Rwanda: Utilisation des Réfugiés Tutsi Congolais comme Moyen de Pression Diplomatique

Ce 4 mars 2024, une manifestation a été organisée soi-disant par des réfugiés tutsi congolais résidant dans divers camps au Rwanda, exprimant leur mécontentement face aux violences subies par les populations de langue Kinyarwanda en République Démocratique du Congo (RDC). Cette mobilisation a débuté dans le camp de Nkamira, situé dans le district de Rubavu, par une marche pacifique, en l’absence notable de forces de sécurité, tant dans le camp qu’à ses abords.

Selon un représentant des manifestants et leader parmi les réfugiés, aucune autorisation officielle n’a été sollicitée pour cet événement, une démarche surprenante étant donné le contexte rwandais où l’approbation gouvernementale est généralement requise pour de telles actions. Cette particularité a suscité l’étonnement de ceux familiers avec la rigueur des politiques rwandaises, suggérant une possible implication des autorités.

Les protestataires, brandissant des pancartes en anglais et en Kinyarwanda, ont condamné le génocide en cours contre les Tutsis dans les régions du Nord et du Sud Kivu, ainsi que l’Ituri en RDC, et ont dénoncé le soutien du Malawi à ces atrocités. En plus de la marche, les réfugiés ont exprimé leur désespoir et leur fatigue face à la violence par le biais de différentes œuvres artistiques.

La série de manifestations, débutée le 4 mars, est prévue de se poursuivre dans plusieurs camps à travers le Rwanda, pour finalement atteindre Kigali, où des démarches auprès des ambassades sélectionnées sont anticipées.

Cet événement fait écho à une manifestation précédente en mars 2018 au camp de Kiziba, qui avait été violemment réprimée par les forces rwandaises. Selon des rapports de l’ONU, cette intervention avait entraîné la mort d’au moins 20 réfugiés, des blessures à plusieurs autres, et des arrestations suivies de procès.

Des analystes estiment que cette manifestation est orchestrée par le gouvernement rwandais en réponse aux mobilisations soutenant le gouvernement congolais à l’étranger, y compris en Europe, en Amérique et devant des ambassades en RDC. Cette perspective suggère une manipulation des réfugiés par les autorités rwandaises, dans un contexte où toute forme de protestation au Rwanda est étroitement surveillée et généralement alignée sur les intérêts gouvernementaux.

Un réfugié congolais Tutsi, autrefois résident du camp de Kiziba et maintenant établi aux États-Unis, a critiqué l’initiative du gouvernement rwandais de mobiliser les réfugiés de Kiziba, la qualifiant de méprisante et humiliante, révélant une utilisation cynique des réfugiés comme outils politiques et diplomatiques.