Procès Victoire Ingabire : audition à huit clos d’un témoin à décharge

Kigali le 15 Mai 2013-Les auditions dans le procès de l’opposante politique, Madame Victoire Ingabire, ont repris ce mercredi le 15 Mai 2013 devant la cour suprême. Dans son intervention, maître Iain Edwards, co-conseil de l’accusé, a fait écho des inquiétudes d’un témoin à décharge qui devait comparaître et demandé un huit clos pour des raisons de sa sécurité. Après avoir entendu les deux partis, la cour a répondu favorablement et prié l’audience de quitter la salle. Les auditions de ce témoin se sont poursuivies jusqu’’à 13h00, quant le procès a été ajourné jusqu’à demain.

Ce même jour, était prévu la comparution devant le tribunal de Karongi, d’un autre membre de la direction du parti, Mr Sylvain Sibomana, secrétaire général du parti, qui a été arrêté le 25 mars 2013. Au cours de son arrestation, il avait été violemment pris à partie par la police qui l’avait tabassé au point de perdre des dents.
L’affaire de Rutsiro concerne également Mr Mutuyimana Anselme et 6 autres personnes de la région de Rutsiro, accusés d’avoir rencontré le 15 septembre 2012, monsieur Sylvain Sibomana. Le procureur estime que le seul fait de rencontrer monsieur Sylvain Sibomana et de parler du parti FDU INKINGI constitue un crime d’atteinte à la sécurité de l’Etat et de soulèvement de la population contre le pouvoir en place.

Comme pour la convocation manquée du 2 avril 2013, la prison de Kimironko n’a pas transféré Mr Sibomana au tribunal à Karongi et le procès a encore une fois été ajourné au 5 juin 2013, ce qui est visiblement une manœuvre dilatoire destinée à maintenir l’accusé en prison. Pour rappel, même si Mr Sibomana doit comparaître devant le tribunal, il n’a jamais été interrogé ni par la police, ni par le bureau du procureur sur ce dossier. Il est donc étonnant que quelqu’un soit interrogé sur le fond devant le tribunal, sans jamais avoir été entendu au cours des enquêtes, ni inculpé.

Il sied aussi de rappeler que lorsque la haute cour de Gasabo a prolongé de 30 jours le délai de détention provisoire de Mr Sylvain Sibomana et Shyirambere Dominique, les intéressés avaient interjeté appel, mais la cour a préféré garde un mutisme total sur cet appel. Même le délai de 30 jours qui avait été accordé par le jugement a déjà expiré ce qui rend de facto leur détention illégale.
Depuis leur détention, ils ont régulièrement fait l’objet de traitements inhumains et dégradants, tel que des confinements aux cachots, des violences corporelles et des privations de vivres, en dépit des certificats médicaux recommandant un régime alimentaire. De plus, les autorités pénitentiaires ont pris la décision, le 10 mai 2013, d’aggraver davantage les conditions de détention en interdisant à Sylvain Sibomana le droit de recevoir des vivres de la cantine situant à l’intérieur de la prison.

Le parti FDU-Inkingi dénonce fermement les graves violations des droits de l’homme dont continuent d’être victimes ces personnes dont le seul tort est d’être membres d’un parti d’opposition au régime du FPR.

Boniface Twagirimana