Les Pays Bas sont parmi les premiers fournisseurs de prisonniers politiques au régime dictatorial de Paul Kagame. Décryptage.

Constat

Le Royaume des Pays Bas est le pays d’Europe qui vient de livrer au régime dictatorial du FPR de Paul Kagame le plus grand nombre d’opposants à son régime qui avaient trouvé asile dans ce pays. En effet, pas moins de TROIS personnes ont été jusqu’aujourd’hui livrées, mains et pieds liés, à Kigali sur simple claquement de doigts du gouvernement rwandais sous prétexte d’’’avoir trempé dans le genocide de 1994’’.

A ceux-là, il faudrait ajouter le cas de la femme politique Victoire Ingabire retournée au Rwanda en 2010 en vue de se présenter aux élections présidentielles alors prévues cette année. Le dictateur Kagame l’a jetée en prison quelques mois seulement après avoir foulé le sol rwandais. Pour étayer et prouver les accusations mensongères et grotesques comme quoi elle aurait fait partie des groupes armées terroristes, c’est la Police des Pays Bas, de concert avec celle de Kagame dépêchée pour la circonstance, qui a perquisitionné chez elle et a présenté ses communications purement privées ou des bordereaux d’envoi de modiques sommes d’argent qu’elle aurait envoyées aux réfugiés démunis et abandonnés en RDC. Ces éléments ont été ramenés au Rwanda et présentés comme preuves de financement de groupes terroristes. Elle fut condamnée à 15 ans de prison à la satisfaction des Pays Bas, pays où elle était arrivée bien avant 1994 et qu’elle considérait comme sa seconde patrie.

A ces cas, il faut ajouter une dizaine de cas encore pendants dans ce pays et qui, d’un moment à l’autre, peuvent être livrés à Kagame.

Contrairement à certains autres pays de l’Union Européenne accueillant beaucoup plus d’exilés rwandais que lui, le Royaume des Pays Bas a donc opté pour la livraison des opposants politiques à Kagame en excluant leur jugement sur place pour les crimes présumés. En effet, des pays comme la Belgique ou la France n’ont extradé personne parmi les exilés hutu accusés par Kagame. Mais par contre, ces pays ont jugé plus d’une vingtaine de ces hutu par leurs juridictions. Tandis que les Pays Bas, après une expérience de 2 jugements il y a 10 ans, refusent désormais de juger eux-mêmes ‘‘les présumés génocidaires’’ se trouvant sur leur territoire et préfèrent les envoyer systématiquement à la mort à Kigali. Tout comme c’est le seul pays de l’Union Européenne, et surtout du Benelux, qui retire la nationalité à celui à qui il l’avait accordée après une longue procédure, dès qu’il est simplement mis en examen ou réclamé par le régime de Kagame, avant même qu’il ne soit jugé et surtout si celui-ci est d’origine hutu rwandais.

Pour essayer de comprendre le paradoxe des Pays Bas par rapport aux autres pays de l’Union Européenne intéressés dans le conflit de la région des Grands Lacs, il faut d’abord noter la nature de la politique étrangère des Pays Bas, jadis un des grands pays colonialistes, mais relégué au rang de puissance négligeable après l’ère coloniale.

Nature de la politique étrangère des Pays Bas

N’étant plus une puissance coloniale comme au XVIIIè-XIXè siècle, et encore moins une puissance militaire du XXe siècle dans lequel les puissances qui comptent sont celles détenant la bombe nucléaire, les Pays Bas ont une astuce pour essayer de rester dans la course et influencer quelque peu la marche du monde : ils s’investissent, là où c’est possible, dans des actions humanitaires à travers les Organisations Non Gouvernementales (ONG).

C’est ainsi que les principales ONG dites humanitaires en première ligne dans les régions en crise, sont très souvent noyautées par leurs sections des Pays Bas et servent, de cette façon, doublement les Pays Bas. Comme elles ont accès à tout, elles rapportent de précieux renseignements auxquels les services d’espionnage classiques ne pourraient peut-être pas avoir accès. En plus, sous leur couverture d’humanitaire et donc “neutre”, elles peuvent influencer un camp ou un autre dans leur décision. Tout comme leurs rapports et appréciations influencent grandement les décisions politiques des autorités des Pays Bas et leur position sur un point déterminé.

Cette stratégie diplomatique des Pays Bas fut une aubaine pour le FPR de Kagame qui venait de conquérir militairement le Rwanda en juillet 1994. En effet, entre autres initiatives, soi-disant pour la reconstruction du Rwanda, les Pays Bas se sont engagés, à travers ses ONG, à aider à remettre sur pied le système judiciaire. Ce pays s’engagait à former les enquêteurs, les magistrats du Ministère Public, de leur inculquer les procédures applicables et ayant le standard de la Justice Internationale.

