France- Rwanda. L’escroc Richard Mugenzi reprend du service à…Paris!

Un article de RFI daté du 16 août 2014 et signé Véronique Gaymard sous le titre de : « Richard Mugenzi , témoin du génocide du côté des bourreaux », nous apprenait que ce célèbre « témoin professionnel » venait de reprendre du service mais cette fois-ci à Paris même car l’article précisait : « Le Mémorial de la Shoah à Paris accueille une série de manifestations sur la connaissance du génocide au Rwanda jusqu’au 5 octobre prochain. A cette occasion, plusieurs témoins sont venus raconter. Parmi eux, Richard Mugenzi, engagé par les Forces armées rwandaises comme espion dès octobre 1990. »

Mais qui est réellement Richard Mugenzi ?

Pour cerner la personnalité de Richard Mugenzi et pour savoir exactement ce qu’il a fait au profit des Forces Armées Rwandaises (FAR) quand il travaillait à Gisenyi, nous avons recueilli les témoignages de ceux qui furent ses « chefs hiérarchiques » de fait ou de droit pendant la période concernée entre 1990 et 1994. C’est ainsi que celui qui était préfet de Gisenyi à l’époque, celui qui était Chef d’Etat-major de l’armée, celui qui était G2 (chef des renseignements militaires) et celui qui était commandant du secteur opérationnel de Gisenyi nous ont fourni, chacun dans ses compétences, des informations sur Richard Mugenzi. Elles nous ont permis d’établir le profil professionnel de l’intéressé que nous exposons ci-après.

Qui est Mugenzi Richard?

Il s’agit d’un homme originaire de l’ancienne commune de Mukarange, dans l’ancienne préfecture de Byumba. Il était réfugié au Zaïre où il a terminé ses études secondaires. Il est entretemps entré dans les ordres et devenu « frère mariste ». En octobre 1990, quand le Front Patriotique Rwandais (FPR) a attaqué le Rwanda à partir de l’Ouganda, il venait de rentrer au Rwanda et a travaillé à Gisenyi en tant qu’inspecteur du travail. Il a bénéficié, dans le cadre de son travail, d’un stage de formation au Cameroun. De retour il a réintégré son poste.

Monsieur Mugenzi Richard est un Tutsi. Il l’a reconnu dans ses déclarations aux enquêteurs du Procureur du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) en mai-juin 1998. Il le reconnaît aussi dans l’entretien avec RFI dont le lien est indiqué en introduction de cet article. Mais quelques fois il le réfute, quand cela arrange ceux qui l’interrogent.

Selon tous ses anciens patrons, il s’acquittait très bien de sa tâche en tant que « opérateur d’occasion » au profit des FAR.

Comment Richard Mugenzi a travaillé pour les FAR et quel était son travail exact?

A un moment donné au début de la guerre, des opérateurs de la préfecture de Gisenyi ont tripoté sur un poste radio émetteur-récepteur et ont commencé à entendre des émissions en plusieurs langues – Anglais, Swahili, Gikiga – et ont également entendu des noms de lieux, qui apparemment étaient dans la région où les combats avaient lieu au Nord du Rwanda. Ils ont essayé de transcrire ces émissions et les ont remises au Préfet de Préfecture, qui était en ce moment-là, Monsieur Côme Bizimungu. Ce dernier a trouvé que ces messages captés étaient intéressants, et en a informé le Commandant du Secteur Opérationnel de Gisenyi, alors le Major Juvénal Bahufite, et le Commandant du Groupement de Gendarmerie, le Major André Bizimana. Il s’agissait en fait de messages radio du FPR. Ensemble, ils ont examiné la question, et ont décidé d’en informer l’Etat-Major de l’Armée. Monsieur Richard Mugenzi, l’inspecteur du travail, était connu comme parlant plusieurs langues, dont celles qui étaient utilisées dans les messages captés du FPR. C’est pourquoi les trois autorités ont jugé utile de le mettre à la disposition des opérateurs radio de la Préfecture, pour qu’ils les aident dans leur travail de capter ces messages. Les opérateurs captaient, et Richard Mugenzi traduisait.

