victoire Ingabire Umuhoza a saisi la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, et le gouvernement rwandais ne peut pas l’ignorer, puisqu’il a même désigné son avocat audit procès et a répliqué à la requête de l’accusation. Il est donc aberrant de refuser à Madame Victoire Ingabire le libre accès à son conseil.

Le vendredi suivant, soit le 24/07/2015, la direction de la prison, a refusé encore une fois à Maître Gatera Gashabana l’autorisation de rencontrer sa cliente, arguant le même motif que son dossier était clos. Joint au téléphone, le porte-parole du RCS (Rwanda Correctional Service) a confirmé à l’avocat le refus et lui a intimé l’ordre d’écrire une nouvelle demande d’accréditation, en Kinyarwanda.

Une chaîne humaine devant l'ambassade du Rwanda à Bruxelles le 28/7/2015

Une chaîne humaine devant l’ambassade du Rwanda à Bruxelles le 28/7/2015

S’agissant d’autres mesures prises contre Victoire Ingabire, elles ressemblent ni plus ni moins à des actes visant à détériorer sa vie et donc de se débarrasser d’elle par une mort lente.

En effet, outre que la direction de la prison a confisqué tous les livres, y compris les livres de chants religieux, qui étaient à la disposition de Madame Ingabire et dont la détention avait été autorisée par la prison, depuis le 14 juillet, les gardiens lui ont signifié qu’elle ne pouvait même plus parler aux cadres de son parti politique qui lui apportent de la nourriture, sous peine de sanctions.

Par ailleurs la fenêtre de sa cellule a été noircie pour empêcher la lumière d’y entrer. Cela ne peut que conduire à la cécité de la prisonnière. Même les souliers que Victoire Ingabire portait dans sa cellule pour protéger ses pieds contre le froid du ciment de la cellule moisie et humide dans laquelle elle est enfermée lui ont été retirés. En lieu et place, des souliers en forme de plaquette ne couvrant pas tout le pied lui ont été donnés. Rappelons que bon nombre de prisonniers au Rwanda ont été amputées des pieds qui étaient dans une nécrose avancée.

Pour combien de temps Victoire Ingabire, détenue dans les conditions d’isolement depuis 5 ans, pourra-t-elle résister à ces conditions de mauvais traitements qui sont par ailleurs interdites par les conventions internationales ?

Il est utile de rappeler que même des prisonniers ont droit à un minimum de droits.et que l’accès de Victoire Ingabire à son avocat est un droit inaliénable. Ce genre de comportement de refouler son avocat ne fait malheureusement que refléter l’image d’une justice politisée, incapable de se mettre aux normes internationales acceptables.

Gaspard Musabyimana