Rwanda : Place au Peuple

Communiqué de Presse n° 015/2019/11/06

Un observateur avisé a pu dire, récemment, que l’actuel dirigeant du Rwanda, Paul Kagame, « est le pire criminel en poste comme chef d’Etat ». Une telle prémisse peut faire sursauter plus d’un, car Paul Kagame et sa bande sont parvenus à imposer, à coup de matraquage médiatique et de corruption, une image tronquée de la réalité de leur pouvoir et du quotidien des rwandais. En réalité, le Rwanda va mal et beaucoup de rwandais désespèrent de la vie aujourd’hui. Les principaux indicateurs macro-économiques sont au rouge, ce qui n’empêche cependant pas les tenants du pouvoir de s’auto-glorifier en chantant le vrai-faux « modèle rwandais ». 

Mesdames et Messieurs, aujourd’hui le Rwanda est menacé de rechute ; il risque même de se retrouver plus bas qu’il n’était avant 1994 du fait, notamment, de l’impossible réconciliation. Ceci constitue le premier axe de notre propos. Cependant, si je suis ici devant vous, c’est pour vous présenter une alternative crédible au règne de terreur, d’oppression et d’exploitation qu’est le système FPR. Cette alternative est portée à tour de bras par un acteur désormais incontournable, le Mouvement Rwandais pour le Changement Démocratique (MRCD-Ubumwe). 

A. Sur l’impossible réconciliation et la menace de rechute

Kigali persiste à opposer une fin de non-recevoir à la demande sans cesse croissante de vérité et de justice. Le fossé est si grand entre l’« histoire » officielle et la réalité du drame rwandais ; malheur à celui, rwandais ou étranger, ose dire autre chose que l’épopée écrite par l’épée de Paul Kagame ! Pourtant, des témoignages et des rapports crédibles existent mais Kigali, soutenu par ses lobbies, continue de façon imperturbable à refuser un dialogue inclusif, condition sine qua non d’une véritable réconciliation entre rwandais. « Il n’y a qu’un seul magistrat au Rwanda », Paul Kagame : l’arsenal législatif et institutionnel est bel et bien là, l’appareil judiciaire est apparemment sans failles et l’Administration paraît impeccable, mais tous ces « caders » font ce qu’on leur demande : ils guettent la volonté de leur mentor, le dictateur Kagame et lui obéissent au doigt et à l’œil. Tant pis pour les libertés et droits humains intransgressibles, tant pis aussi pour l’avenir, puisque la « génération internet » refuse de plus en plus le « culte du tabou » imposé par les propagandistes du régime. 

Le pouvoir du Général Kagame est accompagné, de bout en bout, par d’indicibles crimes contre l’humanité. Citons entre autres : le massacre de 30.000 personnes civiles au cours du premier mois ayant suivi la prise de pouvoir par le FPR ; le massacre de Kibeho en avril 1995, où l’armée de Kagame a exterminé environ 10.000 personnes déplacées ; le massacre de la Grotte de Kanama en automne 1997, où l’armée de Kagame a tué 8.000 personnes civiles ; le massacre « à caractère génocidaire » dans les forêts de la RDC entre 1996 et 1998, où l’armée de Kagame a massacré plus de 300. 000 réfugiés hutus comme l’atteste le Maping Report diffusé par l’ONU le 01/10/2010 ; les exécutions extrajudiciaires rapportées régulièrement par les organisations internationales des droits humains, Human Rights Watch en tête ; la torture et le meurtre comme méthodes d ‘Etat. 

Ce registre macabre du régime du FPR-Kagame est chargé, en amont, d’autres crimes tout aussi effroyables, dont les massacres de populations civiles dans le nord-est du Rwanda par l’armée de Paul Kagame en marge de la guerre déclenchée par le FPR en octobre 1990 et l’assassinat, en date du 6 avril 1994, des Présidents Habyarimana et Ntaryamira. Faudrait-il rappeler que l’attentat contre l’avion présidentiel rwandais est unanimement reconnu comme l’acte déclencheur du génocide et des massacres qui ont endeuillé depuis lors le Rwanda et l’ensemble de la région des Grands Lacs ?

Le Rwanda est devenu un véritable « Etat-garnison », car des milices d’Etat sont disséminées sur les collines pour imposer des mesures de politique et de conjoncture économique et sécuritaire de plus en plus impopulaires et liberticides. La situation est telle qu’aujourd’hui, le citoyen rwandais vit dans la peur en permanence. Dans la dérive idéologique en cours, les enfants qui n’étaient pas encore nés en 1994 doivent, eux-aussi, « demander pardon pour le génocide commis en leur nom par leurs parents et grands-parents« , selon les termes du Président KAGAME lui-même dans un discours tristement célèbre le 30/06/2013. Dans un tel contexte, la réconciliation entre les Rwandais est impossible. D’autant plus que l’espace politique étant hermétiquement verrouillé, toutes voix discordantes sont systématiquement et brutalement réprimées. Signalons enfin le tripatouillage de la Constitution, en décembre 2015, en vue d’octroyer un 3ème mandat au dictateur KAGAME, ce après quoi il s’octroya 99% au terme d’une élection marquée par l’exclusion et la persécution de challengers sérieux.

B. Le MRCD au rendez-vous de l’histoire

Nous sommes le « Mouvement Rwandais pour le Changement Démocratique », Plateforme rassemblant les partis CNRD-Ubwiyunge, le PDR-Ihumure, le RRM et le RDI-Rwanda Rwiza. Le MRCD s’est fait un nom et une réputation. 

