Pauvreté et Malnutrition au Rwanda : Un Défi Majeur pour le Plan de Déportation des Demandeurs d’Asile du Royaume-Uni

Une récente évaluation gouvernementale britannique soulève des préoccupations majeures concernant la situation économique et sociale au Rwanda, remettant ainsi en question le bien-fondé de son plan de déportation des demandeurs d’asile vers ce pays d’Afrique de l’Est. Selon un document du Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO) britannique, plus de la moitié de la population rwandaise vit avec moins de 1,90 dollar par jour, exposant des niveaux alarmants de pauvreté et de malnutrition.

Ce rapport, révélant que la réduction de la pauvreté au Rwanda a stagné depuis 2014, met en lumière les lacunes du programme de protection sociale rwandais. La portée limitée de ce programme, combinée à une mise en œuvre inégale et à une gestion de cas faible, contribue à maintenir des niveaux élevés de malnutrition et à entraver le développement du capital humain ainsi que la résilience individuelle et systémique.

Les recherches commandées par le FCDO attribuent ce ralentissement dans la réduction de la pauvreté à une pénurie de terres, à des options de subsistance limitées et à des facteurs climatiques tels que les glissements de terrain. Ces défis ont forcé de nombreuses familles à réduire leur consommation alimentaire, à acheter de la nourriture à crédit et à retirer leurs enfants de l’école.

Cette situation pose des questions critiques sur l’adéquation du Rwanda comme destination pour les demandeurs d’asile du Royaume-Uni, dans le cadre d’un projet controversé visant à traiter certaines demandes d’asile au Rwanda. Malgré l’économie prospère du Royaume-Uni, qui se classe au sixième rang mondial, le Rwanda figure parmi les 23 pays les plus pauvres du monde.

Michela Wrong, auteure de « Do Not Disturb », une évaluation critique de la gouvernance du Rwanda sous le président actuel, Paul Kagame, critique sévèrement ce choix, soulignant la pauvreté et les défis de malnutrition auxquels le pays est confronté.

Le cadre de ce débat comprend également un accord de surveillance d’une aide de 64,5 millions de livres sterling du Royaume-Uni au Rwanda entre 2019 et 2026, incluant une contribution de 18,5 millions de livres de l’Agence suédoise de développement. Cet accord vise à évaluer les progrès réalisés dans l’application de l’aide, dans un contexte marqué par des défis juridiques et des critiques sur le record des droits de l’homme au Rwanda, ainsi que sur sa capacité à gérer un grand nombre de demandes d’asile.

Les inquiétudes quant à l’impact de la pauvreté extrême et de la malnutrition sur les demandeurs d’asile arrivant au Rwanda ajoutent une couche supplémentaire à la controverse. Le Bureau national d’audit a récemment révélé que le programme rwandais coûterait 1,8 million de livres par demandeur d’asile pour les 300 premiers envoyés, soulevant des questions sur l’efficacité de l’utilisation des fonds publics britanniques.

Toufique Hossain, de Duncan Lewis Solicitors, critique vivement le gouvernement britannique pour sa persistance avec le plan rwandais, malgré les preuves accablantes de la pauvreté et de la malnutrition au Rwanda, et malgré les décisions de la Cour suprême britannique remettant en question la sécurité de cette politique pour les demandeurs d’asile.

En réponse, un porte-parole du gouvernement britannique maintient que le Rwanda est un pays sûr et approprié pour relocaliser et soutenir ceux qui n’ont pas le droit de rester au Royaume-Uni, soulignant l’investissement de 220 millions de livres dans le pays pour stimuler la croissance économique et bénéficier tant aux communautés migrantes qu’aux communautés d’accueil.