Par Erasme Rugemintwaza
Le procès de Rusesabagina continue faire son lot d’effets boomerang contre le Gouvernement rwandais. L’affaire est comparable à « Le Lion est le moucheron », dans lequel cet adversaire minable fait pourtant danser le roi de la forêt! Après que des groupes de défense des droits humains, comme la Fondation Lantos, aient continué à faire la pression sur Kigali en faveur de Paul Rusesabagina,-maintenant abandonné par ses propres pays les États-Unis et la Belgique-, les députés britanniques brisent le silence et proposent des sanctions Magnitsky contre des personalités rwandaises impliquées dans l’affaire.
Tout le monde a été surpris lorsque, devant les journalistes d’Al Jazeera, le Ministre rwandais Busingye Johnson. reconnut que c’est le Rwanda qui a loué l’avion qui a emmené Rusesabagina au Rwanda. C’est pour ce fait probant que Chris Bryant, député du Parlement britannique, a lancé et appelé à la condamnation de l’ancien Ministre rwandais de la Justice Johnston Busingye, récemment nommé ambassadeur du Rwanda au Royaume-Uni. Mais Busingye n’est pas le seul rwandais cité dans ce débat des parlementaires britanniques puisqu’il y a aussi le colonel Jeannot Ruhunga Directeur Général du Bureau Rwandais d’Investigation (RIB). Les deux hommes sont accusés par des députés britanniques pour l' »extradition illégale » et sans consentement aucun de M. Paul Rusesabagina vers le Rwanda, ainsi que la séquestration, les traitements inhumains et les tortures à son encontre.
M. Bryant a tenu ces propos lors d’un débat dans la salle du Parlement Britannique de Westminster, dans lequel on a également cité quelques dirigeants des pays comme le Soudan et l’Iran à faire l’objet de sanctions « Magnitsky », accusés de violations graves des droits de l’homme. « Le Royaume-Uni n’est pas envahisable, Busingye n’y mettra point le pied », a déclaré le député Bryant.
Au mois de Février 2021, M. Busingye Johnston a admis à la télévision Al Jazeera que le Rwanda « a payé » le vol de Rusesabagina de Dubaï à Kigali. La déclaration du député Chris Bryant, membre du Parti Travailliste, a été publiée sur Twitter par le site officiel du parti.
« En août de l’année dernière [2020 Ndlr], Paul Rusesabagina, qui inspira le film Hotel Rwanda […] et qui critiquait vivement le président Kagame […] a été drogué, puis embarqué dans un avion et renvoyé de force au Rwanda , où il a été détenu et est torturé « . Le Rwanda a catégoriquement nié ces allégations, les traitant de « bruit » sans fondement, tout en bloquant toute voie d’une enquête indépendante sur cet « enlèvement » de Rusesabagina. « M. Busingye devrait figurer sur notre liste de personnes qui ont été condamnées au lieu d’être parmi les personnes qui devraient être escortées au palais de Buckingham [où elles présentent à la reine les papiers d’accréditation de leurs pays Ndlr] », dit toujours, Chris Bryant.
L’idée d’imposer des sanctions Magnitsky contre Busingye a également été soutenue par le député Lain Duncan Smith, membre du parti Conservateur, selon une publication sur Twitter du « All Party Group on Magnitsky Sanctions », appelant à ce que Busingye soit sanctionné. Ni M. Busingye ni le Gouvernement rwandais n’ont commenté la décision du Parlement britannique d’imposer des sanctions.
Il est à rappeler que la question de l’enlèvement de Rusesabagina a été niée par le président Paul Kagame, qui a affirmé que Paul Rusesabagina est venu au Rwanda volontairement, sans aucune contrainte. Cette contradiction profonde contre la version officielle versée par le président Kagame, par le porte-parole se son Gouvernement, qui révéla au monde entier que c’est le Gouvernement rwandais qui a payé l’avion, a plus qu’inquiété M. Busingye. Il s’est alors rapidement avisé de faire une déclaration via le Ministère de la Justice, pour dire que ses propos sur Al Jazeera ont été truqués. Mais subtilement, dans l’interview fatale avec Al Jazeera, après avoir culpabilisé son Gouvernement, M. Busingye a dévéloppé des sophismes pour faire passer le « kidnapping » de Rusesabagina comme internationnellement légal. Il a soutenu que « enlever » un criminel ou le « tromper » pour qu’il soit au bon endroit facilitant son appréhension sont des actes légaux, en vertu du droit international. On se demande alors pourquoi il se serait précipité pour publier un communiqué accusant Al Jazeera d’avoir truqué ses propos. Tout le monde s’attendait à la colère irascible de Kagame contre Busingye avec des domages possibles. Ses amis priaient pour lui. Mais beaucoup d’autres, en revanche, se réjouissaient et remerciaient Dieu d’avoir enfin dévoilé Kagame et ses mensonges. L’on sait également que, au procès en 2021, le religieux Vincent Niyomwungere a déclaré qu’il a trompé Rusesabagina et l’avait emmené dans un vol privé pour Kigali alors que l’autre croyait qu’il se rendait à Bujumbura au Burundi.
Rusesabagina s’est retiré du procès, après le témoignage de ce prélat, affirmant qu’il ne voyait pas de justice dans son procès, dans ce tribunal encore plus dans un pays qui l’a kidnappé. Dans ce procès que toute la communauté internationale qualifie d’inique et inéquitable, Rusesabagina a été reconnu coupable de terrorisme, condamné à 25 ans de prison ferme, en fin septembre 2021. Mais le Parquet du Rwanda a interjeté l’appel allégant que la sentence de 25 ans est trop minine pour un terroriste de telle calibre.
Quant à Busingye Johnson, on sait qu’à partir du 31/08/2021, il a été nommé ambassadeur, mais jusqu’à l’heure actuelle, le nouveau ambassadeur du Rwanda n’a pas encore présenté ses lettres d’accréditation au Palais de Buckingham pour commencer sa carrière de diplomate. Les analystes estiment que la supsension du départ de Busingye serait venu du Gouvernement britannique qui aurait demandé au Rwanda, en secret, de remplacer l’homme et d’en envoyer un autre. Ainsi, cet acte des députés de proposer des sanctions Magnitsky contre M. Busingye Johnston serait, peut-être, fait sous l’instigation du Gouvernement britannique pour sortir de ce mystère.