MESSAGE AUX COMPATRIOTES RWANDAIS

Chers compatriotes,

Pour cette occasion, en ce début de l’année 2015, nous voulons absolument affirmer notre attachement et notre espoir pour construire une ère nouvelle et une société rwandaise qui offrent à notre patrie et au peuple rwandais la paix durable, le respect des droits humains, la sécurité pour tous, la dignité et la liberté d’opinion.  Notre cher pays, le Rwanda et son peuple continuent de souffrir de l’ignorance et du mépris total de la valeur d’une vie humaine: Les divisions, les exclusions, les tueries, les horribles massacres, voir même les génocides et plusieurs autres crimes contre l’humanité ne cessent de ternir l’image et l’histoire notre pays. Le plus inquiétant, le moteur de tous ces maux sont: la passion du pouvoir; la recherche effrénée du pognon; l’ignorance de l’évolution historique du Rwanda comme celle de l’humanité toute entière. Tristement, nous constatons que tous ces maux caractérisent un bon nombre de politiciens rwandais, aussi bien parmi ceux qui sont à l’intérieur  comme ceux qui sont à l’extérieur du pays.

Au cours de l’année 2014, mais aussi avant, nous avons été témoins des agissements malheureux et dégradant qui détruisent l’espoir des rwandais partout où ils se trouvent. La passion du pouvoir et du pognon est au cœur de ces déplorables faits.   Les dirigeants qui sont au pouvoir au Rwanda n’ont jamais cessé de privilégier, avant toute chose, les intérêts personnels et ceux qui appartiennent aux membres de leur clique, sans nullement accorder l’attention à l’intérêt général de la population. Suite à  cette passion, ils se rendent coupables du mépris et de l’ignorance totale de la valeur d’une vie humaine. C’est dans ce sillage qu’ils ont instauré la politique de «ndi umunyarwanda» avec toutes ses dérives et méfaits, sans oublier les incarcérations arbitraires et l’exécution de tous ceux qu’ils qualifient d’ «antipatriotes» toutsimplement parce qu’ils ne montrent pas l’adhésion à leurs idées. S’il y a des non-patriotes, ce sont ceux qui cherchent leurs propres privilèges plutôt que l’intérêt général de la population. Il en est de même à ces chefs des églises et certains intellectuels du Rwanda qui n’ont pas honte d’applaudir un discours qui vente les assassinats et d’autres crimes contre l’humanité simplement pour pouvoir rester dans les fauteuils qu’ils occupent. Est-ce que ces hommes et ces femmes représentent réellement l’enseignement de Jésus Christ qui est le modèle parfait de la sainteté et de la justice? Ne sont-ils pas la résonance d’une autre idéologie? Et quel exemple donnent-ils à ceux qui les suivent s’ils ne peuvent pas être cohérents avec la foi qu’ils professent ? Dans leur entendement semer la mort mérite des  applaudissements? L’incohérence, entre leurs habits de religieux et leurs actes, n’a échappé à personne.

Chers compatriotes, Hutus, Tutsis et Twa, un «examen profond de conscience» s’impose à chacun qui se veut patriote et qui veut contribuer à donner le meilleur avenir à notre chère patrie, le Rwanda: le pays qui a tant fasciné les visiteurs jusqu’à lui donner le sobriquet de «paradis d’Afrique Central». Ceci est un appel lancé aux dirigeants actuels, aux chefs des églises au Rwanda mais également aux responsables des partis politiques de l’opposition et à ceux de la société civile rwandaise à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Particulièrement, il s’adresse à ceux qui sèment des antagonismes au sein des partis politiques et pareillement au sein des associations de la société civile. Pour satisfaire leur soif du pouvoir, du pognon et de leur propre gloire, ils pensent que les rivalités crées, n’affectent pas l’espoir de ceux qui avaient placé la confiance en eux. Quel avenir les rwandais peuvent-ils espérer si l’opposition au pouvoir de Kigali se comporte comme ce même pouvoir? Ici je veux souligner les insultes qui se lisent sur différents forum, l’incapacité de pouvoir concilier les avis divergeant et de dialoguer avec celui qui ne pense pas nécessairement comme soi, en se respectant mutuellement. Semer la haine et la discorde ne peut conduire qu’à sa propre disparition.

Chacun de ces dirigeants au Rwanda comme dans l’opposition «tient absolument à l’illusion de l’authenticité de ses désirs pour éviter de voir en face sa vérité: l’envie et la jalousie», comme l’a dit une fois un philosophe français du siècle dernier, René Girard. Aristote avait remarqué que « l’homme était l’espèce la plus apte à l’imitation. C’est ce qui explique les extraordinaires facultés d’apprentissage des humains, mais aussi la facilité avec laquelle la rivalité mimétique se développe à partir des conflits pour l’appropriation des objets. Cette rivalité étant contagieuse, la violence menace à tout instant. Ceci doit avoir une incidence sur l’organisation des groupes humains ». Pour René Girard: « s’il y a un ordre normal dans les sociétés, il doit être le fruit d’une crise antérieure, il doit être la résolution de cette crise». (La violence et le sacré, 1972).

En observant de loin ou de près, l’histoire du Rwanda est marquée par de nombreuses crises, si ce n’est pas une qui perdure. C’est pourquoi, il est grand temps que tous les rwandais et amis du Pays des Mille Collines mettent leurs efforts en communs, agissent en dépassant la passion du pouvoir et du pognon, les rivalités pour la gloire personnel tout en montrant l’intérêt à l’évolution historique du Rwanda et à  celle de l’humanité toute entière. Les cycles de violence où la violence succède à l’autre cesseront lorsque la vraie justice obtiendra sa place dans le quotidien de chaque rwandais.

Permettez-moi d’insister, il ne s’agit pas de la justice fondée sur la rétribution dans laquelle se cachent la vengeance, la haine, la jalousie et la volonté de posséder quelque chose à tout prix. Il ne s’agit pas non plus d’une justice qui ferme les yeux sur plusieurs crimes perpétrées contre les rwandais dans leurs diversités et dans leur unité comme peuple. Il s’agit plutôt d’une justice fondé sur la juste relation entre les hommes et les femmes rwandais. C’est-à-dire, honorer les illustres dirigeants rwandais,  en gardant et en imitant les hauts faits socio-culturels qui sous-tendent le progrès du pays et de son peuple: ne pas tuer, ne pas tromper, ne pas dérober ni envier ou convoiter ce qui appartient à l’autre, ne pas fabriquer des faux témoignages contre les autres. C’est incontestablement le contraire de cela qui a marqué les vingt dernières années.

Fonder la totalité des aspects de cette justice sur la reconnaissance du créateur de l’univers d’une part, et d’autre part, la reconnaissance du pays et de son patrimoine comme appartenant à tous les rwandais sans aucune exception. C’est cela être un vrai patriote. «Que les armes fratricides tombent au sol. Que les mains de ceux qui ont dû les brandir retournent aux travaux de développement de leur famille et de leur pays…. Que pendant les fêtes de Noël et du nouvel an tous les rwandais entendent la voix de Jésus leur annonçant le don de la paix» (Benoît XV).

AMAHORO Divin

 

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