LES RWANDAIS FETENT 55 ANS D’INDEPENDENCE DANS LA PLUS GRANDE PRECARITE

Dr Emmanuel Mwiseneza

Chères Rwandaises, Chers Rwandais, amis du Rwanda,

Le 01 juillet 1962, fut une date inoubliable dans le cœur des Rwandais, car, elle marquait le recouvrement de la liberté en mettant fin à plus de sept décennies de colonisation et de mise sous tutelle.

Cette indépendance intervenait aussi dans le sillon de l’installation de la République, proclamée le 28 janvier 1961, mettant ainsi fin à plus de 4 siècles de régime féodal.

L’enthousiasme est donc total, au moment de hisser le premier drapeau du Rwanda indépendant le 01 juillet 1962. Le Rwanda entre dans une nouvelle ère de libertés individuelles et politiques avec la consécration du multipartisme et des élections pluralistes selon le principe “un homme une voix”.

La jeune République indépendante, tente tant bien que mal de s’atteler au développement du Rwanda indépendant, mais se confronte rapidement au problème des réfugiés ayant fui les exactions conséquentes à la Révolution sociale de 1959 qui a abouti au renversement de la monarchie et l’instauration de la République. Si la majorité de ces réfugiés ont de sérieuses raisons de craindre pour leur vie, d’autres, en l’occurrence les meneurs, sont plus préoccupés par la perte des avantages liés à leur statut d’antan et n’entendent pas se soumettre à la nouvelle République. Ils multiplient les attaques contre la jeune République, qui résiste et les met en échec définitivement en 1967.

En outre, les problèmes internes ne permettent pas de maintenir la cohésion nationale et la première République est déposée le 05 juillet 1973, par un coup d’Etat militaire, mettant fin à tous les espoirs d’un pouvoir démocratiquement élu.

Le premier octobre 1990, d’anciens réfugiés, membres de la NRA (Armée Ougandaise), regroupés au sein du FPR (Front Patriotique Rwandais), attaquent le Rwanda et mettent en avant le droit au retour des réfugiés rwandais, objectif qui trouve un écho favorable chez une partie de la population, soucieuse de l’égalité entre tous les Rwandais.

Le 10 juin 1991, une Nouvelle Constitution consacrant le multipartisme est proclamée. Beaucoup de partis politiques entrent donc officiellement sur la scène politique rwandaise pendant que la guerre entre le FPR et le gouvernement rwandais continue de faire rage.

La nomination d’un gouvernement dirigé par l’opposition en juin 1992, ouvre une nouvelle ère et les négociations d’Arusha commencent et aboutissent à un protocole d’Accord prévoyant la fin de la guerre, le partage du pouvoir entre le FPR, le MRND et les partis d’opposition au MRND. Cet accord qui est signé le 4 août 1993, donne beaucoup d’espoir au peuple rwandais.

Mais cet espoir s’envolera très rapidement avec l’attentant du 06  avril 1994, contre l’avion du Président rwandais, attentat dans lequel périssent les Présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda, Cyprien Ntaryamira du Burundi, leurs suites ainsi que l’équipage français.

Cet attentat aura déclenché le génocide contre les Tutsis, génocide pendant lequel des milliers de Tutsis et de Hutus dits “modérés” ont été massacrés. Pendant ce temps, dans les territoires contrôlés par le FPR des milliers de Hutus ont  été massacrés par les troupes du FPR.

Le 4 juillet 1994, Le FPR prend le pouvoir dans un bain de sang généralisé et instaure un régime, qui se présente d’abord, sous l’aspect de partage de pouvoir, avant de s’accaparer de tous les pouvoirs, en évinçant ses anciens alliés qui ont cru en son discours libérateur.

Aujourd’hui, le parti-Etat FPR, a fait la mainmise sur tous les secteurs de la vie socio-économique et le peuple rwandais se retrouve dans la même situation que celle qui l’avait poussé à faire ce sursaut d’orgueil et parvenir à son autodétermination, se libérant de tous les jougs du colonialisme et du féodalisme.

La démocratie est actuellement muselée et le seul parti-Etat FPR et ses alliés ont droit de cité. Alors qu’une petite frange de la population gravitant autour du chef de l’Etat affiche une opulence insolente, la masse populaire meurt de faim. Les famines font rage sur les collines du Rwanda et leurs noms comme « Nzaramba » (je sévirai longtemps) en disent long sur l’espoir que la population a de les voir disparaître. Cette crise en denrées alimentaires sans précédent, n’est pas le résultat du hasard mais d’une volonté manifeste des autorités d’affamer la population en leur imposant de cultiver les cultures qui ne répondent pas à leurs besoins primaires.

Dans le secteur de la santé, alors que l’Etat devrait garantir l’accès aux soins à tout le monde, y compris aux plus démunis, la population qui n’a même pas les moyens de subvenir aux besoins alimentaires est livrée au harcèlement des autorités locales pour payer la « mutuelle » alors qu’elle n’en a pas les moyens. Dans certains hôpitaux, on confisque même les cadavres, faute de paiement de la « mutuelle » par la famille du défunt.

Dans le secteur de l’enseignement, alors que le nombre d’établissements d’enseignement secondaire et universitaire ne cesse de croître, le niveau d’enseignement se dégrade de manière proportionnelle. Plutôt que d’améliorer le système éducatif, les membres de « l’establishment » envoient leurs progénitures étudier dans les meilleures universités occidentales aux frais du contribuable.

Alors que la pauvreté a atteint un niveau record, la population est soumise à des taxes interminables et se voit même obligée de payer des cotisations spéciales au FPR, y compris pour les non membres de ce dernier.

Au niveau sécuritaire, alors que le pays est présenté devant les étrangers comme étant l’un des plus sûrs de l’Afrique, il n’y a pas un jour qui passe, sans que l’on découvre un cadavre dont les circonstances de la mort ne sont jamais élucidées.

La répression contre les opposants, des activistes des droits de l’homme et des journalistes, connait un niveau record avec des assassinats politiques, des emprisonnements arbitraires et  des persécutions de toutes sortes.

Pendant ce temps, le Général Président Paul Kagame, se prépare à s’octroyer un énième mandat dans un simulacre d’élection où il va concourir seul en gaspillant des deniers publics, sans véritable challenger, puisqu’il a refusé que des élections sérieuses soient organisées avec des candidats non inféodés au FPR.

Chers Rwandaises, chers Rwandais, amis du Rwanda,

La célébration des 55 ans de l’indépendance du Rwanda n’est pas un moment de festivités pour la majorité des Rwandais. C’est plutôt un moment de grande angoisse et de grande tristesse.

Que puisse ce moment, permettre à chacun et à chacune de prendre conscience que seul un changement de pouvoir permettra la restauration des acquis de l’indépendance, tels que voulus par les leaders historiques de ces temps immémoriaux comme messieurs Joseph Habyarimana Gitera, Grégoire Kayibanda, Anastase Makuza, Balthazar Bicamumpaka et leurs compagnons de lutte.

Vive la République, vive le Rwanda.

Fait à Paris le 01 juillet 2017

Pour les FDU Inkingi

Dr Mwiseneza Emmanuel

Deuxième secrétaire Général

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Communiqué_indépendance_2017final