En effet :

– Nous sommes une assemblée multiple, composée de femmes et d’hommes intègres et déterminés à changer positivement le quotidien des Rwandais ;

– Nous sommes majoritairement jeunes et convaincus que les malheurs du Rwanda ne peuvent être une fatalité ;

– Nous sommes déterminés à garantir à chaque citoyen rwandais l’effectivité de ses droits civils et politiques, principalement la liberté d’expression et d’association ainsi que les libertés politiques ;

– Nous voulons garantir aux enfants du Rwanda une égalité des chances absolue ;

– Nous allons adopter un autre style de gouvernement plus honnête, pacifique et transparent, sans chaque fois induire la communauté internationale en erreur ;

– Nous sommes déterminés à redonner la parole aux Rwandais dans le cadre d’un dialogue inter-rwandais hautement inclusif, afin que les langues se délient et que la vérité serve de fondation au nouveau Rwanda ; 

– Nous sommes déterminés à liquider définitivement le conflit Hutu-Tutsi par un processus franc et crédible de dialogue, de vérité, de repentir actif et de réconciliation ;

– Nous nous donnerons les moyens pour rectifier les disparités économiques ;

– Nous rétablirons une politique de voisinage fondée sur le respect mutuel, la solidarité et la paix entre peuples de la Région des Grands Lacs d’Afrique ;

– Nous allons solder et éradiquer définitivement le problème des réfugiés au Rwanda.

C. Appel à la Communauté internationale

Notre lutte a pour fondement le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes tel qu’énoncé par le Pacte International relatif aux droits civils et politiques [1966] ratifié par le Rwanda. Le régime FPR ayant opprimé à ce point les rwandais, bâillonné l’humanité et installé la terreur dans la région des Grands Lacs toute entière, il a perdu toute légitimité et tous les moyens de le combattre pour l’éradiquer, y compris la lutte armée, sont légitimes.

Le MRCD invite l’ensemble de la population rwandaise, en particulier la jeunesse déçue et lassée par le régime dictatorial du FPR, à s’armer de courage et à soutenir toutes les initiatives allant dans le sens du changement démocratique, sans quoi l’exercice de ses libertés et droits fondamentaux lui sera toujours dénié. 

Nous sollicitons également l’appui moral et politique de la Communauté internationale. Plus particulièrement, les pays et organismes amis du Rwanda sont priés d’exercer de fortes pressions sur le Président Kagame ou, mieux, d’oeuvrer à sa traduction en justice, afin que, dans l’intérêt supérieur des Rwandais et des autres peuples de la région des Grands Lacs, il cesse d’être un obstacle à la paix et à la démocratie.  C’est d’autant plus pressant que tous les moyens doivent être mis en œuvre pour aider le Rwanda et les pays voisins à se sortir, par des voies pacifiques, des crises endémiques qui les endeuillent depuis fort longtemps. 

En effet, il est fort à craindre que, si ces conflits n’étaient pas résolus rapidement, ils risqueraient de provoquer de nouvelles catastrophes humanitaires plus terribles que celles auxquelles l’on a assisté jusqu’à ce jour, alors qu’elles se chiffrent en millions de vies emportées. 

Fait à Bruxelles, le 06/11/2019

Pour le MRCD-UBUMWE,

Faustin TWAGIRAMUNGU, Vice-Président et Porte-Parole 

1 COMMENT

  1. La communauté internationale est une fiction. Il me semble qu’il est judicieux d’appeler plus particulièrement l’attention des sponsors notoires de Kagame et son régime sur les méfaits de celui-ci et leurs conséquences inéluctables non seulement pour les Rwandais mais également pour le Rwanda, voire même toute la région de Grands Lacs. Il s’agit
    1/ du Président Trump, US;
    2/ du premier ministre britannique, sachant que le Rwanda est membre du Commonwealth dont le statut institutif s’impose en tout état de cause à lui;
    3/ du premier ministre canadien;
    4/ de la chancelière allemande actuelle;
    5/ dans une certaine mesure la première ministre belge, sachant que le soutien de son pays dans tous les domaines date des années 90 et qu’il a été renforcé après la prise du pouvoir dans le sang des millions de Rwandais par Kagame, avec l’appui de la Belgique;
    6/du futur premier ministre d’Israël (relations fondées sur les affaires commerciales).
    7/ Le Président Macron est, quant à lui, tardivement entré le club de sponsors mais ses marges de manoeuvre à l’endroit de Kagame sont très limitées par sa méconnaissance totale de l’Affaire Rwandaise et sa versatilité manifeste (voir ses déclarations émotionnelles sur le drame rwandais et sa décison d’enterrer l’Affaire de l’attentat contrel’avion du Président Habyarimana qui a emporté trois citoyens français qui ont laissé des veuves et orphelins le 6 avril 1994 au Rwanda).
    Seul le Président US n’a pas le langage de bois. Il dit haut et fort et fait tout ce qu’il pense, que ça plaise ou ne plaise pas.
    Mais dès lors que seuls les intérêts de toute sorte de ces pays passent avant toute autre considération, il est discutable que les dirigeants de ceux-ci puissent agir contre Kagame qui, il faut le dire, n’existe que par le volonté de ses sponsors.
    Le mot international n’existe que dans les livres, journaux et langage médiatique. En réalité, c’est un mot vide de sens pour les Rwandais. Il s’ensuit que son évocation par les Voix des opprimés et victimes rwandais est inopérante. Il est plus porteur d’aller tout droit au but. Trop de verbiages tue le VERBE. Seuls l’action et les résultats comptent, du moins pour les Rwandais. Parler c’est bon mais agir et présenter des résultats c’est encore mieux.

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