Au début, ils travaillaient à partir des locaux de la Préfecture. Vers début 1991, il a fallu les déplacer et les installer sur le site de Butotori pour des questions de discrétion et de sécurité. Quand Monsieur Richard Mugenzi s’est habitué à ce travail d’interception et de traduction des messages, les opérateurs de la Préfecture ont regagné leur travail à la Préfecture, et Richard Mugenzi est resté seul à s’occuper des messages du FPR.

Au départ, les messages captés étaient remis au Préfet, au Commandant du Secteur Opérationnel de Gisenyi, au Commandant de Groupement de la Gendarmerie, et au responsable du Service de Renseignement Préfectoral. Mais quand il s’est avéré que ce travail était très délicat et très utile pour les FAR, seul le Major Bahufite, Commandant du secteur opérationnel de Gisenyi, l’a personnellement piloté, et les messages ainsi captés étaient envoyés au seul Chef d’Etat-Major, par le Commandant de Secteur Opérationnel de Gisenyi justement.

Richard Mugenzi est resté sur le site de Butotori de janvier 1991 ou vers cette date, jusque vers fin avril 1992. Il a été jugé que le site n’assurait pas assez de sécurité pour ce travail et pour Monsieur Richard Mugenzi. C’est pourquoi il a fallu le déplacer, et l’installer dans une maison sise juste à côté du camp militaire de Gisenyi, dans le périmètre défensif du camp militaire. Il occupait une chambrette dans cette maison, tandis que le Commandant de Secteur opérationnel occupait le reste de la maison.

C’est là-bas que Mugenzi est resté à faire son travail, jusqu’à la défaite des FAR en juillet 1994.

En quoi consistait le travail de Monsieur Richard Mugenzi ?

Il s’occupait de l’interception des messages dans le réseau des communications du FPR. Il les transcrivait, les traduisait, et les remettait au Commandant du Secteur Opérationnel de Gisenyi, qui, à son tour, les transmettait au Chef d’Etat-Major de l’Armée pour exploitation. Le premier Commandant du Secteur Opérationnel, comme indiqué ci-dessus, était le Major Juvénal Bahufite (devenu plus tard Lieutenant-Colonel), qui fut remplacé par le Lieutenant Colonel Anatole Nsengiyumva, en juin 1993. Il a exercé ce Commandement jusqu’en juin 1994, quand le même Lieutenant-Colonel Bahufite est revenu le remplacer, tandis que l’autre était nommé Officier de Liaison avec l’Opération Turquoise.

Monsieur Richard Mugenzi avait des heures d’écoute, et pendant ce temps, il était en permanence à son poste. A partir de la soirée du 6 avril 1994, juste après l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana, Monsieur Richard Mugenzi était pratiquement en permanence à son poste, pour qu’aucun message ne puisse lui échapper.

Revenons sur le travail de Monsieur Mugenzi Richard, juste après l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana. Quand la nouvelle de l’attentat fut annoncée dans la soirée du 6 avril 1994, le Commandant du Secteur Opérationnel de Gisenyi a envoyé chercher Monsieur Richard Mugenzi, pour qu’il vienne à son poste, afin que le commandement puisse savoir ce que dit le FPR à propos de cet acte criminel, car d’habitude, ce Front ne manquait pas de commenter les événements qui se produisaient au Rwanda. Richard Mugenzi s’est rendu à son poste, dans la maison qu’il partageait  avec le Commandant, mais il n’a capté aucun message. Le 7 avril 1994, Richard Mugenzi était à son poste, et il a commencé à intercepter des messages dans le réseau du FPR, dont des messages où le FPR se vantait d’avoir abattu l’avion du Président Habyarimana. Vers 9 heures du matin, il a amené au Commandant le célèbre message où le FPR félicitait son escadron qui avait abattu l’avion. Le Commandant l’a alors ordonné de retourner à son poste, et d’y rester en permanence, pour qu’aucun message ne lui échappe. C’est ce qui a été fait, et Richard Mugenzi l’a reconnu quand il est venu témoigner devant le TPIR, contre le Lieutenant Colonel Anatole Nsengiyumva.

Qu’est devenu Richard Mugenzi après juillet 1994?

