La nouvelle association des rescapés du génocide face au régime de Kigali

Par The Rwandan Analyst

IGICUMBI ou la nouvelle association des rescapés du génocide instituée à l’étranger mais promettant de collaborer avec d’autres associations œuvrant dans le même but a suscité des réactions de la part des associations sous l’égide du FPR. A travers les lignes qui suivent, il est question de déterminer et analyser les raisons qui ont poussé les différentes associations de rescapés du génocide à combattre brutalement cette institution naissante qui n’a pas encore exprimé ses programmes n’a pas encore rien mis en œuvre pour être objectivement critiquée.

L’organisation parapluie des associations de survivants du génocide – IBUKA a condamné les activités de l’association des survivants du génocide nouvellement formée et basée sur la diaspora appelée « Igicumbi -voix des rescapés du génocide contre les Tutsi » qui déforme la vérité sur le génocide de 1994 contre les Tutsi. IBUKA coordonne des individus, des institutions et des organisations qui luttent contre le génocide tout en prenant soin des rescapés du génocide et la société rwandaise en général. Par conséquent, le parapluie a déclaré dans un communiqué publié le 4 août 2021 qu’il s’inquiétait de la soi-disant association qui rabaisse le génocide de 1994 contre les Tutsis en faisant avancer l’idéologie du double génocide.

La déclaration a été signée par les dirigeants d’IBUKA Rwanda, AVEGA Agahozo, GAERG, AERG, IBUKA Belgique, IBUKA Suisse, IBUKA France, IBUKA Italie, IBUKA Hollande, IBUKA Allemagne, IBUKA USA, ISHAMI Foundation UK, URUKUNDO Rwandan Organization Norway. IBUKA affirme que les activités du groupe visent à tromper les survivants du génocide, les Rwandais en général ainsi que le monde, car leurs activités profitent à l’élite politique. Selon le communiqué, IBUKA a déclaré que les documents et les déclarations des membres de l’association « Igicumbi -voix des rescapés du Génocide contre les Tutsi » utilisent les plateformes de médias sociaux pour violer et avilir la mémoire de ceux qui ont été tués pendant le génocide.

Il indique que Philippe Basabose, qui dirige cette association avec ses associés, utilise depuis mai 2019 des plateformes de médias sociaux comme YouTube pour faire avancer leur propre agenda politique au détriment des survivants. « Le groupe a toujours dit qu’il y avait eu un double génocide », ce qui, selon Ibuka, est une attaque directe contre l’héritage de plus d’un million de personnes tuées dans le génocide. Ceux qui déforment la vérité sur le génocide contre les Tutsi le font en sachant parfaitement la vérité que les survivants ont pu faire grâce au sacrifice consenti par les soldats de l’APR, certains ont même perdu la vie dans le processus, ajoute le communiqué. Selon le communiqué, le groupe utilise un langage qui rabaisse les victimes du génocide contre les Tutsis, où ils disent que « les restes d’os sont vendus dans des bocaux en verre ». Ceci, réitère IBUKA, blesse les rescapés du génocide étant donné que les mots qu’ils utilisent sont utilisés par les négationnistes du génocide. IBUKA poursuit en disant que ceux que le groupe traite comme des rescapés du génocide sont ceux dont l’idéologie dit qu’il y a eu un double génocide au Rwanda. De plus, le groupe condamné travaille avec d’autres organisations qui répandent la négation du génocide de 1994 contre les Tutsi qui insiste sur l’existence d’un double génocide au Rwanda. IBUKA soutient que le but du groupe basé sur la diaspora n’est pas pour leurs propres intérêts politiques ni pour le bénéfice des survivants du génocide

« La soi-disant organisation ne croit même pas à l’unité et à la réconciliation, ne permet pas aux gens d’être égaux devant la loi et elle promeut le divisionnisme. L’organisation refuse de coopérer avec d’autres pour faire face aux conséquences du génocide de 1994 contre les Tutsis, sauf pour rechercher leurs propres intérêts politiques et ils ne défendent pas vraiment les survivants du génocide », a averti IBUKA. Ibuka appelle tous les rescapés du génocide rwandais, tant au pays qu’à l’étranger, à lutter contre quiconque cherche à les induire en erreur tout en se faisant passer pour leur porte-parole. Il précise que les dirigeants de l’organisation déformant la vérité sur le génocide contre les Tutsi sont Basabose Philippe, Bayingana Jovin, Niyibizi Hosea, Rugambage Louis, Muhayimana Jason et Gasirabo Dada.

