RWANDA: Kagame menace d’envahir la RDC!

Par Erasme Rugemintwaza

Ce 8 Février 2022, dans un discours de réception des serments des nouveaux membres du Gouvernement, prononcé dans le Palais du Parlement, le président rwandais Paul Kagame a mis en garde ses ennemis, mais particulièrement, il a menacé d’envahir la République Démocratique du Congo, car, dit-il, les ennemis du Rwanda se rassemblent et font des alliances sous l’œil impuissant de ceux qui se réclament,  les traquent. Or, il n’y a pas d’espace pour la guerre sur le sol rwandais! Pourquoi ces nouvelles menaces de Kagame  connu de toujours joindre l’action à la parole?

Après avoir durement tancé les dignitaires de son régime d’inaction face aux problèmes des rwandais qu’ils sont sensés servir, le président rwandais Paul Kagame a tenu à informer les Rwandais, y compris le Parlement des dossiers diplomatiques pour relancer le bon voisinage mais aussi des déploiements militaires en cours et leurs résultats éclatants dans leurs missions. Celui qui connaît, comment les déploiements militaires se font sous d’autres cieux, des débats houleux qu’ils suscitent dans les Parlements, sera certainement surpris d’entendre Paul Kagame dire qu’il veut informer le Parlement des missions militaires comme au menu peuple. Et surtout la chaire de poule va pousser en entendant le Général Kagame critiquer toutes les opérations militaires qui se font dans l’Est de la RDCongo, pour se proposer comme le Deus ex machina.

Le bon voisinage avec un bon entrain

Paul Kagame a dressé un bilan glossaire sur regain du bon voisinage avec deux voisins: le Burundi et l’Ouganda.

  • Le Burundi: Ceux qui sont derrière les incursions vont avoir des problèmes!

Kagame a souligne qu’il y a, de deux côtés du Rwanda et du Burundi, une bonne volonté de relancer les bonnes relations. Il y a eu des rencontres fructueuses  entre diplomates et très récemment un émissaire spécial du Président Burundais a été accueilli par Kagame. Le problème des groupes armés qui utilisent la foret de Kibira au Burundi qui n’est autre que le prolongement de Nyungwe va être vite résolu. Paul Kagame a tenu à mettre en garde ceux qui sont derrière ces incursions qui ne sont en soi qu’une simple menace. Rappelons que les relations entre le Rwanda et le Burundi se sont dégradées quand,  suite à une mésentente entre le feu Pierre NKURUNZIZA et Paul KAGAME. Le Bujumbura accuse Kigali de vouloir saboter son pouvoir er ceci s’est empiré avec le coup d’Etat manqué contre Pierre NKURUNZIZA dans lequel, selon toutes les apparences, Kigali avait une main manifestement visible. Car à Kigali la nouvelle du Coup d”Etat de NKURUNZIZA a été accueillie en liesse. Mais l’Ouganda est vite intervenu pour faire déguerpir les putschistes qui se sont vite sauvés vers Kigali où ils vivent meme actuellement sans aucune inquiétude. La suite a été des accusations mutuelles où Kigali, pour cacher cet affront accusait et continue d’accuser le Burundi d’être la base des incursions; tandis que Bujumbura accusait Kigali de former et entraîner un groupe armé du nom du RED-Tabara. D’aucuns affirment que le RED-Tabara est bel et bien la création des Forces spéciales de Kagame mais pour trouver un alibi et continuer d’alimenter le quiproquo  et ainsi couvrir son échec de prendre le pouvoir à Bujumbura, Kigali continue de parler d’assaillants qui se replient dans le Kibira.