Dans les milieux judiciaires tant nationaux qu’internationaux, Richard Mugenzi n’est plus un inconnu. Depuis 1994, il a été présenté comme un témoin à charge providentiel que ce soit dans les procès au Rwanda même ou devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) à Arusha. C’est ainsi qu’il fut appelé au secours du Procureur dans le procès dit « Miltaires I » qui regroupait quatre officiers des FAR dont le fameux colonel Bagosora. Richard Mugenzi devait alors charger le Lieutenant Colonel Anatole Nsengiyumva qui était depuis 1992 Commandantdu Secteur Opérationnel de Gisenyi. Malheureusement pour l’accusation, son témoignage fut déclaré « non crédible ». Mais ce n’était que partie remise. En date du 7 juin 2001, Monsieur Richard Mugenzi a témoigné devant l’équipe du Juge français Jean-Louis Bruguière. Il a confirmé qu’il avait capté des messages dans le réseau du FPR, qui affirmaient que c’est le FPR qui avait abattu l’avion du Président Habyarimana. C’est ce qu’il va confirmer quand il viendra témoigner contre le Lieutenant Colonel Anatole Nsengiyumva et contre d’autres, dans l’affaire Bagosora et consorts, et dans l’affaire Karemera et consorts, devant le TPIR.

Quand le Juge français Jean-Louis Bruguière a sorti son rapport, le Gouvernement Rwandais a paniqué. C’est pourquoi le « Comité Mutsinzi » a été mis en place, soi-disant pour faire une enquête sur l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana. Il fallait chercher la contribution de Monsieur Richard Mugenzi, pour qu’il retire ses anciennes déclarations, et dire plutôt que les messages qu’il captait dans le réseau du FPR étaient des faux, et qu’ils avaient été fabriqués par Anatole Nsengiyumva. C’est la première fois qu’il le disait.

Cela n’a pas suffi. Le FPR a cherché le concours de son inconditionnel, Monsieur Jean-François Dupaquier. Il a été mis en contact avec Monsieur Richard Mugenzi, pour qu’ils inventent beaucoup d’autres choses, pour la défense du FPR. Et ils ont écrit un livre à ce propos, qui porte le titre « L’Agenda du Génocide – le Témoignage de Richard Mugenzi, ex-espion rwandais »Dans ce livre d’environ 350 pages, le nom du Lieutenant Colonel Anatole Nsengiyumva figure sur 117 pages. On dit tout et n’importe quoi, pour disculper le FPR dans l’attentat contre l’avion du Président, et pour noircir le renom d’Anatole Nsengiyumva, et incriminer les militaires français qui ont séjourné au Rwanda pendant la guerre.

Comment est-ce que Monsieur Richard Mugenzi a été mis en contact avec Monsieur Jean-François Dupaquier ?

En fait, quand Richard Mugenzi a accepté de témoigner pour le Procureur du TPIR contre le Lieutenant Colonel Anatole Nsengiyumva et quelques autres, il a été mis sous la protection du TPIR, et il est resté en Tanzanie pendant quelques 10 ans. Mais quand les choses se sont gâtées avec le rapport du Juge français Jean-Louis Bruguière, il fallait que le FPR se défende bec et ongles. Il a fallu donc faire intervenir Richard Mugenzi. Certainement que le Gouvernement rwandais qui l’avait mis entre les mains du TPIR, a négocié avec ce Tribunal pour récupérer « son Homme ». Ou bien, le Gouvernement rwandais a demandé à Richard Mugenzi de renoncer à la protection qui lui était assurée par le Tribunal, et de rentrer au Rwanda, pour aider Jean-François Dupaquier dans le travail qui lui était demandé par le Gouvernement rwandais. En tout cas, Richard Mugenzi a d’abord témoigné devant le Comité Mutsinzi, pour ensuite renoncer à la protection du Tribunal, et devenir un témoin ordinaire non protégé, pour pouvoir travailler avec Jean-François Dupaquier, et participer à la propagande du FPR et du Gouvernement rwandais.

