La SADC opposée au déploiement de troupes rwandaises au Mozambique

Les dirigeants de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC) ont exprimé leur malaise face à la suggestion de déployer des troupes rwandaises au Mozambique.

En effet, lors du sommet de la Troïka de jeudi la semaine dernière au Mozambique, les collègues du président Filipe Jacinto Nyusi ont repoussé l’idée de faire participer le Rwanda aux sommets de la SADC en vue du déploiement prévu des troupes.

Le Mozambique lutte contre l’insurrection islamiste dans la région du nord, riche en minéraux et en pétrole. Plus de 2 800 personnes ont été tuées et des milliers ont été chassées de leurs maisons et villages.

Depuis l’année dernière, la SADC travaille sur un plan de déploiement de troupes régionales pour mettre fin à l’insurrection.

Cependant, il s’est imposé à la fin du mois d’avril à la suite de la visite impromptue du dirigeant mozambicain Nyusi au Rwanda pour rencontrer Paul Kagame du Rwanda, que des troupes rwandaises pourraient y être déployées.

Le Rwanda a en effet conclu un accord bilatéral avec le Mozambique qui incluait des troupes rwandaises sur le terrain.

Le sommet de la SADC de jeudi a été suivi par Nyusi du Mozambique hôte, le président du Malawi, le Dr Lazarus McCarthy Chakwera, le président du Botswana, le Dr Mokgweetsi Eric Keabetswe Masisi, le président de l’Afrique du Sud Cyril Ramaphosa, le président du Zimbabwe, le Dr Emmerson Mnangagwa, et le président du Zimbabwe, le Dr Emmerson Mnangagwa et le Zanzibar, Hussein Ali Mwinyi.

Alors que le sommet était en préparation des semaines auparavant, Nyusa du Mozambique avait proposé que le Rwanda soit autorisé à y assister, idée qui a été rejetée.

La défense du déploiement des troupes rwandaises était qu’il a de l’expérience dans la lutte contre les insurrections notamment la stabilisation en cours en la République centrafricaine (RCA).

À l’intérieur des portes closes du sommet, les homologues du Président Nyusi lui auraient dit que si le Rwanda voulait aider le Mozambique, il devait passer par les structures de la SADC.

Alors que le Rwanda a exprimé sa volonté de se rendre au Mozambique, d’autres acteurs mondiaux lorgnent également sur la région; Portugal, États-Unis et France.

Avant que le président français Emmanuel Macron ne vienne au Rwanda la semaine dernière, Kagame était à Paris pour un autre événement distinct sur l’Afrique. Kagame a rencontré Macron à Paris, ainsi que le Sud-Africain Ramaphosa

Il apparaît que le président mozambicain Nyusi, qui était également à Paris, a rencontré le président français Emmanuel Macron, tandis que son ministre de la Défense Jaime Neto s’est rendu à Lisbonne pour rencontrer son homologue portugais Joao Cravinho.

La semaine dernière, avant le sommet de la SADC, le ministre sud-africain des Relations internationales et de la Coopération, Naledi Pandor, a annoncé que tout pays souhaitant s’impliquer au Mozambique devait passer par la SADC.

« Lors de la réunion du G7, j’ai eu l’occasion de rencontrer la France, l’UE et le secrétaire d’État des États-Unis et je leur ai clairement indiqué que notre point de vue est que la SADC se réserve le droit exclusif  de diriger toute initiative  à ce sujet », a déclaré Pandor lors d’un entretien avec News24.

« Il semble y avoir eu un accord, mais je vois que certains pays ont déjà conclu des accords bilatéraux avec le Mozambique, mais notre point de vue est que la SADC devrait être le chef de file.

Elle a ajouté : « Ce qui est chanceux, c’est que tous les pays qui ont eu des pourparlers avec Mozambique ont également eu des contacts  avec  l’Afrique du Sud. Nous avons donc pu nous entretenir avec le Portugal, nous pensons travailler de concert plutôt que de nous retrouver à trébucher les uns contre les autres si des troupes de la SADC arrivent ».

La SADC prévoit de mobiliser une force en attente d’au moins 3 000 soldats lorsqu’ils seront déployés au Mozambique.

En outre, un rapport divulgué de  la Mission d’Evaluation Technique de la Double Troïka plus Angola de la SADC  a proposé un déploiement de près de 150 forces spéciales, qui « mèneront des opérations ciblées » et sécuriseront la côte du canal mozambicain.

Le rapport de la SADC divulgué appelait également faisait appel à des équipements, dont six hélicoptères, quatre avions de transport, deux de surveillance maritime et deux drones.

L’Afrique du Sud devra peut-être redéployer des troupes de l’est de la République démocratique du Congo, mais les troupes de l’Angola et du Zimbabwe pourraient être plus tôt prêtes à rejoindre la force.

Reste maintenant à savoir si le Rwanda acceptera d’envoyer ses troupes, si tant est qu’elles soient autorisées, à être commandées par la SADC. Pourtant, le Rwanda n’est pas membre du bloc. L’Afrique du Sud, le Malawi et la Tanzanie ont des troupes juste à côté de la frontière rwandaise en RDC dans le cadre de la brigade d’intervention de la force de l’ONU qui a aidé à mettre fin à la force rebelle M23 qui était accusée d’être soutenue par le Rwanda même s’ il a nié toute implication.

Les membres de la SADC comprennent 16 États membres : Angola, Botswana, Comores, République démocratique du Congo, Eswatini, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Seychelles, Afrique du Sud, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.

Le Burundi a déposé sa candidature et cette candidature est soutenue par la Tanzanie, un membre clé de la SADC.