Analyse

Une série de considérations justifient l’opposition farouche contre la nouvelle association alors que sa vision et sa mission ne visent que la protection des droits des rescapés du génocide.

-Une structure avec des membres opposés au régime

La condamnation répétitive de l’association nouvellement née des rescapés du génocide par Ibuka et ses représentations à travers le monde repose sur le fait que les membres sont certes tutsis et rescapés du génocide mais ils ne sont pas adeptes de la politique du FPR c’est-à-dire qu’ils ont déjà franchi le ligne rouge tracée par le régime au même titre que les autres opposants politiques généralement considérés comme ennemis du pays quelle que soit leur appartenance ethnique.

Mais les indices ne sont pas loin. Le premier fait est qu’ils déplorent l’assassinat et non le suicide de feu Kizito Mihigo ; le fait qu’ils n’apprécient pas la poursuite judiciaire en cours de Karasira et d’Idamange reflète leur position politique ; alors ils sont à mettre dans le même panier que les autres opposants rwandais hostiles au régime et que ce dernier considère comme ses ennemis jurés.

-Le régime derrière la condamnation de la nouvelle association

Pour cohabiter avec le régime de Kigali, il faut danser sa chanson sinon ce qui vous attend n’est pas souhaitable au regard de vos droits civils et politiques. Les institutions chargées de la mémoire du génocide et de la protection des rescapés appartiennent au FPR ; c’est aussi la raison pour laquelle leurs dirigeants sont souvent affectés à d’autres postes de grande envergure. C’est le cas du Pr Dusingizimana, ancien président d’Ibuka devenu sénateur ; ainsi que Nabahire Anastase actuellement directeur général au ministère de la Justice pour ne citer que ceux-ci.

Alors ils sont bien placés pour condamner leurs membres qui oseraient s’opposer au régime. C’est ainsi qu’ils se sont directement dissociés de Karasira et Idamange lorsque ces derniers, rescapés du génocide aussi, ont été arrêtés et que sans le même contexte ils ont condamné haut et fort la nouvelle association dès qu’ils ont détecté leurs sensibilités politiques qui ostensiblement ne s’alignent pas derrière la gouvernance de Kigali.

Conclusion

C’est la politique manichéenne qui se joue à Kigali : qui n’est pas avec nous est contre nous comme si la neutralité politique n’existait pas. Raison pour laquelle la nouvelle association des rescapés du génocide n’est pas la bienvenue au Rwanda et sans s’aligner au préalable derrière le régime, tous les idéaux aussi nobles et bénéfiques qu’ils paraissent sont automatiquement jugés sans fondement aux yeux du FPR sans aucune autre forme de procès.

