Par The Rwandan Analyst
Jay Polly Rwanda, musicien en garde à vue depuis avril, est décédé subitement jeudi matin. La mort du rappeur rwandais populaire survient à 4h30 du matin, selon un communiqué officiel du Service des Prisons du Rwanda. Jay Polly de son vrai nom Joshua Tuyishime est décédé à l’âge de 33 ans. Officiellement, il est décédé d’avoir consommé des boissons toxiques qui contiennent beaucoup de méthanol selon la version du RCS et les résultats d’autopsie des laboratoires médicaux. En revanche, ses amis musiciens dont un certain Bulldog et des membres de sa famille rejettent cette version et soutiennent la thèse de l’assassinat.
La mort du très populaire rappeur Joshua Tuyishime alias Jay Polly a suscité diverses réactions de la part du public rwandais.
Cause officielle du décès
Les autorités du service des prisons disent que Jay Polly est mort après avoir consommé une boisson toxique que lui et deux autres détenus avaient préparée. Les autorités judiciaires avaient arrêté un artiste pour son domicile il y a quatre mois – avril 2021 – alors qu’il organise une fête en enfreignant la réglementation Covid 19.
Le Service Rwandais des prisons a déclaré que le rappeur avait développé des problèmes de santé et avait été admis à l’hôpital mercredi soir et q’il est mort des heures plus tard.
Le Bureau d’enquête du Rwanda et le Laboratoire médico-légal du Rwanda mènent des enquêtes supplémentaires pour établir la cause réelle de la mort.
Pourquoi Jay Polly va en prison
Ils ont arrêté l’artiste hip hop en avril, avec 11 autres personnes chez lui dans une banlieue de Kigali où il était accusé de se rassembler illégalement en violant les règles de distanciation sociale. Les autorités accusent Jay Polly de possession illégale de marijuana et était en détention provisoire attendant une nouvelle date de fixation du procès au fond.
Un autre musicien rwandais, Kizito Mihigo, est décédé en garde à vue au début de l’année dernière. Ils avaient déclaré qu’ils saluaient cet artiste gospel comme un grand talent national, mais plus tard il sera accusé d’être un traître.
La mort de Jay Polly : la famille réagit
Son frère, Maurice Uwera, a déclaré que le Service Correctionnel du Rwanda l’avait informé de sa mort, mais ils n’ont pas donné plus de détails.
Sa petite amie Kessy Kayonga, qui était en voyage à Nairobi, la capitale du Kenya, dit qu’elle a « un projet de vie » avec la star. Elle dit à la BBC
« Tous ceux qui ont rencontré ou vécu avec Jay Polly se souviennent de son amour, de sa gentillesse et de la façon dont il souriait toujours », a-t-elle ajouté.
Mort de Jay Polly : réaction des fans
De nombreux fans de musique rwandaise qui ont côtoyé Jay Polly pendant plus d’une décennie de célébrité se tournent vers les médias sociaux pour pleurer cette star
Analyse : la véritable cause du décès
L’arrestation de Jay Polly a été organisée par le Rwanda Investigations Bureau et le crime pour lequel il était poursuivi a été inventé et cet organe a utilisé un enquêteur pour le simuler. En effet, parmi les invités qui s’étaient réunis à la maison de Jay Polly se cachait un certain Kaboko qui est en réalité un membre du personnel du RIB ; c’est lui qui a apporté des boules de marijuana et les a mises en lieu sûr pour qu’il puisse les reprendre comme pièces à conviction et c’est lui-même qui a indiqué où se trouvaient ces drogues. Les enquêteurs ne l’ont pas arrêté ou du moins ne l’ont même pas interrogé en tant que témoin car ils étaient déjà au courant du piège.
Par ailleurs, avant sa mort, les services correctionnels rwandais de Nyarugenge ont déclaré que Jay Polly avait été malade tandis que son frère Uwera Maurice, journaliste à la Rwanda Broadcasting Agency (RBA) racontait qu’il avait échangé avec lui la veille et qu’il était en parfaite santé. Pire, avant la publication officielle des résultats de l’autopsie, ces autorités du RCS avaient déjà dévoilé la cause du décès du rappeur ce qui normalement fausse l’enquête car les laborantins n’oseraient pas livrer d’autres résultats que ceux suggérés par les autorités pénitentiaires.
De plus, en plus d’être membre du KMPF, ses chansons récentes dénonçaient les injustices infligées aux citoyens rwandais et même dans la prison il se plaignait contre le régime de Kigali alors que comme nous le savons tous parmi les détenus se cachaient des agents de renseignement qui sont insérés pour obtenir des informations et les signaler.
Cette pratique malveillante consistant à imputer faussement les faits criminels à quelqu’un est très fréquente au Rwanda. Ainsi, des agents de renseignements engagent des discussions amicales avec des personnes qu’ils entendent dénoncer en raison de leur position politique vis-à-vis du régime et tentent de parler comme des opposants équipés d’enregistreurs cachés épiant l’ interlocuteur en quelque sorte piégé; puis lorsqu’il n’est pas inquiété par rien, il commence à dévoiler ses opinions politiques, il est secrètement enregistré et ses opinions et commentaires sont transmis au bureau le plus proche du Rwanda Investigations Bureau et finalement il est arrêté. Dans les locaux pénitentiaires, il y a beaucoup de détenus qui ont été arrêtés, poursuivis et condamnés en raison de données ou d’enregistrements ainsi obtenus et les agents de police qui les ont recueillis sont présentement enquêteurs qui se présentent pour les confondre.
En un mot, Joshua Tuyishime a été assassiné par le régime de Kigali de la même manière qu’ont été tués le Dr Kasakure, Me Mutunzi Donat, Kizito Mihigo ; Alfred Nsengiyumva ancien secrétaire exécutif du secteur Cyuve dans le district de Musanze, Rwigara Assinapol, le père Dominique Karekezi ; les employés d’hôtel de Byumba accusés d’avoir servi un poulet empoisonné à un officier des RDF, la liste n’est pas exhaustive.
Conclusion
Des personnes disparaissent quotidiennement alors qu’elles sont entre les mains des institutions judiciaires dans une parfaite impunité car ceux qui les assassinent sont ceux-là mêmes qui rapportent la cause falsifiée du décès. Un opposant politique arrêté et poursuivi peut difficilement être acquitté car les juges ne sont plus indépendants et le régime dicte ce qu’ils doivent décider et les sanctions à lui infliger. Dans une telle impasse et ambiguïté, les gens ne trouvent aucune issue pour s’échapper et la dernière solution reste de fuir le pays dont les prisons-mourroirs continuent de lyncher de nombreux citoyens.