L’Ambassadeur Nduhungirehe et Alain Patrick Ndengera ne peuvent-ils pas être accusés de minimiser le genocide des tutsi?

Pendant cette période de deuil de cette année 2016, plusieurs rwandais de toutes les catégories ont été arrêtés pour le crime de minimisation du génocide ou de véhiculer l’idéologie du génocide. Les chiffres fournis par les instances administratives font état de plus de 40 arrestations.

Alors qu’au Rwanda des gens continuent d’être arrêtés en série et que beaucoup retiennent leur souffle de peur d’être jeté en prison, à l’étranger certains « fans » du FPR ( je les appelle des fans car certains fans vont derrière une équipe victorieuse seulement et quand elle perd , ils se rabattent sur la nouvelle victorieuse et si nécessaire ils reviennent dans le juron de celle qu’ils avaient abandonnée) eux ils ont commémoré publiquement la mémoire des leurs et à travers les réseaux sociaux et ont reçu des messages de sympathie et de solidarité de la part des amis. Or, les victimes ont été tuées par le FPR que les fans cités ci-haut servent actuellement.

Dans les débats surtouts sur les réseaux sociaux quand la question des hutu tués par le FRP est soulevée, la réponse généralement donnée par les extrémistes tutsi et certains « hutu de service » (on dirait qu’ils l’ont apprise en même temps ), est que les hutu qui sont morts ( dont des enfants, des bébés , des vieilles personnes, des handicapés, des aveugles, des femmes ,des malades mentaux ou fous, des sourds-muets…) que tout ce monde a été tué dans la campagne pour arrêter le génocide car surpris en train de tuer des tutsi !

Ici, il y a lieu de se demander si l’Ambassadeur Olivier Nduhungirehe et Monsieur Alain Patrick Ndengera sont aussi convaincus que leurs frères Janvier Jean Cyriaque Nduhungirehe et René Claude Nzaramba ( qu’ils reposent en paix) ont eux aussi été tués quand ils ont été surpris en train de massacrer les tutsi comme l’accrédite la thèse du régime qu’ils servent.

D’après les informations dont dispose The Rwandan, ces jeunes ont été froidement abattus par les combattants du FPR et quand ils furent tués aucun d’eux n’était armé, ni n’avait tué personne ou ne se trouvait près d’un lieu où s’étaient produits des tueries.

Feu René Claude ainsi que d’autres victimes de notre génération que Dieu leur accorde le repos éternel.
Feu René Claude ainsi que d’autres victimes de notre génération que Dieu leur accorde le repos éternel.

Monsieur Alain Patrick Ndengera dans son témoignage sur le forum DHR (Democracy and Human Rights) a affirmé qu’au moment de l’exécution de son frère, lui-même l’a échappé belle et que ce n’est pas seulement son frère qui fut tué à cette occasion mais aussi plusieurs de leurs voisins qui habitaient à Kacyiru dans les maisons de la Caisse Sociale du Rwanda.

Voici ce que dit Monsieur Ndengera :

“Le 13 mai 1994 au matin, nous venions de terminer notre tour de ronde et nous nous apprêtions à aller dormir quand nous avons vu plusieurs militaires du FPR arrivant en courant pour attaquer le camp de la Gendarmerie de Kacyiru. Celui qui les commandait est lui resté derrière et nous a approché pour nous dire de ne pas bouger. Il a répété qu’’il tirerait sur celui qui bougerait. Froidement, il a commencé à viser la tête de celui qui était le plus près de lui. Quant à moi, la balle est passée en sifflant à côté de ma tête et je suis tombé sur les cadavres. Sur les 12 personnes qui étaient avec moi ce matin, seul le nommé Safari Nyandwi et moi-même avons échappé à la mort. J’étais avec les voisins comme Mohamed Rahamatar, Karangwa, Irénée Kayibanda, Safari Eugène (Kisekedi), Claude (mon petit frère)Kagina et d’autres. Heureusement que plusieurs venaient de rentrer autrement il y aurait eu beaucoup plus de vicitimes. Parmi ceux qui venaient de rentrer je citerais : l’Ambassadeur Bizimana Jean Pierre, Procureur Mutashya, Ngenzi, Pierre Ntivunwa et d’autres…En bre,f lors de cette ronde nous étions hutu et tutsi mélangés. Le militaire du FPR qui a tiré sur nous ne pouvait pas nous confondre avec les Interahamwa car nous n’étions pas armés, nous n’étions pas en uniforme et nous n’avions pas de cartes sur nous pouvant indiquer que nous étions des Interahamwe. Bref, les militaires du FPR tuaient indistinctement toute personne qu’ils croisaient. Je pense que c’est dans de pareilles conditions que Janvier Nduhungirehe, le petit frère de l’ambassadeur Olivier Nduhungirehe) a lui aussi trouvé la mort. Je dirais que plusieurs personnes ont été tuées de cette façon là. »