1 COMMENT

  1. Y a-t-il une différence entre cette nouvelle Ibuka avec Ibuka historique?
    A mon sens, il n’y en a aucune. Pourquoi et comment
    La nouvelle Ibuka ne condamne pas ou ne remet pas en cause la division des Rwandais en trois strates ethniques à savoir par ordre, les Tutsi, seules victimes du génocide dit des Tutsi, les Hutu, auteurs de ce génocide et les Twa, les oubliés.
    Comme Ibuka historique, la nouvelle Ibuka persiste dans la négation des massacres des Hutu qui, sous réserve de mauvaise, sont constitutif de génocide comme l’a clairement dit le Doyen René Dégni Ségui, envoyés spécial du Secrétaire Général de l’ONU, dans tous ses rapports sur les crimes qui ont été commis dans notre pays.
    Or, c’est un fait établi que la dénégation d’existence des victimes Hutu par entre autres Ibuka historique, branche du FPR et aujourd’hui la nouvelle Ibuka constitue un problème majeur quant à la cohabitation pacifique et harmonieuse entre les Rwandais et conséquemment lourd de conséquence à moyen et long terme non seulement pour les Rwandais mais également pour notre pays.
    Le paradoxe est qu’au Rwanda, toute évocation d’existence de Hutu, Tutsi et Twa est constitutif de crime de divisionnisme lourdement puni. Or, alors que le FPR, maison mère d’Ibuka historique dit qu’il n’existe d’ethnies Hutu, Tutsi et Twa dans notre pays, les deux Ibuka soutiennent à la fois l’inexistence d’ethnies Hutu, Tutsi et Twa et l’existence de celles-ci au Rwanda. Pour eux il les Tutsi inexistants au Rwanda ont été victimes du génocide commis par les Hutu, inexistants d’une part et les mêmesTutsi existants au Rwanda ont été victimes du génocide commis par les Hutu, existants au Rwanda d’autre part. Lorsqu’une position est posée aux dirigeants de ces deux Ibuka de préciser qu’ils sont, soit Hutu ou Tutsi, ils répondent qu’ils sont exclusivement Rwandais et refusent par conséquent de dire publiquement leur groupe ethnique et colportent en même temps le mot « génocide des Tutsi », devenu in fine un slogan.
    Lors des entretiens avec des journalistes d’une radio one line, Docteur Emmanuel Habyarimana, ex-officier supérieurs de l’armée rwandaise et de l’armée de Kagame et député à l’assemblée nationale d’une part et Twagiramungu Faustin, ex-président du parti MDR et ex-premier ministre du Gouvernement FPR d’autre part ont clairement dit que le génocide exclusif des Tutsi est une pure invention de Kagame et les siens.
    En effet, Twagiramungu, ancien premier ministre du gouvernement FPR a dit qua sous son autorité, la qualification juridique des crimes qui ont été commis au Rwanda par des Rwandais contre les Rwandais a fait l’objet d’examen profond en conseil des ministres présidé par Pasteur Bizimungu et en présence de Kagame. Après avoir constaté que les massacres ont touché les Hutu, les Tutsi et les Twa, le conseil des ministres a décidé que ces massacres doivent recevoir la qualification de « Itsemba tsemba et itsemba bwoko », en français, les crimes contre l’humanité et le génocide. Ce qui signifie que, pour le gouvernement rwandais, les Hutu, les Hutu et les Twa font partie de l’humanité et que par conséquent les crimes qui ont été commis à leur endroit par les Rwandais, Hutu, Tutsi et Twa sont constitutifs de crimes contre l’humanité d’une part et que les Hutu, les Hutu et les Twa ont commis les crimes contre Hutu, les Tutsi et les Twa pour ce qu’ils étaient à savoir Hutu, Tutsi et Twa et sont dès lors ces crimes sont constitutifs de génocide. Concernant le génocide, il est juridiquement raisonnable de parler de génocide rwandais c’est-à-dire génocide contre les Hutu, les Tutsi et les Twa qui sont tous Rwandais. Twagiramungu Faustin a précisé être l’auteur de ces mots en kinyarwanda.
    Il en résulte que la qualification de génocide exclusif contre les Tutsi est erronée.
    Le projet de qualification retenu par le gouvernement a été soumis à l’Assemblée Nationale composée de députés pro-FPR.
    Selon Emmanuel Habyarimana, ex-officiers de l’armée rwandaise et de l’armée de Kagame et députée à l’Assemblée Nationale a précisé que ce projet de loi du gouvernement a fait l’objet de débat de la part des députés. Après les débats qui ont duré plusieurs jours, les députés ont adopté le projet de loi du Gouvernement. Ce qui signifie que pour les députés rwandais, les crimes qui ont été commis dans notre pays par les Hutu, les Tutsi et les Twa sot constitutifs de crime contre l’humanité et de génocide contre les Rwandais. En l’espèce, selon la loi rwandaise qui a été adopté par les députés rwandais, il s’agit du génocide des Rwandais. Il s’ensuit que le génocide dit exclusivement des Tutsi est inexacte.
    Le constat : ni Kagame qui a approuvé cette qualification juridique en qualité de ministre de la défense et de vice-président, ni aucun dirigeant d’Ibuka ni quiconque autre qui se considère Tutsi n’a réagi aux assertions de Twagiramungu Faustin et de Habyarimana Emmanuel aux fins de contester leur véracité c’est-à-dire contester l’existence de projet de loi et de la loi portant qualification juridique des crimes qui ont été commis au Rwanda par des Rwandais contre les Rwandais.