Jean-François Dupaquier/photo France-inter

Jean-François Dupaquier/photo France-inter

Jean-François Dupaquier s’est alors occupé de Richard Mugenzi assez sérieusement. Il lui a fait dire des choses invraisemblables, et il l’a fait passer dans de nombreux medias. Objectif : montrer que le FPR n’a pas abattu l’avion du Président Habyarimana, et que ce sont les extrémistes hutu qui l’ont descendu. Il fallait aussi que Monsieur Richard Mugenzi fasse savoir qu’il renie ses déclarations devant l’équipe du Juge français Jean-Louis Bruguière, en alléguant qu’on l’a mal interprété. Il fallait ensuite charger Anatole Nsengiyumva, en disant qu’il fabriquait des messages captés dans le réseau du FPR, qu’ils n’étaient en fait pas authentiques. Il fallait associer les militaires français à ce travail allégué de fabrication de fausses interceptions. Jean-François Dupaquier a fait dire à Richard Mugenzi beaucoup d’autres choses, relatives à la politique, à la sécurité, à la stratégie militaire, à la propagande, à l’administration du territoire, à l’économie, à la tactique militaire, etc. En lisant le livre de Jean-François Dupaquier, on dirait que Richard Mugenzi était au courant de tout ce qui se passait dans le pays, y compris ce que pensaient le Président Habyarimana, son épouse, et les gens de son entourage.

Ricahrd Mugenzi otage de Jean François Dupaquier ?

Dans ses publications, Monsieur Jean-François Dupaquier ne peut pas oser contacter l’ancien patron de Richard Mugenzi qu’est le Lieutenant colonel Anatole Nsengiyumva pour vérifier les allégations de Richard Mugenzi. En effet, ce dont il a besoin, ce n’est pas de la vérité, car il la connaît. Il a tout simplement besoin de faire croire à l’opinion que c’est Richard Mugenzi qui dit la vérité. Les deux mentent volontairement, tout simplement pour essayer de défendre le FPR, et faire condamner ceux qui connaissent la vraie vérité, et en même temps faire occulter les crimes du FPR.

Dans le cadre de cette défense à outrance du FPR, Jean-François Dupaquier, utilisant Monsieur Richard Mugenzi, essaie d’incriminer les militaires français qui ont œuvré au Rwanda pendant la guerre, y compris pendant l’Opération Turquoise. Ceux qui ont vécu ces événements peuvent démentir ces accusations fantaisistes. Par exemple celui qui fit officier de liaison auprès de l’Opération Turquoise était le mieux indiqué pour démentir tout ce qui est allégué sur elle et confondre Messieurs Jean-François Dupaquier et Richard Mugenzi. Toutes les allégations que les deux compères ressassent dans les medias, ainsi que ce qu’ils ont écrit dans leur livre évoqué ci-haut, ne sont que de gros mensonges, visant à couvrir les crimes du FPR. Richard Mugenzi n’a jamais été formé par des militaires français comme il le prétend ; il n’y avait pas de militaires français à Gisenyi, sauf ceux qui formaient les militaires au camp Bigogwe, mais qui vivaient à Mukamira ; Richard Mugenzi a quitté le site de Butotori en avril 1992 et a rejoint la « Maison Lochy » près du camp militaire de Gisenyi qu’il n’a plus quittée.

En conclusion : qui trompe qui?

Voici donc un « témoin du génocide du côté des bourreaux » que Jean-François Dupaquier se vante d’avoir déniché quelque part et qu’il compte trimbaler devant la presse française et internationale pendant des mois pour essayer d’occulter les crimes du FPR de Paul Kagame notamment l’attentat terroriste du 6 avril 1994 ayant coûté la vie à deux chefs d’Etats africains et à trois citoyens français entre autres. Mais on est en droit de se poser la question de savoir qui trompe qui. Entre un Jean-François Dupaquier qui, dans son contrat de communication qu’il a passé avec Paul Kagame à savoir défendre à outrance le régime dictatorial du FPR, et Richard Mugenzi qui est condamné à vivre de ses mensonges et qui en est grassement payé (pour le moment), qui trompe qui? Dans ce jeu des dupes, les dindons de la farce resteront : l’opinion publique abusée, la justice ridiculisée, ainsi que l’honneur des Armées françaises bafoué pour une poignée de dollars déboursés par un régime dictatorial, au moment où un journaliste corrompu et un escroc malgré lui en tirent les plus gros bénéfices.

Ainsi va le monde!

Emmanuel Neretse
24/08/2014

Source: Echo d’Afrique