Conséquences

Les conséquences de cette démarche des Pays Bas au Rwanda se sont vite manifestées et sont actuellement et continuellement mises au grand jour dans les médias.

D’abord le gouvernement des Pays Bas ne peut jamais émettre aucune critique sur le système judiciaire du Rwanda. Bien plus, il ne peut point écouter ceux qui l’émettent. Ceci se comprend bien dans la mesure où ce sont les mêmes Pays Bas qui ont mis sur pied ce système judiciare inique. Ensuite et comme conséquence logique de cette situation de fait, le même gouvernement des Pays Bas ne peut trouver aucun argument à opposer à une quelconque demande d’extradition provenant des instances judiciaires du Rwanda que les Pays Bas ont eux-mêmes contribué à leur mise en place et dont ils se portent garants.

Dans la pratique, les enquêteurs et magistrats hollandais envoyés au Rwanda dans “Commissions rogatoires” ne vont que visiter leurs anciens élèves du Parquet et de la Police de Kigali. Ensuite ils ne font qu’enregistrer des histoires fabriquées par leurs anciens élèves pour les présenter comme des “résultats des enquêtes sur le terrain”. Enfin, ils font du tourisme pendant lequel on leur présente de pauvres citoyens payés ou terrorisés pour se faire passer pour des témoins à charge contre des personnes que le régime de Kigali voudraient se faire remettre par les Pays Bas.

De plus, sur le plan interne, le système judiciaire des Pays Bas, comme sa classe politique, se sentent soulagés car n’étant pas contraints d’organiser des procès relatifs au conflit rwandais. Ces procès sont très couteux et souvent réduits en des mascarades avec le défilé de faux témoins. Bien plus l’opinion publique interne, donc l’impact sur l’électorat pour les politiciens, serait insignifiant car la majorité de la population hollandaise ignore même jusqu’où se situe le Rwanda sur la carte d’Afrique.

Mais celui qui gagne le plus dans ce cynique marché reste le régime dictatorial de Paul Kagame du Rwanda. En effet, cette situation lui permet d’intervenir dans les instances policières et judiciaires des Pays Bas comme en territoire conquis. Mais surtout, ceci lui permet d’intimider tout opposant réel ou supposé à son régime ayant trouvé asile dans ce pays. La menace d’extradition vers Kigali reste comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de chaque exilé rwandais vivant aux Pays Bas.

Comment parer à cette menace permanente ?

Comme citoyens des Pays Bas

Comme chaque ressortissant rwandais vivant ou ayant acquis la nationalité hollandaise est dans le collimateur du régime de Kagame s’il ose le critiquer, chacun devrait en être préoccupé. Plus concrètement, chacun devrait chercher à contacter les élus de la Nation dans sa circonscription, que ce soit au niveau local ou national. Il lui exposerait alors la problématique en soulignant le fait que cette situation risque de discréditer la Justice des Pays Bas prise en otage par un des dictateurs les plus féroces des temps modernes qu’est Paul Kagame. Cette démarche n’est pas à sous-estimer car les Pays Bas restent quand même une démocratie où la voix de chaque citoyen compte, et tout élu en est conscient.

Comme Organisations de Défense des Droits de l’Homme

Intégrer cette situation alarmante de la Justice des Pays Bas par rapport au régime dictatorial de Kagame qui l’a prise en otage dans tous les rapports adressés aux instances habituellement informées quand des alertes contre les violations des Droits de l’Homme sont lancées.

Comme organisations politiques de l’opposition en exil

Dénoncer clairement et régulièrement l’instrumentation du “génocide” par la dictature du FPR de Paul Kagame en l’illustrant par le cas des Pays Bas. Après tout, c’est quand une personnalité ayant trouvé asile aux Pays Bas commence à apparraître comme active dans une organisation politique critiquant ou opposée au FPR. que le régime de Kigali met la Police des Pays Bas à ses trousses dans l’ultime but de l’extrader vers le Rwanda.

Comme medias

Se fixer entre autres comme objectifs d’informer l’opinion rwandaise et des grandes puissances des méfaits de la dictature du FPR de Kagame, d’interpeller l’opinion publique des Pays Bas sur les effets pervers du copinage entre leur Police et leur Magistrature debout avec les services d’une des dictatures les moins recommandables du Monde. Les preuves et les illustrations ne manquent pas. Quand l’opinion publique hollandaise exprimera de temps en temps son incompréhension face à la compromission de leurs instances administratives avec celles du régime dictatorial de Kagame, alors les politiques réagiront et les exécutants baisseront de zèle dans l’exécution des sollicitations du régime rwandais incarné par Paul Kagame.

Emmanuel Neretse
28/7/2021