Feu Janvier NDUHUNGIREHE est la preuve que Dieu, en appelant, commence par les saints d’esprit.
Feu Janvier NDUHUNGIREHE est la preuve que Dieu, en appelant, commence par les saints d’esprit.

Revenons sur le cas du petit frère de l’Ambassadeur Olivier Nduhungirehe, feu Janvier Jean Cyriaque Nduhungirehe, tué à l’âge de 17ans le 15 mai 1994 par un militaire du FPR qui l’a abattu à l’entrée de la résidence familiale à Kicukiro. Il a quitté la position où il se trouvait pour retourner à la maison car il entendait le crépitement des armes à feu, mais sans savoir exactement d’où provenaient les tirs et où ils étaient dirigés. Malheureusement quand Janvier a couru sur une distance de 50 mètres qui le séparaient de chez lui, il ne savait pas qu’il allait dans la direction d’où provenaient les tirs. Juste après avoir sonné , sa mère s’est empressée d’aller ouvrir le portail d’entrée car elle savait que c’était son fils qui fuyait les tirs qui étaient entendus dans les environs. C’est à l’intérieur de la propriété qu’elle entendu un militaire du FPR dire à un autre : « Gatabazi, tue-le ! ». C’est d’ailleurs ainsi que l’identité de celui qui l’a tué est connue car il lui a tiré deux balles, l’une à l’aisselle et l’autre à la tempe. Comme ces militaires ont perçu les bruits de personnes circulant dans la propriété, ils y ont jeté une grenade qui n’a touché personne mais qui a endommagé le toit de la maison des Nduhungirehe. La mère s’est jetée au sol à l’explosion de la grenade et c’est comme ça qu’à travers le portail elle a vu son fils cadet gisant par terre déjà mort. Janvier a été enterré dans le jardin de la résidence familiale.

Pour conclure, l’on peut s’interroger: Si l’Ambassadeur Nduhungirehe et Monsieur Alain Patrick Ndengera peuvent honorer la mémoire de leurs frères eux aussi tués par le FPR sans qu’ils soient inquiétés ou être accusés de véhiculer l’idéologie du génocide ou de négationnisme, pourquoi au Rwanda-même beaucoup de personnes continuent d’être arrêtées et emprisonnées pour simplement avoir dit que les hutu aussi ont été tués , ou quand ils veulent se souvenir des leurs tués sur les places des marchés ou lors des réunions convoquées par les autorités du FPR ?

Devons-nous nous convaincre que ces deux Intore du FPR auraient reçu l’autorisation spéciale de se souvenir de leurs frères mais que les proches des autres hutu tués par le FPR ne peuvent pas l’obtenir? Et s’ils vivaient au Rwanda, ces deux hommes oseraient-ils publiquement le manifester comme ils l’ont fait ?

Le plus étonnant est de constater le zèle qu’a mis l’Ambassadeur Olivier Nduhungirehe pour lutter contre les Rwandais qui vivent en Belgique et qui voulaient commémorer la mémoire des leurs et d’autres Rwandais tués pendant cette période. L’on se demande alors si l’Ambassadeur Olivier Nduhungirehe n’est pas déjà atteint par cette maladie qui ronge certains Rwandais et qui consiste à penser que les hutu n’ont pas le droit de commémorer la mémoire de leurs morts mais qu’ils doivent accepter sans broncher de ne se souvenir que des victimes tutsi.

Marc Matabaro

Article publié en kinyarwanda sur site The Rwandan et traduit en français par la rédaction de www.twagiramungu.com. Lire l’article en Kinyarwanda