  • L’Ouganda: on est en bonne voie

Concernant le Grand voisin du Nord, l’Ouganda, Kagame a fait savoir qu’il y a des signes positifs de changer  les choses qui ont poussé  le Rwanda à fermer la frontière. Certes, les négociations ont toujours existé mais souvent on parlait pour parler, dit Kgame. Mais dernièrement avec l’émissaire de Président Ougandais, il parle ici du Fils du Président Museveni le Lt Général Muhoozi Kainerugaba,  il y a eu un franc-parler qui s’est suivi par les des actions manifestement positives pour Kigali. D’où l’ouverture de la frontière actuellement restrictive suite aux protocoles de Covid-19. Kagame a tenu toutefois à souligner que l’Ouganda était devenu le lieu de rencontre des ennemis du Rwanda et que tout Rwandais, enfant ou vieux était pourchassé sous prétexte que ceux qui ne sont pas des ennemis du Rwanda sont ipso facto ses espions. Une  chose quasi impossible car ce serait de l’ignorance en la matière d’espionnage, ce qui n’est pas le cas! Sans mâcher les mots, à ceux-là qui croient qu’ils pourront faire quelque chose contre le Rwanda, Kagame leur dit qu’ils ne peuvent rien, que tout simplement leurs jours sont comptés. Soulignons en passant que les deux pays frères, non seulement partagent un héritage historique d’amitié très ancien mais leurs présidents respectifs, Museveni et Kagame sont des rebelles depuis des années 80 et se sont mutuellement aidés pour prendre le pouvoir dans leurs pays respectifs. D’abord Museveni en Ouganda en 1986, dont plus ou moins 25% de ses hommes étaient de jeunes Tutsis rwandais, refugiés en Ouganda, et puis Kagame au Rwanda en 1994, dont l’Ouganda a constitué une base arrière et la voie de tous les renforts tant militaires, financiers et politiques du FPR- Inkotanyi, qui a vu le jour là-bas. Mais pour des rivalités hégémoniques, les deux camarades, tombeurs de Habyarimana et Mobutu, qui ont pourtant aidé Museveni, se regardent en chiens de faïences. Tout simplement l’ouverture de Gatuna a réjouit les populations de deux pays et la région entière.

Kigali : Quand le Kalachnikov devient un moyen diplomatique

Depuis plusieurs mois, le Rwanda envoie ses militaires dans des opérations militaires dans des zones très lointaines qui normalement ne constituent pas des préoccupations sécuritaires immédiates. Tout le monde se pose autant de questions que possibles sur les raisons de ces déploiement,  sachant qu’en plus de ces opérations bilatérales, ce petit pays pauvres est le cinquième contributeur mondial dans de missions de maintiens de la pais onusiennes avec 5331 hommes, le deuxième en Afrique après l’Ethiopie. Le Rwanda donne des raisons diverses dans ces opérations mais ce qui est plus grave dans tout cela c’est que le Parlement rwandais ne s’implique jamais dans le processus de déploiements militaires, il en est informe comme tout autre simple citoyen par Kagame. Ce qui vient corroborer les analyses selon lesquelles, l’armée rwandaise est un outil pour la grandeur de Kagame !

  • La République Centrafricaine

Le Rwanda y est doublement présent, d’abord par la Mission Onusienne en Centrafrique(Monusca), et puis par la coopération bilatérale.  Toujours avec des critiques acerbes envers les opérations onusiennes qui ne font presque rien, et toujours en tête la MINUAR, qui a quitté le Rwanda en plein génocide contre les Tutsis,  Kagame a fait savoir que il y a souvent des urgences qui risquent d’aboutir au pire si l’on attendait l’ONU. En fait les interventions opérationnelles sont différentes, l’ONU maintient la paix, qui apparemment n’existe pas dans les zones de déploiement onusien, mais les missions bilatérales créent la paix. C’est ce que les rwandais ont fait avec cette opération bilatérale, le moindre retard risquait de faire tomber le pays entre les mains de rebelles. Mais en filigrane de ces opérations militaires, il y a toujours l’économie. En dehors de l’argument de Kagame qui prêche la « solidarité africaine », loin du discours de Kigali « Lorsqu’on nous demande d’aider et que nous sommes en mesure de le faire, nous le faisons, sur la base d’une bonne coopération bilatérale et dans l’esprit de la solidarité africaine », ou l’argument avançant la prévention d’une situation qui puisse  se dégrader en génocide, il y a une fine politique d’élargir la zone d’influence économique, loin de la région des Grands dans laquelle d’ailleurs son voisinage n’est pas au bon fixe. Ainsi la Kalachnikov devient un outil d’exportation de l’influence du Rwanda dans la région, d’autant plus que Kigali se targue d’avoir une armée bien entrainée, « Nous disposons d’une armée professionnelle », a répété Kagame dans le discours de ce 08 Février, 2022. Ainsi cette philosophie interventionniste, ouvre à Kigali la porte d’autre coopération, notamment économique. En RCA déjà, avec le visite de Faustin-Archange Touadera à Kigali, à côté d’un seul accord de coopération en sécurité on a trois en matière économique et financière à savoir la planification financière, l’exploitation minière et le transport. Et dans tout cela Kigali implique, le Crystal Ventures, bras financier du FPR-Inkotanyi, tenant du pouvoir.

