Le rôle de Mubalaka Edward dans la disparition de Joseph Harelimana

By The Rwandan Lawyer

Joseph Harelimana s’est récemment illustré en imitant la voix angélique de feu Kizito Mihigo et en chantant ses différentes chansons ; l’entendre poussait les gens à penser que Kizito Mihigo était ressuscité. Le régime du FPR n’a sans doute pas été satisfait de ce phénomène qui évoquait la mémoire de la star du gospel et a peut-être décidé de l’éliminer lui aussi. Le présent article évalue le rôle qu’a pu jouer un certain Edward Mubalaka.

Les lignes ci-dessous établissent diverses caractéristiques du nommé Edward Mubalaka pour évaluer les probabilités le liant à la disparition du chanteur Joseph Harelimana

Un escroc célèbre

Edward Mubalaka a été maintes fois détenu et même emprisonné pour avoir commis une escroquerie. Il a souvent été impliqué dans des actes de grivèlerie au cours desquels il avait pris des actifs dans des supermarchés ; dans les bars et n’a pas payé; utilisation de chèques sans provision pour obtenir de l’argent; pire, il commettait souvent des faux en vendant des immeubles en exposant aux acheteurs des UPI fabriquées à Biryogo un quartier tristement illustré de la ville de Kigali habité par des faussaires de permis de conduire ; faux diplômes et relevés de notes ; cartes d’identité; certificats et autres types de documents. Il parvenait à obtenir au moins ¼ ​​du prix convenu et disparaissait en coupant tous les outils de communication ; c’est au moment où les nouveaux acquéreurs procédaient à la formalité de mutation que les vrais propriétaires ont été identifiés et que la police a réussi à l’attraper.

Il peut utiliser ses manœuvres malveillantes même dans d’autres affaires telles que l’obtention de prêts bancaires sur des documents falsifiés sur de prétendus titres immobiliers ; attirer de belles filles et femmes en leur promettant de les rendre riches et avoir des relations sexuelles avec elles ; obtenir de l’argent de jeunes chômeurs en leur promettant de les recruter dans ses nombreuses entreprises.

L’agent du régime de Kigali.

En 2016, il a déclaré dans les médias qu’il n’y avait aucun souci de tuer des opposants politiques au régime de Kigali. Par ailleurs, il a animé des séances de commémoration du génocide dans la cellule de Kicukiro où il réside pour insinuer qu’il est un citoyen ordinaire faisant partie des leaders d’opinion locaux et n’a jamais été entendu critiquer le régime du FPR. Il se serait décrit comme un major à la retraite de RDF et se plaisait à parler la langue ruganda apparemment pour établir qu’il était là depuis longtemps pendant la lutte et qu’il y est né.

La responsabilité latente d’Edward Mubalaka

Edward s’est déclaré le gérant de ce Joseph Harelimana pour ses droits de propriété intellectuelle. Cependant, l’étendue de l’opportunisme et du matérialisme de Mubalaka Edward permet à tout le monde de penser que c’est lui le meurtre même ou le complice de la mort inattendue de Joseph Harelimana ou de la disparition comme dans l’entretien qu’il avait accordé au blog Umurabyo d’Agnès Nkusi Uwimana dont il se déclarait fier d’être désigné comme informateur ou espion du régime pour laisser entendre que c’était pour lui ce que pourraient éventuellement demander les autorités rwandaises à l’encontre du chanteur d’autant plus qu’il a eu la chance d’accéder à lui en tant que manager.

En effet, même si apparemment Mubalaka Edward semble très aimable vis-à-vis du public en général et de ses voisins en particulier, les délits pour lesquels il a été condamné prouvent à suffisance qu’il est un criminel économique professionnel et cette cupidité excessive qui le caractérise ne peut l’empêcher de actes criminels à condition qu’il reçoive de l’argent.

Par ailleurs, s’il est bien l’agent du régime, il est par conséquent formé pour mener à bien les tâches qu’il est appelé à mettre en œuvre dans l’intérêt de ses supérieurs surtout s’il est véritablement un ancien officier supérieur de RDF.

Responsabilité en tant que gestionnaire

Le disparu Joseph Harelimana passait ses messages sur Mutware TV et une partie de la communauté catholique de base appelée Kizito Mihigo ; pire, il avait lancé une initiative pour perpétuer le nom de feu Kizito Mihigo en imitant sa voix et avec ce talent en chantant ses chansons. Comme le régime de Kigali est soupçonné d’avoir comploté et exécuté l’assassinat du célèbre chanteur de gospel, la résurgence de ses chansons peut réveiller dans le public rwandais la douleur de sa mort et contribuer à les soulever contre le régime. Ainsi, ces pratiques de Joseph Harelimana constituaient de facto un crime impardonnable ; le soumettre aux tribunaux ne serait pas préférable à l’éliminer physiquement et ainsi le museler une fois pour toutes. Heureusement pour eux, comme Mubalaka Edward était son manager et fervent partisan du régime du FPR, il était prêt à leur offrir sa tête sur un plateau ; ce qu’il a fait bien sûr.

Si une éventuelle poursuite est ouverte pour savoir où a été emmené ce chanteur innocent, Mubalaka Edward pourrait être parmi les personnes à interroger en ce qui concerne la responsabilité pénale.

Au Rwanda, la disparition des opposants au pouvoir est une pratique courante qui se traduit souvent par la mort des victimes ou la torture suivie de leur libération. Puis ces derniers après s’être remis du traumatisme dont ils ont souffert, dévoilent ce qu’ils y ont subi révélant surtout qu’un grand nombre de leurs collègues ont été sauvagement tués. La raison pour laquelle Joseph Harelimana et Bahati Innocent sont soit encore torturés dans les centres de transit, soit déjà assassinés. Le temps nous le dira.