    Alors que les faits et la loi rwandaise sont limpides, les dirigeants de la nouvelle Ibuka persistent également dans la dénégation de l’évidence et continuent à colporter u mot qui n’est qu’un slogan dépourvu de tout fondement et se fourvoie dans les contradictions ci-dessus évoquées à savoir, inexistence et existence des ethnies au Rwanda.
    De deux choses l’une soit les Tutsi existent au Rwanda, soit ils n’existent pas. Dans le premier cas dès lors que c’est un fait établi que les crimes qui ont été commis au Rwanda, ont touché les Hutu, les Tutsi et les Twa comme au surplus l’a relevé le Premier Ministre Twagiramungu Faustin auteurs des mots itsemba tsemba et itsemba bwoko, il est erroné de soutenir que seuls les Tutsi ont été les victimes de ces massacres. Dans le second cas, s’ils dans notre pays, il n’y a ni tutsi, ni twa ni hutu et que par conséquent il n’y a que des Rwandais, il est contradictoire d’affirmer que les massacres qui ont été commis au Rwanda doivent être qualifiés de génocide exclusivement contre les Tutsi qui n’existent pas.
    Cette contradiction volontaire ou consciente est la parfaite illustration que la qualification de génocide exclusive des Tutsi est la preuve de la volonté de Kagame de faires ces crimes un fonds de commerce et un outil d’oppression contre les Hutu, les Tutsi de second rang et les opposants politiques. Pour Ibuka, version 2021 et Ibuka historique, le génocide exclusif desTutsi et sa diffusion à grande échelle est un outil efficace quant au soutien de Kagame et autres dans leurs méfaits contre les Hutu et les Tutsi iniquement de nom tels Karasira Aimable et Idamange Yvonne d’une part et de pouvoir récolter des fonds auprès de différents bienfaiteurs ignorants non pas dans l’intérêt des victimes Tutsi mais dans celui de dirigeants de ces associations d’autre part. La parfaite illustration est plusieurs milliers de dollars US ou plusieurs millions de nos francs récoltés par Ibuka historique au bénéfice des rescapés, selon celle-ci et qui se sont évaporés dans la nature. Les auteurs de ce détournements massifs sur une longue période n’ont jamais té inquiété outre mesure par la justice rwandaise. Au regard des faits, la naissance d’une Nouvelle Ibuka porte atteinte aux intérêts des dirigeants des Ibuka historiques. C’est pourquoi, ils ont formé une coalition à l’endroit de celle-ci.
    Je suggère aux dirigeants de la Nouvelle Ibuka d’être cohérents dans leurs déclarations et assertions c’est-à-dire de reconnaître que seuls les crimes contre l’humanité et le génocide des Rwandais ont été retenus au titre de qualification juridique des crimes qui ont été commis au Rwanda par des Rwandais contre les Rwandais et de dire à haute voix que le génocide exclusif des Tutsi constitue une dénégation de l’évidence et est lourd de conséquence quant à la cohabitation pacifique et harmonieuse entre les Rwandais, constituant un et un seul Peuple, le Peuple Rwandais, éternel et qui vient du fond des âges. Ils doivent condamner haut et fort les agissements d’Ibuka maison mère et ses excroissances. A défaut, elle ne sera qu’une excroissance de plus de cette première qui participe aux méfaits de Kagame et autres.
    La division des Rwandais en deux factions, de bons, les Tutsi et les méchants, les Hutu, a inéluctablement des conséquences à moyen ou à long terme dont il est difficile de mesurer la gravité a priori. C’est une question de temps. Il est incompréhensible qu’un docteur ose faire abstractions des lois rwandaises ou l’évidence absolue et soutenir sciemment les divagations manifestes. Au lieu de prouver que les assertions de Twagiramungu et de Habyarimana sont dépourvues de tout fondement c’est-à-dire prouver l’inexistence de projet et de la loi ci-dessus évoqués, ils leurs opposent le slogan : négationnistes du génocide des Tutsi. Ce qui est encore gravissime c’est que certains Tutsi dits intellectuels affirment sans vergogne que les Nations Unies ont reconnues le génocide des Tutsi mais ils sèchent quand il leur est demandé de citer précisément leurs sources. Sur une radio on line, certains Rwandais ont écouté Gasana Anastase, dit professeur des universités et ex-ministre des affaires étrangères de Kagame et autres. Ils ont osé affirmer que les Nations Unies ont reconnues le génocide exclusif des Tutsi, que ce génocide a été planifié, selon les uns et depuis 1959, selon les autres, que seuls les Interahamwe sont les auteurs de ce génocide etc. Au regard de ces contradictions, incohérences et mauvaise foi caractérisé de certains intellectuels rwandais Tutsi et Hutu, la barque rwandaise est trop chargée.
    La question que tout Rwandais peut raisonnablement se poser est la suivante. Pourquoi et comment, devant des millions de Rwandais de tous niveaux de qualification, un docteur, professeur des universités, hait fonctionnaire international etc. ose-t-il persister en flagrance dans la dénégation de l’évidence et se livrer aux mensonges ( mention « plus d’un million de mort Tutsi » sur des stèles qui ont été construites en France dédiées au seules victimes Tutsi alors qu’Ibuka a lui-même dit que le nombre de victimes Tutsi ne dépasse pas 250 mille sur une population qui ne dépassait pas 700 mille en 1994) ?

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