Rwanda: Les Accusations de Meurtres et de Tortures dans la Prison de Rubavu

Ce lundi, 29 Janvier 2024, devant le tribunal de Rubavu, situé dans l’ouest du Rwanda, Ephraim Gahungu, ancien directeur de la prison de Rubavu, a nié les accusations de meurtre et de torture infligée à certains prisonniers, ainsi que de dissimulation de ces crimes. Il est accusé, tout comme son prédécesseur Innocent Kayumba, d’être impliqué dans le meurtre de sept détenus et dans la torture de dizaines d’autres.

Selon l’accusation, un détenu nommé Agahanze est mort en prison en 2019. Le parquet affirme qu’il a été tué par ses codétenus, notamment Joseph Mpakaniye et Charles Nkurunziza. Agahanze, qui était détenu dans l’isolement, aurait été assassiné après que Gahungu, alors directeur, ait exprimé lors d’une réunion son désir de ne plus entendre parler de la violence perpétrée par Agahanze. Gahungu aurait omis de mener une enquête sur la mort d’Agahanze, préférant déclarer que celle-ci était due à une maladie. En sa défense, Gahungu a rétorqué que lors du décès d’Agahanze, il n’était pas présent, étant en déplacement à Kigali pour une réunion.

Gahungu a également soutenu que certains des présumés meurtriers d’Agahanze avaient été transférés hors de la prison avant l’incident. Cependant, l’accusation a contesté cet argument, affirmant que le transfert de prisonniers était souvent utilisé pour les impliquer dans des actes de torture dans d’autres établissements pénitentiaires. Ceux-ci étaient choisis parmi les détenus les plus violents, sous les ordres des responsables de la prison, tels qu’Innocent Kayumba, qui a ensuite été transféré à la prison de Nyarugenge à Kigali.

Un autre nom cité dans ces actes de meurtres et de tortures est celui de Byinshi Emmanuel, accusé d’avoir personnellement tué trois codétenus. Emmanuel, qui dirigeait la sécurité interne de la prison, était craint par ses codétenus pour sa capacité à « tuer ou épargner à sa guise », selon le parquet. Néanmoins, lors de sa défense, Byinshi a nié les accusations de meurtre, affirmant qu’il n’avait pas le pouvoir de tuer et qu’il ne faisait qu’exécuter les ordres de la direction de la prison, sans jamais recevoir d’ordres de tuer.

Le parquet soutient que Byinshi avait le pouvoir de « tuer ou sauver » en raison de sa position au sein de la prison. Il aurait agi sur ordre des responsables de la prison, ce qui expliquerait pourquoi il n’a pas été poursuivi pour ses actes. Il est également allégué que la direction de la prison a tenté à plusieurs reprises de dissimuler les preuves des crimes commis par Byinshi, y compris en envoyant des détenus décédés à l’hôpital de Gisenyi, le directeur de la prison déclarant qu’ils étaient en route pour recevoir des soins non disponibles en prison.

Cette affaire soulève des questions profondes sur les pratiques au sein du système carcéral rwandais et met en lumière la nécessité d’une enquête internationale approfondie et transparente pour garantir la justice pour les victimes.