  • Le Mozambique : Des succès rémunérateurs 

Les succès au Mozambique sont notoires comme en RCA. La province de Cabo Delgabo, trois fois plus grand que le Rwanda est libre a 85%, souligne Kagame, mais il y  a toujours de poches de replis qu’il faut vider de ces djihadistes. Les raisons avancées par Kigali sont les mêmes, «  la solidariste africaine », ou comme le souligne toujours Kagame, le retard d’intervention dans le cadre multilatéral. En fait Kagame desavance de peu l’intervention de la Communauté de Développement d’Afrique Australe (CDAA/SADC), est remporte une victoire sur les insurgés dans les premiers jours. La SADC n’a pas vu de bon œil l’intervention du Rwanda, mais le président mozambicain  Filipe Nyusi, brandissant de la souveraineté a invité le Rwanda, il le trouvait comme partenaire fiable avec les militaires rwandais prétendument expérimentes. Cette opération, très chère, à voir les équipements militaires  exhibés dont les drones et les chars blindés, nourrit la polémique quant à son financement. Mais la visite récente du PDG dans le Village Urugwiro du géant mondial pétrolier TotalEnergie, ayant un site gazier dans Cabo Delgado, a confirmé se qui se disait dans les coulisses: Le TotalEnergy finance l’opération. Et pour la RCA et pour le Mozambique, Paul Kagame, a annoncé que la durée de déploiement est indéterminée.

Dans son discours, Paul Kagame, va aboutir sur un dossier chaud qu’il avait au départ dit éviter, le dossier de la République Démocratique du Congo.

La RDCongo : Imminente invasion par Kigali

Pour Paul Kagame, peu importe ce que les autres peuvent ou pourront dire, s’ils n’acceptent pas sa méthode de faire les choses. L’important pour l’empereur de Grands lacs Africain est la sécurité de son pays. Kagame dit qu’il n’a pas besoin de demander l’accord de quiconque quand la ligne rouge est dépassée. En parlant de la RDCongo, Kagame évoque d’abord que dans la foulée des opérations au Mozambique, on a arrêté, au Rwanda,  des terroristes se réclamant de l’ADF, mais qui voulaient venger leurs camarade de Mozambique. Ici Kagame embrouille tout le monde dans une sorte de puzzle qu’il a préparée pour légitimer son idée d’envahir invasion la RDCongo. Il critique publiquement la MONUSCO disant que le bilan de 25 ans est presque nul et s’attaque à l’opération  conjointe FARDC-UPDF, disant que le problème des ADF est un problème régional, qu’une opération ne devrait pas être seulement de deux armées mais que le Rwanda suit la situation de près. Il dit que le FDLR s’allie avec l’ADF aux yeux impuissants de ces forces présentes en RDCongo mais il souligne que le Rwanda  va résoudre le problème comme il doit être résolu.

 « Nous avons les yeux braqués là-bas parce qu’il y a les groupes armés qui nous menacent, notamment l’ADF [groupe en Ituri, loin du Rwanda, que les FARDC-UPDF, combattent dans l’opération conjointe Ushujaa]. Nous avons les yeux ouverts sur ce problème. Mais soyez rassurés que nous trancherons ultimement ce problème. Nous utiliserons tous les moyens, la persuasion et les accords pour trouver les solutions. Mais quand quelqu’un franchit la ligne rouge, nous ne demandons pas de permission à personne pour intervenir. Tout simplement nous nous y engageons et nous arrangeons le problème. Nous sommes toujours à l’étape de l’évaluation de la situation et en balançant nos options. Mais quand nous trouverons que le Rwanda sera impacté par les développements du problème, nous nous engagerons, avec ou sans consentement des parties [actuellement] concernées. Quiconque nous veut la guerre, nous la lui donnons. Nous avons des professionnels pour faire la guerre. Notre doctrine est de faire la guerre sur le territoire de notre ennemi parce que notre pays est petit », vociféra Kagame avec véhémence

Voici le hic ! Que Dieu préserve la population innocente de l’Est de la RDCongo, toujours meurtrie, du courroux de ses petits dieux, pourtant mortels comme elle!